Actualités :: Mandat présidentiel de Georges Bush : Le Burkina a su tirer profit de (...)

Indexé par l’Organisation des Nations unies (ONU) et les Etats-Unis, le Burkina est en passe de devenir un allier sûr de Washington dans la sous-région grâceà la confiance que lui a accordée le gouvernement de George Bush.

La communauté internationale ne manque pas de raisons de se plaindre des décisions unilatérales et belliqueuses de Bush qui enfile désormais son manteau du tout nouveau ex-président américain. Mais le Burkina Faso peut se permettre d’apporter un point positif dans le bilan des huit ans du « cow-boy texan », tout de noir peint, tout en gardant de nouveaux espoirs avec l’arrivée de Barack Obama aux commandes. George Bush a été utile au Burkina.

« Avant l’avènement de George Bush, la coopération avec les Etats-Unis n’avait rien de particulier. Elle se limitait aux simples échanges au sein du système des Nations unies à quelques relations de routine comme les échanges de délégation et à la présence du Corps de la paix dans notre pays », résume Oubida François, ministre conseiller à la Mission permanente du Burkina auprès des Nations unies de 2000 à 2007 et actuel directeur général de la Coopération bilatérale.

L’acquis le plus important pour le Burkina, avec l’administration Bush, est la confiance retrouvée avec la plus puissante armée du monde. Fini le temps où l’Amérique menaçait de rayer le Burkina Faso de la carte du monde.

En 2007, des soldats américains blessés dans la zone sahélo-saharienne ont été admis à l’hôpital Yalgado de Ouagadougou. Les Burkinabè étaient les premiers surpris. Mais plus encore, l’illustration de cette confiance est sans conteste la visite « historique » de Blaise Compaoré à Washington.
Cadeau personnel pour l’hôte de la Maison-Blanche, Bush élève le président du Faso à la dignité de « constructeur de la paix en Afrique et dans le monde » et le sollicite de contribuer au retour de la paix au Soudan et à la décrispation de la situation au Zimbabwe.

Les fruits de la« bonne foi » du Burkina Faso

Dans la foulée, le gouvernement burkinabè signe une convention de 204 milliards de francs CFA qui serviront à financer divers projets dans les secteurs sociaux, tout comme dans les secteurs productifs. La logique américaine du « trade not aid » a vécu. Car, le 30 septembre 2008 à Washington, le Burkina signait un accord de coopération portant sur un programme de développement économique et social , financé par la Fondation pour le développement en Afrique (ADF), une agence publique du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique.

La rencontre entre George Bush et Blaise Compaoré à Washington ne doit pas occulter les autres acquis de la coopération américano-burkinabè. En 2004, le Burkina Faso a été retenu pour bénéficier des avantages de l’African growth and opporunity act (AGOA). En marge du sixième forum annuel de l’AGOA à Accra, en juillet 2007, le Burkina et les Etats-Unis conviennent de deux subventions de près 500 mille dollars US.
La première subvention est accordée à la Société burkinabé des fruits et légumes (SOBFEL) et la deuxième destinée à l’amélioration des régimes de normalisation et de conformité des produits autres que le coton-fibre.
L’ambassade des Etats-Unis au Burkina Faso s’est, quant à elle, investie de manière remarquable dans l’organisation de l’élection présidentielle de 2005. La Commission électorale en a bénéficié. Sur le plan social, la validité des visas américains pour les Burkinabè est passée de 12 mois à 5 ans, depuis mars 2007.

On n’oubliera pas non plus le nombre de plus en plus important de volontaires du Corps de la paix depuis 2000. Que dire des 200 Burkinabè qui ont été gratuitement opérés l’an passé de la cataracte par des spécialistes américains encadrés par l’armée américaine.
Du côté du ministère des Affaires étrangères, on remarque en effet que l’ambassade des Etats-Unis s’est montrée « beaucoup plus disponible » à accompagner certaines associations de jeunesse dans la promotion de la culture démocratique et du civisme, si cher au gouvernement actuel.

Par ailleurs, la Fondation Bill et Melinda Gates a accepté de financer la production du nouveau vaccin contre la méningite, censé éliminer la forme épidémique la plus courante de cette maladie. Une ONG américaine est aussi associée dès le départ au projet d’élaboration du vaccin.
Sous l’ère Bush, on retiendra aussi que le Burkina a été élu au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Le hasard n’existe pas « quand on sait l’influence américaine au sein de cette institution », selon l’analyse de M. Oubida qui indique que l’acceptation de la candidature du Burkina à ce poste a marqué un autre tournant dans les relations entre le Burkina et les Etats-Unis.

L’armée a aussi bénéficié de la normalisation de la coopération : 30 ratels fournis par les Etats -Unis aux soldats burkinabè, dans le cadre des opérations de maintien de la paix au Darfour ; 750 militaires formés dans le cadre du programme ACOTA (African contingency operations training assistance). Les soldats burkinabè ont également été associés à l’exercice « Flintlock » de formation 2008 des armées sahélo-sahariennes, pour contrer le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. Un laboratoire de langue anglaise a même été mis à la disposition du ministère de la Défense.

D’autres partenariats sont en projet. De bonnes sources, des concertations sont en cours pour l’inscription du Burkina Faso dans le programme trans-saharien de lutte contre le terrorisme.
« Si nos relations avec les Etats-Unis ne datent pas de l’ère Bush, elles ont connu un dynamisme particulier, et cela dans plusieurs domaines », a confié le directeur général des Relations bilatérales du Burkina.

De relations tendues, Ouagadougou et Washington sont passés à des relations normalisées, puis dynamiques et mêmes excellentes. La bonne foi du Burkina, mais surtout la santé de son processus démocratique et son succès dans la médiation des crises ne sont pas étrangers à ce revirement de situation. « Ce qui a convaincu les Etats-Unis que le Burkina Faso, loin d’être un trouble-fête, était plutôt un partenaire sur qui on pouvait compter », insiste le diplomate François Oubida.

L’ambassadeur du Burkina aux Etats-Unis, Ernest Paramanga Yonli soutient pour sa part que « les Etats-Unis reconnaissent au président Compaoré sa capacité à apporter des solutions aux problèmes qui se posent dans l’ensemble des pays africains ».

Bush a beaucoup fait, vive Obama !

Le Burkina et les Etats-Unis ont tous foi au développement en tant que facteur d’une paix durable. De plus, leurs points de vue se rapprochent sur certaines questions internationales, comme la reconnaissance du Kossovo, les dossiers du nucléaire, du terrorisme… « Nos esprits se dirigent vers les mêmes objectifs », avait laissé entendre Blaise Compaoré après sa rencontre avec George Bush.

Tout se passe comme si Bush avait écouté le président du Faso lorsqu’au sommet Afrique-Afrique de Bamako en 2005, il a lancé : « Le monde a intérêt à écouter l’Afrique parce qu’elle a beaucoup à apporter ». Le dernier passage de Bush en Afrique est placé sous le signe de la lutte contre le Sida et le paludisme, les deux grands maux qui ravagent le continent.

Mais tout n’est pas rose entre Ouagadougou et Washington précisément sur la question du coton. En 2003, alors qu’il défendait le coton africain, le président du Faso avait fait remarquer que les subventions des pays du Nord étaient non seulement en contradiction avec les règles du commerce international, mais nuisaient énormément aux efforts de développement. Il a demandé par conséquent aux « partenaires du Nord » d’être « plus cohérents » avec les règles du libéralisme dont ils sont les chantres.
Les attentes du pays des Hommes intègres vis-à-vis du nouveau locataire de la Maison-Blanche portent sur l’or blanc. Accablé par la crise financière avant même de prendre fonction, que peut bien faire Obama pour le Burkina si ce n’est supprimer dans un bref délai les subventions accordées aux fermiers américains, loin d’être pauvres.

« Sur la question des politiques agricoles (...) peut-être que l’arrivée de Barack Obama permettra de débloquer cette question », espère-t-on du côté de la diplomatie burkinabè. Avec Obama, les perspectives sont bonnes, mais les espoirs se doivent d’être réalistes et par conséquent modérés, compte tenu du contexte.

C’est ce qui ressort de la direction générale de la coopération bilatérale. Elle estime que le fait que Barack Obama soit un démocrate, constitue une « nouvelle donne » qui ne va pas remettre en cause les acquis mais qui mérite qu’on attende des mois, voire des années, afin de voir comment « exploiter éventuellement » cette donne dans le sens du renforcement de notre coopération bilatérale et multilatérale à travers le système des Nations unies.

Si le monde entier salue l’élection de Barack Obama, l’incarnation de l’espoir pour un monde empêtré dans les mailles du libéralisme altier et incontrôlé, il n’en demeure pas moins que celui qui a enflammé le monde a aussi posé des actes positifs qu’il faut reconnaître avant de demander plus à son successeur. C’est aussi cela l’intégrité. Les Burkinabè peuvent à la fois dire merci à Bush et vive Obama, en rêvant que celui-ci visite un jour Ouagadougou, ce qu’aucun président américain n’a encore fait.

Aimé Mouor KAMBIRE (aimekambire@yahoo.fr

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