Sous le haut parrainage de Mme Chantal Compaoré épouse du président du Faso, le ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale a organisé, jeudi 29 mai 2008 à Ouagadougou, un atelier de validation de l’étude nationale sur les violences contre les enfants au Burkina Faso. L’étude a révélé que la famille et l’école sont les premiers cadres d’expression de la violence.
La violence contre les enfants est répandue dans la société burkinabè. Elle est d’ordre physique, sexuel, verbal et psychologique. “Ces violences s’exercent dans un contexte d’indifférence" : Ceci est la conclusion d’une étude qui a été validée le 29 juin 2008 à Ouagadougou. Selon le ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, l’ampleur, les causes et les effets de la violence contre les enfants étaient jusqu’à présent ignorés et même banalisés au Burkina Faso.
C’est pourquoi, le gouvernement burkinabè à travers le ministère en charge de l’Action sociale, en collaboration avec les partenaires techniques et financiers notamment l’UNICEF a lancé cette étude en vue de déterminer le profil et la fréquence des principales formes du phénomène. L’étude a permis de cerner les causes, les effets, d’examiner l’arsenal juridique existant en matière de protection des enfants et de faire des recommandations. L’étude a couvert les treize (13) régions du Burkina Faso et a touché au total 3 000 adultes et 6 000 enfants.
"Le bon diagnostic est l’espoir de la guérison", a déclaré le ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, Pascaline Tamini.
Pour elle, ces données constituent un pas très important pour son département dans la lutte contre ce fléau et pour la protection des enfants. Le représentant du l’UNICEF au Burkina Faso Hervé Peries a félicité le gouvernement burkinabè pour ce travail courageux et sans complaisance. Il a invité les acteurs et partenaires de la protection de l’enfance à une meilleure prise en charge des victimes et au renforcement des actions préventives.Selon M. Peries, les témoignages de certains enfants ont permis de lever le lièvre sur les conditions de vie difficile et souvent inacceptables de certains mômes. Cette étude, selon M. Peries, vient compléter d’autres recherches sur certaines formes de violences et d’abus à l’égard des enfants. "Des actions multiples sont en cours tant en matière de prévention que de prise en charge, mais beaucoup reste encore à faire", a-t-il indiqué.
"Les violences contre les enfants, ne sont pas une question de mode ou de courant occidental" , a affirmé Mme Sika Kaboré, épouse du président de l’Assemblée nationale, representant la marraine.
Des révélations surprenantes
"Ce phénomène existe bel et bien chez nous", a-t-elle insisté. Pour Mme Kaboré, la violence s’exerce dans la famille, persiste à l’école et est permanente dans la rue. Quel citoyen pour notre société de demain ? s’est interrogée Mme Kaboré. "La violence engendre la violence, et un enfant violenté est prédisposé à être violent," a-t-elle déploré.
Les résultats de l’étude, selon Mme Kaboré, sont inquiétants au regard des statistiques.
83,5% des violences sont exercées en famille et 58,9% à école.
82,2% des enfants affirment avoir été victimes de violence, 76,5% ont déclaré avoir été témoins de scènes de violence. 72% des adultes reconnaissent avoir déjà exercé la violence contre les enfants. 83% des enfants et 100% des adultes indexent la famille comme auteur des violences faites aux enfants."Ces données nous interpellent à plus d’un titre", a indiqué Mme Kaboré. La violence contre les enfants ne doit en aucun cas nous laisser indifférents, a ajouté l’ambassadeur des USA au Burkina Faso, Jeanine Jackson. Pour elle, la violence ne doit pas être perçue comme un acte normal de discipline ou d’éducation. Mme Jackson prône la prévention à travers l’éducation, la formation et la sensibilisation.
Le gouvernement américain finance des programmes à propos du travail et de la traite des enfants et Mme l’ambassadeur a rassuré.
"Nous continuerons à accompagner le gouvernement du Burkina Faso dans ses actions de promotion des droits de l’enfant au Burkina Faso".
Mme Sika Bella fait un plaidoyer à l’ensemble de la communauté pour une mobilisation autour de la question, à la hauteur des conséquences sur l’avenir des enfants.
L’étude menée par un groupe de consultants de profils divers, a fait quelques recommandations notamment la vulgarisation et l’application des textes, l’introduction des modules dans les différentes formations, la création d’un numéro vert. Ils ont également recommandé l’application de la législation scolaire, l’appui conséquent des partenaires, mais surtout une prise de conscience au niveau individuel.
Assétou BADOH
Sidwaya
