Actualités :: Catastrophe routière de Boromo : Que sont devenus les survivants (...)

L’horreur qui a eu lieu sur la Nationale 1 à 10 km de Boromo (près de 70 morts et des dizaines de blessés) et dont nous avons fait largement cas dans notre livraison d’hier va marquer à jamais les esprits de tous ceux-là qui se sont rendus sur les lieux ; principalement les esprits des rescapés qui ont vécu ce drame. Que sont-ils devenus, ces survivants du car ivoirien accidenté, affrété, comme on le sait, par des transporteurs de Koudougou ? Hier, alors que tout Koudougou bruissait toujours de ce drame, nous sommes allés voir ceux qui ont été évacués dans le chef-lieu de la province du Boulkiemdé (1) et en avons profité pour comprendre certaines choses sur ce terrible accident.

Koffi Kiono, un apprenti qui était dans le car, qui s’en est sorti avec de petites égratignures et que nous avons rencontré au secteur 10, dans la cour de son patron, Jean Paul Bouda, transporteur lui aussi, est formel : le chauffeur du camion-remorque transportant du sucre s’était assoupi, sinon il aurait réagi aux jeux de phare et aux klaxons.

Ce qui repose le problème de l’imprudence de certains conducteurs. Mais passons, car il ne s’agit pas pour nous d’accuser, d’accabler qui que ce soit ou de faire son procès, surtout que le pauvre conducteur de la remorque et ses trois compagnons de route, tous morts brûlés, ne sont plus là pour donner une version contraire.

Au niveau de l’Union des Transporteurs Routiers Internationale du Boulkiemdé (UTRIB), qui englobe l’ensemble des opérateurs de transport en direction de la Côte d’Ivoire et d’autres destinations, on est toujours sous le choc et l’abattement, même si, près d’un an jour pour jour, cette Union avait déjà vu un de ses cars subir un sort similaire en territoire ivoirien, causant alors un peu plus d’une vingtaine de morts. C’était précisément le 24 novembre 2007.

Hier, il a fallu passer de nombreux coups de fil afin que les responsables puissent se réunir et nous rencontrer à leur siège du secteur 3 ; eux qui étaient occupés à faire la ronde des familles éplorées pour leur présenter leurs condoléances.

Le conseiller du bureau de l’UTRIB, Tiendrébéogo André Michel, nous a informé que le car appartenait à une compagnie dénommée B.I.T. basée à Gagnoa, en Côte d’Ivoire. Le véhicule était loué par trois transporteurs (et non quatre, comme nous l’avions indiqué dans notre précédente livraison) de Koudougou, à savoir François Nabi, Salif Bayala et Pierre Bouda.

Tous trois étaient à bord du car, mais seul le dernier cité s’en est sorti vivant, avec cependant des fractures au niveau des deux bras et des contusions à la poitrine. Pour lui, gémissant sur son lit d’hôpital, il s’agit d’une catastrophe sans nom et il ne doit sa vie qu’à la bienveillance de Dieu.

Sur le nombre et l’identité des passagers, Tiendrébéogo André Michel nous a indiqué qu’il y avait certes une liste, mais qu’elle était à bord du car, donc réduite en cendres. Il a dit que si le nombre a atteint les 92 personnes comme le décompte a permis de l’affirmer, il s’agirait d’une surcharge du moment que l’autobus avait une capacité de 70 places maximum.

Le car était en règle

Sur l’état du véhicule, il a assuré que celui-ci, dont la visite technique serait en règle, avait une carte de transport international et une assurance de la CEDEAO nécessaires et obligatoires pour le transport inter-Etats dans l’espace CEDEAO. "C’est le vendredi, vers 21 h, que j’ai été informé que le chargement du car avait débuté. J’ai démarré de mon côté en direction de Bobo, où je devrais les retrouver.

C’est là- bas, au matin du samedi, après de vaines tentatives pour communiquer avec un des convoyeurs, François Nabi, que j’ai été informé par un membre de l’UTRIB, depuis Koudougou, que le car a été victime d’un accident. Je me suis rendu sur les lieux en instruisant mes collègues de Koudougou d’en faire autant", nous a confié Tiendrébéogo André Michel.

A l’hôpital de l’Amitié, le directeur général, Tellé Gaston Béogo, nous a orienté vers le chef du service Chirurgie, non sans nous préciser que des dispositions avaient été prises avec le service social du centre hospitalier régional (CHR) de Koudougou afin que les cas sociaux puissent être pris en charge.

Au service de chirurgie, le docteur Somé Hubert nous a précisé que son service a reçu en urgence 14 blessés. Huit ont été hospitalisés, dont un dans un état relativement grave. Tous souffrent essentiellement de fractures diverses localisées pour la plupart au niveau des membres et de contusions.

En plus de ceux-ci, on leur amène des blessés initialement évacués à Bobo. Cependant, ce que le docteur Somé a déploré, c’est le fait que des parents préfèrent retirer leurs patients pour les amener chez les rebouteurs, à leurs risques et périls.

Ne pouvant aller à l’encontre de leurs décisions, on leur demande de signer une décharge avant de libérer le patient. Il a confirmé que le service social de l’hôpital leur a permis de s’occuper de ceux qui n’avaient plus un sou.

Un tour de son service en sa compagnie nous a permis de voir que la majorité des survivants du drame de Boromo se remettent peu à peu. Nous avons même vu Amado Zongo sortir du coma dans lequel il était plongé.

Tous sont conscients qu’ils n’ont pas à se plaindre de leur sort, au regard des 66 autres dont la vie s’est brusquement arrêtée à une dizaine de kilomètres de Boromo, loin de leur destination première, la Côte d’Ivoire.

Dans certaines familles de victimes que nous avons pu localiser et où nous nous sommes rendus, l’heure est au deuil et aux interrogations. Le respect de leur douleur vous interdit de les harceler de questions et devant le spectacle affligeant de ces parents éplorés, on ne peut que leur présenter nos condoléances, comme le font ces dizaines de parents, amis et connaissances que nous avions rencontrés sur place.

Du reste, qu’est-ce que nous aurions bien pu chercher à connaître ou comprendre, devant ces parents qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer ceux-là qu’ils pensaient être partis au pays d’Houphouët Boigny chercher fortune.

Ont-ils même le temps et le cœur pour se rendre dans les brigades de gendarmerie pour déclarer leurs morts pour les besoins des enquêtes, comme le leur invite le communiqué radiodiffusé ? Que Dieu nous épargne de telles catastrophes.

Cyrille Zoma

Notes (1) : Outre Koudougou dans le Boulkiemdé, des patients ont aussi été évacués à Ouaga et à Bobo

L’Observateur Paalga

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