Actualités :: Hourétou Diallo, spécialiste de la CONFEMEN au Burkina : « Un instrument pour (...)

La 53e session ministérielle de la Conférence des ministres de l’Education des pays ayant le français en partage (CONFEMEN) se tient les 2 et 3 juin prochain au Canada sur le thème : « Enseignement secondaire et perspectives ». Dans cet entretien réalisé, le 28 mai 2008 à Ouagadougou, Hourétou Diallo/Diallo qui a fait des recherches sur la CONFEMEN explique ce qu’est cette institution, pour le système éducatif burkinabè, tout en ouvrant une fenêtre sur l’état de l’enseignement de base au Burkina Faso.

Sidwaya (S.) : Définissez-nous la CONFEMEN !

Hourétou Diallo/Diallo (H.D.D.) : La CONFEMEN est la Conférence des ministres de l’Education des pays ayant le français en partage. Créée en 1960, elle est la plus vieille institution de la Francophonie. C’est un cadre de réflexion, de concertation et d’échanges d’expériences entre ministres de l’Education d’une part, entre ministres et partenaires des systèmes éducatifs d’autre part. Le Burkina Faso est membre fondateur de la CONFEMEN. Il est donc membre de la Conférence des ministres de l’Education des pays ayant le français en partage depuis 1960.

S. : Comment est-elle organisée ?

H.D.D : Du point de vue organisation, l’institution dispose d’un Secrétariat technique permanent (STP) basé à Dakar, d’un réseau de correspondants nationaux et de commissions techniques comme le comité scientifique du Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN (PASEC). Le PASEC a été créé en 1991 et procède à des recherches sur les acquisitions des élèves en liaison avec le contexte scolaire pour identifier des conditions optimales d’enseignement dans les pays participants. Les études PASEC fournissent aux décideurs politiques des informations objectives sur les forces et les faiblesses de leur système éducatif, leur permettant ainsi d’effectuer des choix éclairés en matière de politiques éducatives. Du point de vue fonctionnement, la session ministérielle est l’instance suprême de la CONFEMEN. Elle a lieu tous les deux ans et regroupe tous les acteurs et les partenaires des systèmes éducatifs (ministres de l’Education, représentants des Associations des parents d’élèves, des directeurs d’établissements scolaires. . .)

S : Qui peut être membre de la CONFEMEN ?

H.D. D : La Conférence se compose des ministres des pays membres chargés de l’éducation et de la formation aux différents niveaux d’enseignement. Sa langue de travail est le français. Selon l’article 8 de son statut, tout pays dont le français est la langue officielle, langue de travail ou langue de communication, peut demander son admission comme membre à part entière de la CONFEMEN. L’institution regroupe de nos jours 41 Etats et gouvernements membres. L’objectif étant de regrouper tous les pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie. Toutefois, l’article 10 précise que la qualité de pays membre se perd par démission notifiée au président en exercice ou par exclusion prononcée par la Conférence et notifiée par le président au pays concerné.

S : Quelles sont les missions de l’institution ?

H.D.D : La CONFEMEN a trois missions essentielles. Les deux premières consistent à l’information mutuelle sur l’évolution des systèmes éducatifs et les réformes en cours et à la réflexion sur des thèmes d’intérêts communs en vue d’actions à mener en coopération. La dernière mission vise la concertation entre ministres et experts en vue d’élaborer des positions communes et de formuler des recommandations pour appuyer les politiques régionales et internationales en matière d’éducation et de formation.

S. : Déclinez- nous son champ d’actions ?

H.D.D : Le champ d’action de la CONFEMEN couvre l’enseignement primaire et secondaire. A titre d’illustration, le thème de la 53e session ministérielle qui se tiendra les 2 et 3 juin 2008 à Caraquet, Canada Nouveau Brunswick porte sur la « Problématique de la transition entre le primaire et le secondaire », une question qui intéresse particulièrement le Burkina Faso qui, selon les données de l’UNESCO, Breda (2005-2006) rapport Dakar + 7 avait un taux d’accès en 1re année du 1er cycle et au second cycle estimé respectivement à 20% et 5%. Le taux de redoublement lui, est respectivement de 24,5% et 21,76% pour le 1er cycle du secondaire et le 2nd cycle du secondaire.

S. : Quels ont été les apports de la CONFEMEN au système éducatif burkinabè ?

H.D.D : Le Burkina bénéficie des apports de la CONFEMEN, mais aussi apporte sa contribution à l’édification de l’institution. En dehors de la participation aux grandes rencontres de réflexion et d’échange organisées par l’institution dont les conclusions ont un impact sur les politiques éducatives du Burkina Faso, le pays a bénéficié de plusieurs appuis de la CONFEMEN. Entre autres, il y a la formation d’experts en Approche par les compétences (APC), la formation de plus de 20 experts en évaluation de la qualité des systèmes éducatifs, un suivi de cohortes (1995-2000) et deux évaluations diagnostiques de l’enseignement primaire. La première évaluation s’est déroulée de 1995 à 1998 (PASEC III/IV) et la deuxième, en cours, va de juillet 2006 à juillet 2008 (PASEC VIII). Les résultats sont attendus en juillet 2008.

S. : Faites-nous l’état de l’éducation de base au Burkina Faso ?

H.D.D : Je ne suis pas la personne la plus indiquée pour répondre à cette question, n’étant pas responsable du système éducatif, mais sur la base des données statistiques disponibles et des activités qui se mènent sur le terrain, je peux dire qu’au niveau de l’éducation de base, beaucoup d’efforts sont faits pour l’amélioration de l’offre éducative. En termes d’accès, le taux brut de scolarisation a franchi la barre de 70% (72,5% selon l’annuaire statistique 2007-2008 de la DEP/MEBA, version provisoire). Dans le cadre de la mise en œuvre de la deuxième phase du Plan décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB) et de la réforme du système éducatif en cours, des stratégies mises en œuvre telles l’obligation scolaire de 6 à 16 ans et la gratuité devraient davantage améliorer les indicateurs d’accès. Mais ce que nous pouvons relever est qu’en termes d’accès, ce taux de scolarisation souligné plus haut, couvre des disparités selon les régions (102,7% pour la région du Centre, contre 54% pour l’Est et 48,8% au Sahel, Annuaire statistique DEP/MEBA 2007-2008, version provisoire). Pour atteindre l’objectif de la scolarisation primaire universelle en 2015 que la communauté internationale s’est fixée à Dakar en 2000, nous pouvons dire que beaucoup d’efforts restent à fournir notamment, une plus grande mobilisation des ressources en faveur du sous-secteur et une plus grande implication de tous les acteurs du système.

S. : La CONFEMEN peut-elle aider à relever les défis auxquels fait face le système éducatif burkinabè ?

H.D.D : La CONFEMEN peut et contribue à trouver des solutions aux problèmes des systèmes éducatifs. La CONFEMEN, en aidant les pays membres dans la mise en œuvre des plans de développement de l’éducation, contribue à relever les défis des systèmes éducatifs.
Aussi, le cadre d’action de la CONFEMEN adopté lors de la session ministérielle de Ouagadougou, en novembre 2002, s’inscrit en droite ligne des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Les axes principaux de ce cadre d’action sont les suivants : promouvoir l’éducation dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, mobiliser et diversifier les ressources, viser l’efficience dans l’utilisation des ressources et développer le pilotage des systèmes éducatifs. Elle accompagne les pays membres dans la recherche de financements, l’élaboration et la mise en œuvre des plans nationaux de développement de l’éducation de base. Enfin, les sessions ministérielles constituent des cadres de concertation entre les différents partenaires de l’éducation.

S. : L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) entretient-elle des relations avec la CONFEMEN ?

H.D.D : La CONFEMEN entretient des relations avec l’Organisation internationale de la Francophonie ex-Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF) et les opérateurs directs. Elle joue un rôle essentiel dans l’orientation des questions d’éducation et de formation dans l’espace francophone. Par ailleurs, l’Organisation internationale de la Francophonie est le principal partenaire financier de la CONFEMEN. L’OIF prend en charge les activités d’évaluation et de formation organisées dans le cadre du PASEC et participe à l’organisation des grandes rencontres de réflexion et d’échanges organisées par le STP.

S. : La CONFEMEN est- elle bien connue au Burkina Faso ?

H.D.D : A cette question, je réponds par l’affirmative car le Burkina Faso est membre fondateur de l’organisation. Notre pays a organisé la 50e session ministérielle qui a consacré la relance de l’institution après une longue période de léthargie et a assuré la présidence en exercice de 2002 à 2004. Cependant, nous pouvons dire que l’institution n’est pas bien connue si l’on se réfère aux résultats des enquêtes que nous avons effectuées auprès de certaines directions centrales et des institutions internationales intervenant dans le domaine éducatif. Les raisons seraient, entre autres, le faible ancrage institutionnel et le fait que la CONFEMEN n’apporte pas des appuis financiers. Elle apporte surtout des idées et aide à l’acquisition des compétences pour la gestion des systèmes éducatifs. Du point de vue de la visibilité et de l’ancrage institutionnels, la CONFEMEN rencontre les mêmes difficultés que la Conférence des ministres de la jeunesse et des sports (CONFEJES) ; institution avec laquelle, elle partage plusieurs objectifs.

S : Selon vous, quelles seraient les limites de la CONFEMEN ?

H.D.D : Comme toute structure, la CONFEMEN a ses forces, mais aussi ses faiblesses. Les limites nationales sont, entre autres, le faible ancrage institutionnel qui lui confère peu de visibilité, et le manque de ressources aussi bien humaines, financières que matérielles pour l’accomplissement de ses missions. Au plan local, en particulier au Burkina Faso, l’institution est peu connue de la plupart des principaux acteurs du système éducatif ; ce qui explique peut -être le fait que sa contribution soit peu sollicitée dans les différentes rencontres sur les questions éducatives. Au niveau international, la CONFEMEN est limitée par le fait qu’elle est une institution dont la réalisation des activités dépend largement des partenaires financiers ; elle fonctionne essentiellement sur la base des cotisations des pays membres qui du reste, connaissent d’importants arriérés selon les rapports annuels de la Commission administrative et financière (CAF) de 2001 à 2006 . Aussi, la participation financière des pays du Sud est faible (en 2006, les 6 pays du Nord ont contribué pour plus de 70% en besoin financier contre seulement moins de 30% pour les pays du Sud).

S. : Quelles stratégies mettre en place pour que la CONFEMEN soit plus visible dans les années à venir au Burkina Faso ?

H.D.D : Des concertations sont en cours pour la consolidation des correspondantes et correspondants nationaux. La question sera donc à l’ordre du jour à la 53e session. Les propositions à soumettre aux ministres sont, entre autres : la stabilité dans le poste du correspondant national, la formation et l’information du correspondant national sur son rôle et la mise à sa disposition des ressources humaines, financières et matérielles pour mener ses activités. Pour cela, il faudra dégager une ligne budgétaire pour son fonctionnement au niveau de chaque Etat. L’adoption et la mise en application de ces recommandations par les ministres au niveau des Etats participeront à une meilleure visibilité et partant à une meilleure contribution de l’institution au développement du système éducatif burkinabè.

Ali TRAORE

Sidwaya

Burkina/Fête du travail : La sécurité, les libertés (...)
Burkina/Célébration du 1er mai : Le Gouvernement interdit (...)
Burkina/Licenciement de Moussa Diallo, SG de la CGT-B : (...)
Fête du travail 2024 : Les journalistes de Lefaso.net (...)
Burkina/Orpaillage à Kalsaka : « J’ai eu trois millions de (...)
Burkina/ Enseignement supérieur : L’université Joseph (...)
Burkina/ Promotion de l’agrobusiness : « Sans accompagnement,
Burkina : L’ancien ministre, Pierre Claver Damiba, est (...)
Lutte contre les VBG : Children Believe et la (...)
Ouagadougou : Un présumé voleur d’engins à deux roues dans (...)
Burkina/Campagne d’évangélisation du Buisson ardent : (...)
1er Mai 2024 : Le président Ibrahim Traoré rend hommage (...)
1er Mai 2024 : La Section de France du MBDHP invite les (...)
Bobo-Dioulasso : Inauguration du nouveau siège de la (...)
Burkina / Soutenance de thèse : Daouda Sawadogo (...)
Burkina/Nappe de poussière : « Protégez-vous pour éviter (...)
Burkina/Santé : Pathfinder International fait don de (...)
Mise en œuvre du projet Weoog-Paani : Les résultats (...)
Burkina/Mémoire historique et sursaut patriotique : « On (...)
Construction de l’aéroport de Donsin : « Globalement, nous (...)
Burkina/Produits de grande consommation : Une hausse (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36561


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés