Actualités :: Audience délocalisée du Tribunal militaire : Une école de civisme

Le Tribunal militaire de Ouagadougou a tenu son audience délocalisée le 28 mai 2008, avec au rôle des dossiers d’abandon de poste, d’extorsion de fonds et de biens, de désertion à l’intérieur en temps de paix et de violences et voies de fait. C’était dans l’enceinte du camp Sangoulé-Lamizana.

Justifiant la délocalisation du Tribunal militaire, le lieutenant-colonel Jean-Claude Bagoro, commissaire du gouvernement, a indiqué que cela avait un but pédagogique pour la "construction" de la conscience citoyenne des militaires. En effet, a-t-il indiqué, "l’armée connaît certaines difficultés au plan disciplinaire" et, "le travail de la justice militaire consiste à renforcer cette discipline et à permettre aux militaires d’avoir un comportement citoyen".

En définitive, il s’agit "d’amener les militaires à la raison" pour qu’ils se conforment à la loi et ne "ternissent" plus par leurs actes, "l’image de marque de l’armée". Des propos qui se vérifieront tout au long du déroulement de l’audience, avec des affaires qui faisaient ressortir certains de ces actes répréhensibles.

Telle cette affaire de violences et voies de fait qui opposait quatre soldats de la 2e classe (Lompo Kalanfé, Zerbo Seydou, Issaka Sawadogo, Mamadou Ibéogo) à Abdoulaye Ouédraogo. Ce dernier avait été malencontreusement tabassé par trois de ces militaires (Seydou Zerbo n’a pas pris part à la ratonnade) au motif qui avait insulté Mamadou Ibéogo qui avait "braqué" son phare sur lui. "Je n’étais pas sur les lieux des faits, au moment où le militaire a été insulté", a rétorqué Abdoulaye Ouédraogo qui a donc été "milingué" (frappé en langage militaire) pour rien. "Ce sont ces actes que nous réprouvons", a souligné le commissaire du gouvernement Bagoro. "Nul n’a le droit de se rendre justice et, il faut réfléchir avant d’agir", opinera-t-il avant de requérir que chacun des prévenus s’acquitte d’une amende de 50 000 FCFA et paie solidairement 220 000 F CFA à Abdoulaye Ouédraogo, qui avait déclaré avoir perdu 185 000 F CFA ainsi que son portable lors de l’altercation.

Le Tribunal ne le suivra pas totalement dans ses réquisitions car, les trois prévenus écoperont d’une amende de 25 000 FCFA à titre de dommages et intérêts à la partie civile. Les intéressés disposent d’un délai de cinq jours pour introduire un recours en cassation.

Autre dossier mis en délibéré à l’audience, celui d’abandon de poste, d’usurpation de titre, d’extorsion de fonds et de biens et de complicité d’abandon de poste et d’extorsion de fonds mettant en cause, les sergents Joseph Bazié et Abdoul Karim Nacro, le boucher Salif Ouédraogo et le mécanicien Adama Ouédraogo.

Ils étaient accusés d’avoir à l’instigation de Adama Ouédraogo exercé une menace armée sur Soungalo Sanou (les faits se sont deroulés le 26 février 2008) dans le but de lui extorquer la somme de 50 000 F CFA, un portable de marque Nokia 2626 et une motocyclette Spark. Rappelons que la motocyclette Spark avait été gagée par Adama Ouédraogo auprès de Soungalo Sanou, contre une somme de 60 000 FCFA. Voulant récupérer sa motocyclette sans bourse déliée, ce dernier a donc utilisé ce stratagème musclé pour ce faire.

C’est donc terrorisés, que Sanou Soungalo et ses frères ont remis la somme et les matériels sus-indiqués à cette bande armée venue les assiéger à Borodougou. Ils ont, pour cela, écopé de 6 mois fermes pour Joseph Bazié, 12 mois avec sursis pour Abdoul Karim Nacro, 6 avec sursis pour Salif Ouédraogo et 4 mois fermes pour Adama Ouédraogo. Ils ont en outre été condamnés à payer solidairement 245 000 F FCA à Soungalo Sanou ainsi que les dépens. Eux aussi ont la possibilité d’introduire un recours en cassation dans un délai de cinq jours.

Des affaires de désertion à l’intérieur en temps de paix mettant en cause le sergent Gnondeguema Kabré, le caporal Hervé T. Dabilgou et les soldats de deuxième classe Donald Serges Zigani et Issaka Bingo. Gnondeguema Kabré et Issaka Bingo qui étaient jugés par défaut, ont écopé respectivement de 2 et de 3 ans fermes, avec mandat d’arrêt.

Ils sont en outre sommés de restituer le matériel militaire emporté. Quant à Hervé Dabilgou, il a pris 6 mois avec sursis cependant que Serges Donald Zigani s’en tire avec 12 mois avec sursis. "Le tribunal vous accorde ainsi une dernière chance", leur a dit le commissaire du gouvernement, Jean-Claude Bagoro. Lequel terminera ses réquisitions en affirmant que les audiences se veulent ainsi "une école de civisme".

Boubakar SY


Enterrer les vieux démons

Elles n’ont l’air de rein, les audiences du Tribunal militaire au regard bien souvent de la "banalité" des faits, mais elles constituent une véritable école de "civilisation" de certaines mœurs politiques qui portent un coup sévère à l’image de gardienne des institutions et de dernier rempart de la grande muette. Aussi insignifiants soient-ils, ces faits n’en prennent pas moins racine dans une vieille "croyance" qui veut que le militaire soit supérieur au civil et partant, ait droit de vie et de mort sur lui.

On est mémoratif de la bastonnade géante organisée contre les commerçants de Sankaryaaré dans les années 70, au motif que la femme d’un "codo" aurait été giflée par un commerçant. A côté de ces affrontements souvent violents, les réclamations armes au poing qui ont marqué l’histoire politique récente du pays, ont quelque peu terni le blason de la République. En choisissant de "rejoindre" les militaires dans les casernes, l’objectif est de renforcer la discipline et de permettre aux militaires d’avoir un comportement citoyen. Enlever, séquestrer et porter des coups et blessures à un citoyen peut prêter à conséquence, et, chacun devra réfléchir avant de poser un acte quelconque.

"L’armée ce n’est pas l’armoire", mais, c’est un corps d’élite qui doit se comporter de façon altière et martiale. C’est vrai qu’elle n’est pas en dehors de la société et que celle-ci comporte des scories qui la gangrènent, mais, elle doit demeurer le refuge, l’ultime recours. Dans cette optique, la hiérarchie doit montrer l’exemple, car, bien souvent, la grogne des hommes du rang est consécutive à certains manquements à la gestion. Soupe (ration alimentaire) insipide, prefranc retenu, les "petits" sont l’objet de brimades et en arrivent parfois à réagir violemment. Ce n’est pas bien pour l’unité de corps et d’esprit. Alors, réfléchissons avant d’agir, car le salut est à ce prix.

B.S

Sidwaya

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