Actualités :: Accidents de la route : Tous concernés !

Alors, en attendant que nous ayons des autorités irréprochables, des forces de l’ordre au-dessus de tout soupçon etc., comme l’exigent certains, que chacun accepte accorder un minimum d’attention à sa vie ! Forcement il en accordera par la même occasion à celle des autres et au bout du compte c’est toute la nation qui serait en sécurité.

Le samedi 15 novembre dernier, le Burkina Faso a été frappé par un drame, qui, toutes proportions gardées, est une véritable catastrophe nationale. A notre connaissance, jamais dans l’histoire de ce pays une même catastrophe n’avait emporté autant de vies humaines à la fois (67 morts). Pas même la catastrophe aérienne des années 70 qui avait coûté la vie à une quarantaine de personnes.

En ces instants de douleur nationale, nous exprimons notre profonde compassion et nos condoléances les plus attristées aux familles des disparus et à la Nation entière, qui, en ce moment, se perd en conjectures sur comment cela a pu arriver et sur les responsabilités à situer. S’il est vrai que tout accident est par essence imprévisible, il y a quand même dans ce drame des faits qui portent à croire que, accident pour accident, celui-ci pouvait à tout le moins être circonscrit à défaut d’être évité. S’il est aussi vrai que partout, de par le monde, des catastrophes toutes aussi dramatiques et choquantes frappent presque quotidiennement des populations et des nations et qui sont imputables à l’homme il y a ce coup-ci, un sentiment de gâchis et de révolte sourde, du fait qu’on a l’impression qu’il aurait fallu un petit rien pour qu’il n’advienne pas. On a quelque part le sentiment que « nous avons cherché ce qui nous arrive ».

Comme ces naufrages causés par ces dizaines de bateaux de fortune qui, chaque année, envoient par le fond des dizaines et des dizaines de pauvres hères qui espéraient voguer vers l’eldorado. Il y a un peu de cela dans ce drame qui nous frappe et qui a ôté la vie à des hommes, des femmes et des enfants qui croyaient avoir embarqué pour l’eldorado ou à tout le moins qui espéraient une seconde chance dans leur vie en allant monnayer leur force de travail en Côte d’Ivoire. Dans notre cas, le drame est d’autant plus douloureux que nombre de ces victimes et leurs parents n’avaient pas conscience du danger, puisque coutumiers du voyage dans les conditions tout aussi apocalyptiques. C’est justement par là qu’il faut commencer la réflexion et l’analyse.

En effet, ce serait bien trop commode, voire simpliste de jouer les justiciers et moralisateurs choqués, en tombant à bras raccourcis sur l’Etat, les responsables administratifs et autres au prétexte, certes évident, mais tout de même un peu court pour être exclusif, qu’ils n’ont pas su assumer leurs devoirs régaliens de protection et de sauvegarde de la vie de citoyens. Que peuvent ces excitations médiatiques, pour se donner bonne conscience et ces coups politiciens, pour tenter d’exister dans un landerneau politique qui a perdu ses repères, si ce n’est que de brasser du vent, en attendant la prochaine occasion pour ruer dans les brancards. Le drame du 15 novembre dernier est trop sérieux et préoccupant, pour qu’on se limite à ces lieux communs et aux seules effusions de sentiments qui n’ont qu’un effet placebo alors qu’il faut des solutions ici et maintenant pour marquer le coup et tirer de ce malheur des perspectives beaucoup plus prometteuses pour tous. La mort de ces 67 personnes doit nous servir à agir pour un « plus jamais çà ! ». C’est à ce niveau qu’on attendait commentateurs et analystes, au lieu des incantations entendues et lues ici et là.

Surcharge, transport mixte, chauffeurs fourbus de fatigue et drogués, laxisme des forces de sécurité qui laissent faire, pire, en profitent pour rançonner les transporteurs, cupidité de ces derniers, incivisme généralisé, pauvreté endémique… ; il y a certainement un peu de tout cela dans les causes de ce drame, mais à la base, il y a à notre avis la responsabilité individuelle de chacun. Certes, il faut corriger tous ces dysfonctionnements et même qu’à l’occasion, il faudrait que des têtes tombent, pourquoi pas, mais tout cela serait un coup d’épée dans l’eau si, au niveau de chaque citoyen, on ne fait pas sien cet adage mossi qui dit que la longévité de chacun est d’abord fonction de l’attention qu’il accorde à la préservation et à la protection de sa vie. Il s’agit de cela avant tout car, tout le reste en dépend en réalité.

On pourrait rétorquer que même dans les pays de démocratie avancée, où les citoyens connaissent leurs droits et les défendent bec et ongles, les lois et règlements sont particulièrement draconiens en matière de circulation sur les voie publique dans le sens de la prévention des accidents et que les pouvoirs publics veillent à leur application comme sur la prunelle de leurs yeux. Cela suppose que la conscience citoyenne ne suffit pas et qu’il faut une certaine dose pour ne pas dire une dose certaine de répression pour que force reste à la loi. Néanmoins, la responsabilité du citoyen est primordiale car aucune loi, ni aucun système policier ne peuvent prospérer sans l’adhésion des populations elles-mêmes. C’est là où le bât blesse dans nos contrées où en la matière les comportements de défiance sont légion. On prend même un malin plaisir à contourner la loi et les règlements comme pour se prouver on ne sait quoi. Et là, ce ne sont pas les forces de l’ordre qui sont en cause mais les citoyens.

Dans le drame qui nous touche, il faut comprendre qu’avant que les autorités ne soient interpellées, il y a d’abord les responsabilités de ceux qui ont organisé le voyage et celle de ceux qui ont choisi malgré les conditions inhumaines dans lesquelles on les mettait, ont accepté tenter le diable. Savoir que les convoyeurs sont au nombre des victimes (deux sont morts et un est blessé) n’est-il pas un indicateur sérieux du peu de cas qu’on fait des notions de sécurité. Pour être cynique on aurait « compris » qu’ils envoient les autres à la casse, empochent les sous et se barrent. Mais en prenant place dans le car de 70 places avec leurs 91 clients, n’est-ce pas la preuve qu’ils n’avaient pas conscience du danger qu’ils courraient et faisaient courir aux autres ? N’est-ce pas le même sentiment qui pousse les chauffeurs à chercher à corrompre les forces de l’ordre pour qu’elles ferment les yeux sur leur incivisme (véhicule non en règle, surcharge, manquement au code de la route, etc). N’est-ce pas le même sentiment qui amène des voyageurs à accepter des conditions inhumaines de voyage et, pire, à jouer un jeu à cache-cache avec les forces de l’ordre à la demande des chauffeurs !

Que dire quand, comme on le voit tous les jours, des citoyens interpellent d’autres pour les prévenir que « les policiers sont devant ». C’est dire combien la solution au type de problème auquel nous sommes confrontés est complexe et ne saurait être unilatérale.
Alors, en attendant que nous ayons des autorités irréprochables, des forces de l’ordre au-dessus de tout soupçon etc., comme l’exigent certains, que chacun accepte accorder un minimum d’attention à sa vie ! Forcement il en accordera par la même occasion à celle des autres et au bout du compte c’est toute la nation qui serait en sécurité.

Par Cheick Ahmed (ilingani2000@yahoo.fr)

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