La mairie de Ouagadougou, en collaboration avec la police nationale, a mis le grappin sur un réseau de trafiquants de parcelles de la zone non-lotie de Zongo, dans l’arrondissement de Boulmiougou. Le maire Simon Compaoré a annoncé hier soir au cours d’une conférence de presse, l’annulation des dernières opérations de recensements effectuées dans l’arrondissement en vue des lotissements.
Pour l’heure, 6 personnes dont au moins un conseiller municipal et un agent de mairie sont en détention pour s’être rendues coupables de trafic de parcelles dans l’arrondissement de Boulmiougou, commune de Ouagadougou. Elles appartiennent à une "bande d’escrocs" dont les autres membres, a promis le maire central de Ouagadougou, pourraient être incessamment mis aux arrêts.
La stratégie frauduleuse avait consisté en la production de papillons de recensement pour lotissements que les faussaires distribuaient à quiconque voulait une parcelle dans la zone, moyennant une somme de 50 à 75 000 F CFA, en espèces sonnantes et trébuchantes. Le pot aux roses aurait été découvert suite à une lettre de dénonciation adressée au maire de Ouagadougou qui a immédiatement confié le "dossier" à la police, avant de s’envoler pour Quebec où il a pris part à l’assemblée générale des maires francophones tenue en marge du 12e sommet de la francophonie.
L’enquête qui en est suivie a abouti à l’arrestation de 6 personnes dont au moins un conseiller municipal du village de Zongo et un agent de mairie qui sont tous passés aux aveux. Des perquisitions ont abouti à la découverte d’environ 300 cartes d’identité burkinabè que détenaient ces trafiquants par devers eux. L’enquête suit son cours normal, et les polices municipale et nationale qui se sont associées à la mairie pour animer la conférence de presse, rassurent que d’autres faussaires du même réseau seront incessamment mis aux arrêts. La gravité de l’affaire, selon Simon Compaoré, a fait sortir le maire de Boulmiougou de son lit de malade, pour y voir clair.
Séraphine Ouédraogo qui était présente à la conférence de presse a rappelé l’historique des recensements dans la zone non-lotie du secteur 18, et dans le village de Zongo, avant d’exprimer sa surprise d’apprendre que des faussaires soient parvenus à "gonfler" une liste des recensés établie par une commission ad hoc qu’elle a personnellement mise en place. Cette grosse fraude, comme on l’a qualifiée, a eu pour conséquences, selon le maire de Ouaga, le gonflement des listes des recensés, la falsification des données issues des recensements, la remise à plat des efforts consentis par les agents recenseurs, etc. Pour toutes ces raisons, "nous étions obligés de déclarer les récentes opérations de recensement nulles et de nul effet", a dit Simon Compaoré avec un brin d’amertume. C’est bien dommage, mais il fallait en arriver là pour des soucis de transparence, ont déclaré les animateurs du point de presse.
Et le conseil municipal de Boulmiougou entend aller à la rencontre des résidents de Zongo, au plus tard le dimanche prochain, pour leur expliquer la situation, à l’occasion d’une assemblée générale que la mairie centrale a promis de soutenir. En attendant, les recherches se poursuivent au niveau de la police et les propriétaires des pièces d’identité saisies lors des perquisitions devraient également être entendus. Le dossier va être ensuite acheminé sur la table du procureur du Faso qui va se charger de la suite. "Et la couleur politique ne saurait sauver la peau de quelqu’un dans cette affaire", a prévenu Simon Compaoré, pour qui, aucun parti politique ne souhaite garder dans ses rangs, des personnes de mauvaise foi.
Par Paul-Miki ROAMBA
Le Pays
