Actualités :: Affairisme dans les établissements hospitaliers publics : Quand l’éthique (...)

Il existe un affairisme d’un genre nouveau, très dangereux, que l’on rencontre dans les formations sanitaires du Burkina. Il a pour nom vol des médicaments et consommables divers qui étaient destinés au plus grand nombre, prioritairement pour leur urgente prise en charge. Le phénomène est devenu si courant qu’il semble que les autorités compétentes ont baissé les bras. Il semble n’émouvoir plus personne. Cependant, il devrait préoccuper les responsables à tous les niveaux du secteur de la santé.

Tantôt ce sont des infirmiers, des personnes travaillant ou évoluant à l’intérieur des hôpitaux, que ceux-ci soient nationaux (CHU) ou régionaux (CHR), des centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA) ou tout simplement les centres de santé et de promotion sociale (CSPS). De gros rats s’y cachent et dérobent les produits pharmaceutiques payés par les malades, s’ils ne les prélèvent pas dans des stocks constitués par les hôpitaux. On y vole des médicaments ou d’autres produits qui devaient permettre de soigner et de soulager les malades.

A des indigents dont l’Etat a décidé de prendre les soins et les frais d’hospitalisation à sa charge, des individus mal intentionnés, en quête du gain facile, imposent des ordonnances et des produits qu’ils détiennent par-devers eux, fruits de larcins divers pris soit `chez des malades plus fortunés, soit sur des stocks laissés par des malades. Il est courant que ces personnes proposent à des malades des kits qui ne devraient être vendus que par des structures appropriées et officiellement localisées. Il ne se passe pas de semaine sans qu’une affaire d’agent indélicat qui a détourné et vendu à son seul profit les médicaments ou des consommables destinés aux patients de sa formation sanitaire ne soit relatée dans les colonnes des journaux. L’affaire la plus médiatisée a été cette affaire de vente de médicaments découverte au Centre hospitalier national Yalgado Ouédraogo.

Une bande de maffieux, composée de personnes ayant des niveaux différents, se livrait à un des trafics les plus juteux qui soit. Un trafic qui a causé un grand préjudice à l’ensemble de la population. La bande volait et détournait des médicaments et des consommables dans les stocks que l’hôpital acquérait auprès de la CAMEG. Il les écoulait par la suite. Le vol ou le détournement de médicaments est un vieux problème. Mais il faut avouer que le phénomène prend aujourd’hui des proportions inquiétantes et, si l’on n’y prend garde, il risque de plomber davantage un système de soin déjà agonisant. Il peut à la longue transformer les hôpitaux en véritables mouroirs que seul celui qui ne peut faire autrement parce qu’il ne sait où aller, va fréquenter.

Cependant l’État a beaucoup investi dans la construction, le fonctionnement, et l’entretien de ses hôpitaux, CMA et CSPS. Il y a affecté un personnel compétent, le même qu’on rencontre dans les cliniques privées. Alors, qu’est-ce qui explique cette déchéance morale, professionnelle, éthique et enfin matérielle de certains agents ? On dit couramment que la chèvre broute là où on l’a attachée. Appliquée au secteur de la santé qui, il faut le dire, est un secteur extrêmement sensible, cet adage ne peut que provoquer des catastrophes. Le personnel subalterne voit des médecins déserter leurs bureaux pour aller exercer dans des cliniques privées. Donc, pour ne pas être en reste, ils se livrent à l’affairisme. Le Burkina Faso est un pays d’endémies.

Qu’arrivera-t-il si de sinistres individus mettent dans le circuit des produits avariés ou dont les doses sont incorrectes. On dira certainement que nous exagérons, car les personnes qui conduisent les opérations de soins et de traitement pendant les épidémies sont au-dessus de tout soupçon. Mais n’oublions pas qu’il est question de gros sous et quand il s’agit de s’en procurer, des hommes et des femmes ne reculent devant aucun crime, aucune lâcheté. Il est question actuellement de lait chinois contaminé. Ce lait a été vendu en grandes quantités à travers le monde. Le Burkina en a interdit la vente et l’importation. Mais les services compétents peuvent-ils démasquer les commerçants qui vont appliquer d’autres étiquettes sur les emballages contenant ce lait chinois ? Dans les centres de santé, c’est une question de vie et de mort. On ne devrait pas badiner avec toute entorse à l’éthique professionnelle.

La corruption ambiante dans laquelle baigne une grande partie des Burkinabè commande qu’une attention particulière soit portée à la santé, et que des sanctions dissuasives soient prises à l’encontre des voleurs, des détourneurs, et pourquoi pas des auteurs de pratique illicite de la médecine. On ne peut parler du vol des médicaments et de toutes les mauvaises choses qui se passent dans ce secteur sans parler des médicaments de la rue. L’État avait déclaré une guerre à ces pharmacies ambulantes. Mais l’on constate qu’il a baissé les bras. Pourquoi ? Il n’est pas exclu que de gros bonnets se fassent de grosses fortunes avec les médicaments de la rue, Et tant pis pour les ravages qu’ils sèment parmi les populations.

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