Actualités :: EBOULEMENT A NIMBOU DANS LE YATENGA : Trois morts, trois blessés

Un éboulement s’est produit le 27 novembre 2008 sur un site d’orpaillage, dans le village de Nimbou, situé à une quinzaine de kilomètres de Thiou, dans la province du Yatenga. Trois orpailleurs y ont perdu la vie et trois autres sont blessés.

Trois orpailleurs morts, trois blessés dont deux grièvement, c’est le bilan d’un éboulement qui s’est produit le jeudi 27 novembre 2008, dans l’après-midi, sur un site d’orpaillage situé dans le village de Nimbou, à une quinzaine de kilomètres de Thiou dans le Yatenga. C’est le lendemain du drame, vendredi 28 novembre 2008 que la nouvelle est parvenue à Ouahigouya sous la forme d’une rumeur. Dès les premières heures de la matinée, ce vendredi 28 novembre 2008, c’était le sujet au centre de toutes les conversations dans la ville. Plusieurs versions ont circulé des plus folles aux moins alarmistes. Pendant que les plus catastrophistes parlaient de dizaines de victimes dont plusieurs morts, les autres faisaient état de nombreux blessés qui auraient été déversés au CHR de Ouahigouya pendant la nuit. Un tour rapide du coté de l’hôpital ne nous situera outre mesure sur la situation.

Face à l’ampleur et à la persistance de la rumeur, nous décidâmes de faire le déplacement de Nimbou. Première escale, la gendarmerie de Thiou. Là, le patron des lieux, l’adjudant- chef Somé nous confirme le drame qui aurait eu lieu de l’autre coté du barrage derrière les collines, la veille aux environs de 15 heures et que ses services seraient allés faire les constats d’usage. Toutefois, il dit ne pas être à mesure de nous fournir un bilan exhaustif, la situation étant toujours confuse, avec notamment des blessés qui se seraient évaporés dans la nature et d’autres décédés en cours d’évacuation. Seule certitude, il y a le constat de deux morts sur le champ qui ont été enterrés sur place. Cette brève entrevue avec le chef des pandores de Thiou terminée, cap sur Nimbou. Après un peu plus d’une demi-heure de péripéties sur une piste à la praticabilité approximative, nous voilà sur le fameux site situé au pied d’une colline, coté nord du village.

La rançon de l’anarchie

Comme cela est de règle sur un site d’orpaillage, c’est un décor ahurissant qu’il est donné de constater. Tous les ingrédients du suicide collectif sont bien en place. Des trous sans fond creusés pêle-mêle sur le flan de la colline, des branchages utilisés pour maintenir les mottes de terre issues de trous voisins, des sacs remplis de terre comme paravent à l’entrée des trous, bref, un scénario à vous donner le tournis, surtout lorsqu’on n’est pas un habitué de ce genre de lieu. On nous apprend qu’il y a à peine 72 heures que le site a été découvert, mais la nouvelle est allée si vite, surtout à cause d’une teneur en métal précieux qui serait importante sur les lieux.

C’est une véritable marée humaine qui grouille sur l’aire du site, en quête de la pépite magique qui devrait changer le cours d’une vie. "C’est ici qu’a eu lieu le drame hier soir", nous fait savoir Idrissa Diallo, un orpailleur trouvé sur place, en indiquant un trou dont l’intérieur a cédé. Deux personnes en sont retirées mortes et enterrées juste à coté, quatre autres en sont sorties blessées, un arrêt de travail a donc été décrété pour le deuil, raconte-t-il. Pour cela, poursuit notre orpailleur de guide circonstanciel, personne ne doit descendre dans un trou, jusqu’à ce que les coutumiers fassent un certain nombre de rites et autorisent une reprise de l’activité. Pendant ce temps, certains semblent brûler d’impatience. Suspendus à l’entrée de leurs trous, ils n’attendent que l’heure de cette reprise pour replonger. D’autres mettent ce temps à profit pour dresser leurs hangars.


"Volonté de Dieu"

Qu’est-ce qui a pu provoquer cet accident en pleine saison sèche ? "C’est la proximité des trous qui est à la base de l’accident ; les orpailleurs ne respectant plus les distances réglementaires prévues entre les trous, répond Adama Ouédraogo, qui se présente comme membre d’un comptoir et chargé de sensibiliser les uns et les autres sur les bonnes pratiques sur le site. Ayant appris qu’il y a beaucoup d’or dans la zone, chacun arrive et force pour insérer son trou alors que l’espace est réduit. En plus, une fois en profondeur, certains essayent de ratisser large en agrandissant leurs trous. Cela donne lieu à des croisements qui affaiblissent le support qui finit par céder », explique-t-il désemparé. Selon lui, il faut absolument suspendre certains trous, sinon d’autres drames plus regrettables sont inévitables.

Trouvé sur les lieu du drame, El hadj Hamidou Diallo, chef des Rimaïbés, (une des deux ethnies majoritaires qui composent le village), s’en remet à Dieu. Selon lui, ce qui est arrivé n’est que la volonté de Dieu. La pauvreté ambiante fait que les gens ne peuvent éviter de s’adonner à ce genre d’activité qui leur permet d’avoir quelques revenus, justifie-t-il, l’air fataliste. Sur le chemin du retour, une autre escale au CSPS de Thiou nous permet d’avoir une idée plus précise des victimes. Selon le major, Eric Paré, il y a eu au total six victimes. En plus des deux morts sur le champ, (Ousmane Nacanabo de Nimbou et Wahab Belem de Baani), un troisième aurait succombé après son évacuation au CHR de Ouahigouya. Il se nommerait Yacouba Zoromé et serait du village de Pétessiro. Quant aux blessés, ils seraient au nombre de trois. L’un, du nom de Boukary Sawadogo, originaire de Baani est interné au CSPS de Thiou et suit des soins intensifs. Il souffrirait d’une profonde déchirure de la région anale jusqu’aux testicules.

Il a bénéficié d’une suture et ses jours seraient hors de danger, selon Eric Paré. Le deuxième, Madi Traoré de Thiou, lui se porterait mieux et serait même rentré chez lui. Quant au troisième, son identité n’est pas encore connue. Il aurait eu une fracture à la jambe et serait allé chez un rebouteur de l’autre coté de la frontière au Mali pour se soigner. De retour à Ouahigouya, un autre passage aux urgences du CHR nous confirmera le décès de Yacouba Zoromé, juste 15 mn après son admission à l’hôpital dans la nuit. Il aurait été victime d’un poly- traumatisme avec rupture du bassin.

Par Ladji BAMA et Adama SINARE


SOS pour l’ambulance de Thiou

Alerté dès les premières heures du drame, Eric Paré, major du CSPS de Thiou, dit être resté impuissant car l’ambulance du CSPS qui aurait pu permettre d’évacuer certaines victimes du site plus urgemment, ne répond plus. Elle ne pouvait accéder au site car son état est des plus piteux, c’est ainsi que certains blessés ont été emmenés sur des engins à deux roues par leurs camarades. Aussi, il y a quelques jours, explique M. Paré, une femme en travail, dont le cas nécessitait une évacuation urgente sur Ouahigouya a failli perdre la vie parce que l’ambulance qui devait l’emmener à vive allure est allée à pas tortue. Si fait que l’infortunée dame est arrivée à la dernière minute au CHR. Heureusement elle a pu être sauvée in extremis. Face à tout cela, c’est un véritable SOS que le major lance à toute bonne volonté de voler au secours de cette ambulance et par ricochet des populations en danger.

L.B.


Grosse frayeur sur le chemin de retour

A la fin de notre reportage sur le site d’orpaillage de Nimbou, ce vendredi dans l’après-midi, ayant éprouvé d’énormes difficultés pour accéder au lieu, à l’aller, du fait du mauvais état de la route, notre équipe de reportage décide de se trouver un autre chemin pour le retour. C’est ainsi que renseignements pris, un chemin nous sera indiqué. Au moment de nous lancer sur celui-ci, quelqu’un nous interpelle pour attirer notre attention sur un danger que présente cette route.

En effet, dans un village environnant aurait eu lieu en ce moment-là, une cérémonie coutumière bien particulière qui durerait une semaine, pendant laquelle le territoire dudit village serait interdit d’accès à toute personne étrangère. La mort serait le sort réservé à tout contrevenant. C’est donc avec une grosse peur au ventre que nous avons dû rebrousser chemin pour regagner Thiou puis Ouahigouya par la même voie qu’à l’aller.

LB

Le Pays

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