Actualités :: Fistules obstétricales : Des témoignages qui interpellent
Comme cette femme, le club a recensé près de 150 cas de fistules.

Sur initiative du Club des femmes de carrières libérale et commerciale, des épouses, mères atteintes de fistules évoquent au grand jour les souffrances endurées à cause de ce mal. Elles ont témoigné à visage découvert au cours d’une journée de sensibilisation, le samedi 27 septembre 2008 à l’école Sin yiri C au secteur n°30 de Ouagadougou.

Marginalisées, refoulées par leur entourage, les femmes souffrant de fistules obstétricales rompent le silence. Elles ont accepté parler de leur maladie au cours d’une journée de débats et de témoignages sur les fistules, organisée par le club des femmes de carrières libérale et commerciale, le samedi 27 septembre 2008, au secteur n°30 de la capitale.

Et le tabou a donc cédé la place à des témoignages plutôt choquants. Les femmes fistuleuses racontent leur misère dans la société. Victimes de clichés, vilipendées, elles ont trouvé du reconfort, le temps d’une matinée. Les fistuleuses ont reconnu la justesse d’une telle rencontre qui leur donne l’opportunité de dire comment elles vivent leur mal. C’est le cas d’une fistuleuse qui confie être accusée dans son village de sorcellerie. "Je suis atteinte de fistule depuis 17 ans. Quand les gens l’ont su dans mon village, ils m’ont rejetée, personne n’achète mes beignets parce qu’on dit que je suis sale", a-t-elle fait savoir à l’assistance. C’est aussi le sort vécu par Mme Ramdé Marie Jeanne.

Née en 1959, elle a contracté la maladie à la suite de l’échec de son quatrième geste. Elle vit avec ce mal depuis seize ans. "Je suis victime de discrimination. Je ne peux pas aller aux mariages, aux baptêmes. Tout le monde me rejette. Un jour, alors qu’on cultivait en brousse, à l’heure du repas une femme qui savait que j’étais atteinte de fistule à refuser de manger avec moi à cause de mon mal. Ce jour-là, ça m’a beaucoup marqué ; j’étais triste", témoigne Mme Ramdé. A la suite de ces propos, une autre fistuleuse prend le relais. Anne Marie Wati Zongo explique aussi ses souffrances. Alors qu’elle était à terme, le travail dura trois jours pendant lesquels les gens du village sont venus lui demander, selon ses propos, si elle n’avait pas cocufié son époux. C’est une grande sœur qui est venue m’amener à Koudougou pour faire l’opération. Malheureusement, l’enfant est mort-né, regrette-t-elle :"je vis avec la fistule depuis 11 ans.

Mes habits sont pourris, tous mes proches sont décédés et je suis seule au monde". La plupart d’entre elles traînent la maladie, contractée le plus souvent des suites d’un mauvais accouchement ou d’un travail trop long ou encore de sexualité précoce depuis plusieurs années. Mais, l’espoir existe désormais grâce au club des femmes de carrières libérale et commerciale qui tente de les convaincre non seulement qu’on peut guérir d’une fistule mais qu’il n’y a pas lieu de stigmatiser les fistuleuses. "Notre objectif est de pouvoir sensibiliser au maximum la population que la fistule existe bel et bien et prend même de l’ampleur. La présente journée d’échanges avec ces femmes, présidentes d’association vise à faire d’elles des relais pour sensibiliser leurs membres.

Il faut qu’elles passent l’information sur comment éviter la fistule et pour que leurs membres sachent qu’on peut la guérir", a indiqué la présidente du Club, Mme Rasmata Kabré. Soutenu financièrement par l’UNFPA et la Direction de la santé et de la famille, le club espère organiser le 15 octobre prochain une opération chirurgicale au profit des femmes fistuleuses. Créé en 2002 pour promouvoir et mettre en relation les femmes d’affaires burkinabé avec leurs collègues du monde, le Club s’est aperçu que l’épanouissement économique des femmes passe d’abord par une bonne santé. Son engagement pour l’éradication de la fistule est parti du congrès sous-régional de 2006 sur le thème : "Les femmes pour comprendre les femmes et comment éradiquer la fistule". D’ores et déjà, l’initiative semble avoir tapé dans l’oeil de la Première dame qui a demandé au Club d’orienter les 150 cas de fistules recensés vers la clinique Suka afin qu’ils puissent être pris en charge.

S. Nadoun COULIBALY (cou_nad@yahoo.fr)

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