Actualités :: TRAVAILLEURS DU PUBLIC ET DU PRIVE : Le casse-tête des affectations

O.M n’avait pas sa mine de tous les jours. Il était triste. Il bavardait peu. Il ne répondait même pas aux provocations des femmes. D’habitude, c’est lui qui tenait le crachoir. Il avait toujours une histoire drôle à raconter. Parce qu’on l’a vu rarement avec cette mine d’enterrement. La gorge nouée, il explique : "Nous allons nous séparer. Je viens d’être affecté en province.

Mon service, (entendez le chef du service) m’a sommé de rejoindre mon nouveau poste sous huitaine." Stupeur des membres du groupe. Immédiatement, des gens se sont portés volontaires pour aller "taper des portes".

Il faut annuler cette affectation qui peut être considérée comme une affectation-sanction. " C’est de l’arbitraire", a-t-on entendu dire. En effet, O.M a été muté dans la capitale il y a seulement huit mois. Pour une meilleure compréhension de cette histoire, il faut préciser que O.M est un militant très actif d’une centrale syndicale. La note qui l’affecte loin de la capitale stipule que c’est pour nécessités de service. Les affectations dans le secteur public comme `dans le secteur privé sont des casse-têtes pour les responsables qui les gèrent, et surtout pour ceux qu’elles touchent. Dans l’Administration burkinabè d’aujourd’hui, il semble parfois difficile de distinguer une affectation normale d’une affectation-sanction. C’est le cas de O.M dont il a été question plus haut. En règle générale, tout agent, qu’il soit du public ou du privé, est appelé à servir partout sur le territoire national, à condition que son profil corresponde au poste qu’il est appelé à occuper. Mais il y a des affectations qui s’apparentent à des sanctions.

C’est par exemple quand on affecte un maître de conférences pour qu’il enseigne dans un CEG. C’est aussi le cas quand un chirurgien est affecté dans un Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) qui ne dispose pas d’antenne chirurgicale. Des fonctionnaires ont-ils été victimes de telles aberrations ? C’est possible ! C’est ce qui s’appelle des affectations arbitraires ou affectations- sanctions. Des responsables administratifs en usent pour des raisons diverses, plus inavouables les unes que les autres. L’Administration doit être présente sur toute l’étendue du territoire où les fonctionnaires de divers niveaux et spécialités représentent l’État. C’est ce qui justifie les affectations pour nécessités de service.

Mais il se trouve de nos jours qu’il y a des employés qui pensent qu’ils sont faits pour débuter et finir leur carrière dans la capitale où ils jouissent de toutes les commodités de la vie moderne. On oublie qu’il faut que des hommes et des femmes se sacrifient pour que les coins les plus éloignés des centres urbains se développent en y apportant l’enseignement, la santé, les voies de communications, etc. Il y a d’autres raisons qui expliquent que des agents du secteur public et du secteur privé jouent des pieds et des mains, ne reculant devant aucun sacrifice, pour ne pas quitter la capitale. Ouagadougou est la ville où se nouent et se dénouent les magouilles possibles et imaginables. La ruine morale dans laquelle vivent beaucoup de Burkinabè les empêche de vivre ailleurs où ils n’auront rien à se mettre sous la dent. La décentralisation intégrale dans laquelle s’est engagé le Burkina va permettre de pouvoir faire des affaires loin de Ouagadougou.

A la faveur de la décentralisation, on peut dire pour paraphraser la SBE, que partout "il y a de bonnes affaires à faire." Mais à côté, on trouve des personnes qui veulent rester dans la capitale parce qu’elles ont besoin de s’instruire, de se perfectionner, d’acquérir d’autres compétences. Il revient à l’État de veiller à satisfaire ces besoins de formation en délocalisant ou en déconcentrant certaines institutions et écoles de formation et de perfectionnement. L’État est donc en partie responsable du refus de cette catégorie d’agents qui ne veut pas s’éloigner des grands centres urbains. En déconcentrant les possibilités de formation et d’amélioration du niveau intellectuel et des compétences professionnelles de ses agents, l’Administration leur ôte des motifs de se plaindre et de refuser de rejoindre leur lieu d’affectation. Heureusement que ce ne sont pas tous les employés de l’Administration publique qui veulent rester dans la capitale. Pour cette catégorie d’agents publics, les confiner entre les quatre murs d’un bureau climatisé ou non à Ouagadougou, c’est la pire sanction qu’on puisse leur infliger.

Il peut arriver que des fonctionnaires, au début soient mécontents d’être affectés quelque part. Mais à la longue, ils s’y plaisent tellement qu’ils prient Dieu tous les jours afin que leur hiérarchie oublie où ils se trouvent. La raison est que dans leur lieu d’affectation, ils ont acquis des biens immobiliers et mobiliers, ils se sont fait de nouvelles connaissances, ont tissé de nouvelles relations d’affaires. Ils se sont intégrés. Ils s’y plaisent tant et si bien qu’ils ne souhaitent plus partir. Malheureusement, ces cas sont fort infimes par rapport aux fonctionnaires qui vont jusqu’à proposer des sommes considérables pour ne pas être mutés en province. C’est ainsi qu’on peut voir dans les établissements scolaires de la capitale, une seule classe avec deux, voire davantage d’enseignants. Pendant ce temps, ailleurs, deux ou plusieurs classes se partagent un seul enseignant. C’est cela aussi le Burkina.

"Le Fou"

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