- Le doyen Henri Lompo
Fonctionnaire à la retraite, Henri Lompo se souvient du "bon vieux temps" où on célébrait la fête de l’indépendance, à commencer par le 11-Décembre 1960.
Avec sa silhouette imposante, Henri Lompo ne passe pas inaperçu. A 66 ans, il n’hésite pas à prendre son bâton de pèlerin pour défendre les intérêts de la commune de Yamba, dans la région de l’Est dont il est maire. Que ce soit à Fada N’Gourma, Ouagadougou ou d’autres villes, on le retrouve régulièrement aux rencontres avec les partenaires techniques et financiers ainsi qu’aux concertations inter-communes. Ce qui le préoccupe actuellement, c’est la mobilisation pour la réussite de la célébration de la fête de l’Indépendance à Fada N’Gourma le 11 décembre 2008. Il tient d’emblée à préciser : "le 11-Décembre reflète à la fois la proclamation de la République en 1958 et la fête de l’Indépendance en 1960".
L’indépendance a été proclamée le 5 août 1960, en saison pluvieuse, c’est pour cela que "les deux fêtes ont été cumulés pour être célébrées le 11 décembre". Henri Lompo parle aisément de cette période puisqu’il l’a vécue. "Les premières fêtes de l’indépendance ont connu la participation de chefs d’Etat de pays voisins comme le Ghanéen Kwamé N’Krumah, des artistes de grande renommée comme Myriam Makeba, des cinéastes comme Sembène Ousmane et bien d’autres", se souvient-il. Où était-il précisément, le 11 décembre 1960 ? "J’étais en service à l’époque à Bogandé comme agent d’agriculture. Le commandant de cercle, un Européen avait convié tous les fonctionnaires de sa sous-préfecture à assister au défilé des élèves avec les gardes de cercle et le commandant de brigade qui était aussi un Européen", souligne Henri Lompo.
Après le défilé, évoque-t-il avec des yeux rieurs d’enfant, il y avait des jeux de cache-cache, les courses dans des sacs, le mât de cocagne (où était accroché des cadeaux), des canaris à casser qui amusaient beaucoup les gens parce qu’on pouvait y trouver des cadeaux ou des crapeaux. Cependant, il y avait très peu de décorations comparé à l’heure actuelle. Sous la 1re République, les rémunérations des fonctionnaires étaient autour de 18 000 F CFA à 30 000 F CFA. Il fallait être un gros bonnet comme on le dit pour toucher 50 000 F CFA, reconnaît-il avant d’ajouter : "Mais le train de vie n’était pas cher. Par exemple, le sac de mil de 6 double décalitres coûtaient 450 F CFA et comparer aux 15 000 F CFA de l’heure, c’est dire la grande différence entre les deux époques".
La célébration du 11-Décembre était vraiment fastueuse à Bogandé sous la 1re République. La chefferie traditionnelle contribuait à travers divers dons parmi lesquels des bœufs. Toute la communauté festoyait, parfois, durant deux à trois jours, dans certaines familles. Le doyen Henri Lompo pense que la reprise des festivités du 11-Décembre est une très bonne décision pour les générations anciennes et même pour les générations montantes et à venir. "Nos enfants et petits-enfants allaient perdre de vue ces événements importants et fondateurs de notre nation", lance-t-il comme un ouf de soulagement.
Bachirou NANA
Sidwaya
