Le 5 juin 2008, le royaume du Danemark commémore la 159ème anniversaire de l’adoption de sa Constitution. L’ambassade du Danemark auprès du Burkina Faso célèbre cette journée d’une manière particulière en remettant à trois personnalités burkinabè qui se sont engagées par des actions à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, « La Torche de champion de l’OMD3 ». A cet effet, nous avons rencontré Céline Yoda/Konkobo, ministre de la Promotion de la femme qui a pris part les 16 et 17 avril 2008 à la Conférence de Copenhague sur l’Appel mondial à l’Action sur les Objectifs du millénaire pour le développement 3. Elle livre son impression sur la conférence.
Madame Céline Yoda (MCY) : Avant tout propos, permettez-moi de remercier vivement le ministère des Affaires étrangères du Danemark, l’ambassade royale du Danemark dans notre pays. Aussi, mes hommages à Son Excellence Monsieur M. Anders Fogh Rasmussen, Premier ministre du Danemark et Mme Ulla Tørnæs, ministre de la Coopération du Danemark pour l’honneur qui nous a été fait en nous associant à cette importante rencontre. S’agissant de l’Appel mondial à l’Action sur les Objectifs du millénaire pour le développement 3, c’est une initiative du gouvernement danois qui vise à inscrire l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (OMD3) à une place plus importante dans l’agenda international afin d’accélérer la réalisation de l’ensemble des Objectifs du millénaire pour le développement. C’est une initiative noble à encourager. Car vous n’êtes pas sans ignorer que lorsque les femmes bénéficient d’opportunités économiques, les retombées sont importantes pour elles-mêmes mais aussi pour leurs familles, leurs communautés et en fin de compte, tous les efforts de développement national. Permettre donc à l’ensemble des ressources humaines, hommes comme femmes, de participer à l’activité économique relève tout simplement du bon sens économique. La conférence a donc regroupé d’éminentes personnalités du monde entier qui se sont penchées deux jours durant sur des questions relatives à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes.
DCPM/MPF : Peut-on connaître les objectifs inscrits à l’ordre du jour de cette rencontre ?
M.C.Y : Les objectifs visaient donc de façon générale, à accélérer les progrès à effectuer. Ainsi donc, l’Appel mondial à l’Action devait nous conduire à un certain nombre de résultats parmi lesquels je citerai :
un engagement de la part de tous les gouvernements à faire de l’égalité des sexes et de l’autonomisation économique des femmes une question-clé ;
une augmentation importante d’ici à 2010 des ressources publiques consacrées dans chaque pays à la promotion de l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes ;
un doublement au minimum d’ici à 2010 de l’aide étrangère au développement consacrée par les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux à la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes ;
un engagement du secteur privé à renforcer les aspects liés au genre dans les efforts de responsabilité sociale et d’entreprise, etc.
DCPM/MPF : La rencontre était placée à un haut niveau. Quelles sont les grandes recommandations qui se sont dégagées de cette rencontre ?
M.C.Y. : C’est une réalité. Le Sommet de Copenhague était de haut niveau et a regroupé environ 300 personnes venues de tous les continents. L’ensemble des participants s’est donc engagé à soutenir les actions déjà entreprises mais aussi à créer de nouvelles opportunités pour les femmes. C’est ainsi que les participants ont recommandé que le secteur public comme le secteur privé soient des moteurs de l’autonomisation économique des femmes. Le secteur public peut garantir des résultats pour l’autonomisation économique des femmes par exemple, par la budgétisation selon le genre. Au niveau du secteur privé, les recommandations ont porté sur le développement des opportunités d’affaires axées sur les femmes entrepreneurs et leaders dans le développement des pays. On a aussi recommandé l’impérieuse nécessité pour les Etats à assurer des emplois productifs aux femmes à travers la réduction des inégalités liées au genre et la pauvreté surtout dans le domaine agricole.
DCPM/MPF : Le Burkina Faso s’est engagé à œuvrer à l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) d’ici à 2015, dont l’un portant sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. En tant que première responsable du département de la Promotion de la femme, quelles sont les actions entreprises par le Burkina Faso pour atteindre cet objectif combien important pour le développement humain durable ?
M.C.Y. : Notre pays s’est résolument engagé pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement d’ici à 2015 à travers donc de vastes programmes et projets dans presque tous les domaines. Cependant, tous les résultats escomptés ne seront pas réalisés. Au sein du département en charge de la Promotion de la femme, nous avons engagé de nombreuses actions allant dans le sens de la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes. Il s’agit notamment de la prise en compte du genre dans les projets et programmes que nous avons toujours prônés, des formations spécifiques destinées aux besoins des femmes, la promotion et la protection de leurs droits fondamentaux, la promotion des femmes dans les sphères de décision, leur dotation en technologies diverses pour leurs activités rémunératrices et beaucoup d’autres actions à travers la mise en œuvre de notre Plan d’action. Pour ce qui concerne l’éducation des filles et l’alphabétisation des adultes, ce sont des questions très importantes dans le cadre de l’atteinte des OMD. A ce niveau, nous pensons que grâce aux efforts conjugués du gouvernement et de différents acteurs, notre pays a fait d’énormes progrès. C’est ainsi que, pendant la Conférence sur les OMD à Copenhague, le Burkina Faso a été identifié comme faisant partie des pays intermédiaires qui ont fait des avancées considérables en ce qui concerne l’éducation des filles. Dans le domaine de la promotion de la santé de la mère et de l’enfant, les résultats sont aussi à encourager même si beaucoup reste à faire.
DCPM/MPF : Pour promouvoir l’égalité des sexes, l’accent doit être mis sur un changement de mentalités. Comment arriver à ce changement de mentalités au niveau des populations, surtout des hommes ?
M.C.Y. : Le changement de mentalités s’opère sur la durée. L’égalité des sexes ne se fera pas sans les hommes à nos côtés. Comme je l’ai toujours dit, nous avons besoin de leur complicité pour le bonheur des femmes et des filles de notre pays.
C’est pourquoi nous pensons qu’il faut redoubler d’effort dans la sensibilisation et la formation surtout pour promouvoir des relations hommes-femmes basées sur l’égalité, le respect et la complémentarité chez nos populations. Aussi, nous fondons beaucoup d’espoir sur l’adoption très prochaine de la politique nationale genre qui permettra sans nul doute de résoudre pas mal de problèmes à ce niveau. Par ailleurs, nous avons suggéré à la CEDEAO de taire répliquer la Conférence sur l’Appel mondial à l’Action dans notre espace communautaire pour informer et impliquer le plus grand nombre, notamment les hommes, car la question est très importante et mérite une plus grande adhésion des partenaires mais aussi des gouvernants et de l’ensemble des populations en Afrique.
DCPM/MPF : Le 5 juin 2008, à la faveur de la célébration de la Journée de la Constitution du Royaume du Danemark dans notre pays, il sera remis par l’ambassade danoise « La Torche de champion de l’OMD3 » à trois figures burkinabè. Quelle est votre impression sur ce geste des autorités danoises ?
M.C.Y. : « La Torche de champion de l’OMD3 » a été lancée le 7 mars 2008 sur l’initiative de madame Ulla Tørnæs, ministre de la Coopération du Danemark et traduit dans sa symbolique, l’engagement fort et la reconnaissance à des personnalités connues ou peu connues qui se sont illustrées à travers leurs actions en faveur de la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes. C’est aussi une invite aux personnes qui la reçoivent d’être comme des porte-étendard du flambeau de l’Appel mondial à l’Action pour l’autonomisation des femmes en tant que stratégie payante pour le développement des pays et un monde plus juste et égalitaire. Une centaine de torches voyageront à travers le monde. Les torches représentent donc un signal fort d’engagement. Lors de la réunion de haut niveau des Nations unies le 25 septembre prochain, les torches et une liste d’engagements seront présentées au Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-Moom qui recevra la dernière torche.
DCMP/MPF : Quels sont les critères qui ont prévalu au choix de ces trois personnalités ?
M.C.Y. : Les personnalités qui la reçoivent ont été choisies pour les efforts consentis et leur engagement à faire de la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, un « sacerdoce ». Cela exige un dévouement et plus d’initiatives en faveur des femmes et des jeunes filles. Je les félicite pour leur distinction.
Propos recueillis par/DCPM/MPF
