Les premiers pèlerins pour le Hadj 2008 sont partis. Mais à quel prix ! Alors qu’ils ont été convoqués dans la journée du dimanche 9 novembre à 10 h pour un départ prévu pour 18h, les candidats au hadj n’embarqueront que le lendemain à 1h, pour un décollage effectif aux environs de 7h. Pour le 2e départ, convoqués le lundi à 18h et 20h, les aspirants au hadj 2008 qui devaient s’envoler à 2h30 du matin ont pu partir effectivement, mais aux environs de 5h30.
Ouf ! Au moins eux, ont pu s’envoler pour la Terre sainte. Sous d’autres cieux, des pèlerins régulièrement inscrits et religieusement prêts pour accomplir ce pilier important de l’islam n’ont pas pu partir. Même au Burkina, des pèlerins ont eu à végéter pendant des jours à l’aéroport avant de pouvoir entreprendre le voyage saint.
C’est dire combien le chemin pour communier avec Allah est parsemé d’embûches. A qui la faute ? A tout le monde et à personne, car en réalité personne ne veut endosser la responsabilité de l’échec. Pas même l’Etat, qui, pourtant, à une certaine époque, assurait l’organisation de façon presque parfaite de la chose. Le premier vol a été chaotique mais c’est seulement selon la perception de certains, car les ministres ont dit que tout s’était bien passé. Les organisateurs qui, dans la soirée du dimanche 9 novembre, fuyaient la presse et les pèlerins à l’aéroport, ont affirmé aussi que tout se passe bien. Pour eux, si les pèlerins ont été convoqués depuis le matin à 10h pour voyager le lendemain après 6h40, c’est pour être sûr qu’ils soient tous à l’heure. Bonnes mesures de prudence, mais trop contraignantes pour tout ce monde au sein duquel on compte de nombreuses personnes d’un certain âge. Sans oublier celles qui sont venues de l’intérieur.
Que dire de tous ces accompagnants qui, pour rien au monde, ne voudraient rater ces moments d’adieux ! Ils tiennent par leur présence à rappeler aux futurs hadj et hadja qu’ils doivent les porter dans leurs prières en Terre sainte. Alors, si les organisateurs disent que tout va bien, soyons en harmonie avec eux, afin qu’ils fassent démentir ce musulman qui, face aux mille et une péripéties d’avant, pendant et après - hadj, de dépit, voudrait que l’organisation du voyage à la Mecque soit désormais confiée aux responsables de l’Eglise catholique. Il argumente : "Depuis que ceux-ci organisent des pèlerinages à Yagma au Burkina, à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, à Lourdes en France ou à Rome en Italie, on n’a jamais assisté à ces scènes peu honorables, car ils travaillent pour Dieu et non pour des intérêts personnels." Du reste, le dialogue interreligieux peut conduire à tout, et les voies du Seigneur sont impénétrables. Bon hadj aux pèlerins !
Par Morin YAMONGBE
Le Pays
