Actualités :: Inondations à Ouagdougou : 546 sinistrés à Song-Naba

La première grosse pluie qui est tombée sur la capitale le 25 mai 2008 a été catastrophique pour les populations de Song-Naba, au secteur 16 de Ouagadougou, dans l’arrondissement de Boulmiougou. Les pieds dans l’eau, les 546 sinistrés ont été dirigés vers deux écoles dudit secteur : Samora Machel et Kouritenga. Heureusement, il n’y a pas eu de perte en vie humaine. Au niveau de Ouagadougou, on note cependant un mort Rimkéta.

Dimanche 25 mai 2008. Fête des mères. A Song-Naba, au secteur 16 de Ouagadougou, une centaine de mères étaient dans la mare, leurs cours ayant été envahies par les eaux. L’eau atteignait les genoux. La désolation est totale : maisons détruites, matelas et nattes trempés, bagages en plein air. On était près de penser à une opération "Bayiri". Les visages tristes, les riverains se ressaisissent pour expliquer :" Ce nouveau goudron semble avoir été fait dans la précipitation. Il n’y a même pas de caniveaux." Amadé Tiemtoré s’empresse de rendre grâce à Dieu : "Nous sommes 11 dans la famille. Heureusement qu’il a plu dans la journée, sinon c’était grave." Un regard furtif dans la cour permet de voir femmes et enfants assis devant des toilettes dévastées et une "bâchée et des vélos" bons à être envoyés chez le mécanicien.

Les accusations fusent de partout. "La route a été faite dans la négligence." En effet, ce nouveau goudron qui va de la station Pétrofa de Ouaga 2000 pour desservir le quartier Pissy vient d’être ouvert à la circulation, mais point de caniveaux. Sur les lieux, un caterpillar est en train de creuser un caniveau artificiel, une quarantaine de jeunes visiblement au service de la mairie s’activent pour approfondir ces trous qu’on fait vite d’appeler caniveaux. Ce travail du caterpillar ne plaît pas aux riverains. Un jeune, tout furieux, enfourche sa moto pour rattraper le pauvre chauffeur du caterpillar pour lui lancer : "Reviens fermer tes trous. On ne veut pas de ces caniveaux. Vous nous mettez davantage en danger. Le chauffeur est sans mot.

Ces "caniveaux forcés" ne laissent aucune ouverture devant les concessions. C’est comme pour dire : "Personne ne rentre (chez soi), personne ne sort (de chez soi)". Lorsque nous avons fini d’observer, cette scène, direction : l’école Samora Machel. Dans cette école qui accueille un peu plus de 700 élèves, l’ambiance est désordonnée et misérable. Sur les 12 classes que compte Samora Machel, 6 ont été occupées par les sinistrés. La moitié des écoliers suivent les cours dans la cour de l’école. Juste à côté, les femmes sinistrées lavent leur linge devant ces matelas déchirés et trempés, devant ces baluchons entassés. Pendant ce temps, Awa Yaméogo (chef de service de l’Action sociale et de la Solidarité de Boulmiougou) et son équipe ne chôment pas. C’est le recensement des sinistrés et la centralisation des difficultés. Certains qui n’ont rien à voir avec ces personnes en détresse, surtout à l’école de Kouritenga qui accueille l’autre partie des sinistrés, n’hésitent pas à faire le rang pour se faire enregistrer afin d’obtenir des parcelles.

La municipalité était déjà passée le jour du sinistre pour porter soutien et donner du pain et des sardines aux 546 malheureux. Le député de l’UNIR/MS, Malick Sawadogo, dépose deux billets de 10 000 F CFA pour assurer le petit déjeuner du 26 mai. " On n’a rien pour eux à midi", se lamente Awa Yaméogo. Puis arrivent la secrétaire générale du ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale. Elle est accompagnée par le secrétaire permanent du CONASUR, Amadé Belem. Ce dernier donne des instructions : offrir à ces sinistrés 40 nattes, 30 couvertures. Mais le regard du directeur de l’école, Emile Bonkoungou, est révélateur. Son école est retenue comme centre d’examen (CEP) à partir du 10 juin prochain. Que faire, malgré toute la compassion exprimée ? On va leur trouver un site, rassure Amadé Belem. Il ordonne de dresser 40 tentes , chaque tente pouvant accueillir 14 personnes. Le compte est bon. Les 546 personnes pourront y être logées. Mais pour combien de temps ? En attendant, la vieille Suzanne Nikièma, à l’image de tous les autres, a un voeu :" l’aider à dresser une autre maison car n’ayant rien pour acheter une brique, même en banco".

A Kouritenga comme à Samora Machel, la sécurité veille. Les sinistrés sont dans l’incertitude. Le goudron est en place. Les caniveaux se font toujours attendre et la pluie s’est annoncée. Triste situation. On apprend cependant que le corps d’un enfant de 13 ans a été repêché dans le bas-fond de Rimkéta au nord de la capitale. Il sera mort des suites de noyade.


Incompréhensif !

Encore une nouvelle voie sans caniveau ! Ouagadougou vient de se doter d’un goudron au grand bonheur des usagers de la route. Mais quel bonheur quand le riverain attrape son menton chaque fois qu’il menace de pleuvoir ? C’est bien ce qui est arrivé ce dimanche 25 mai au secteur 16. Il est incompréhensible que de telles réalisations ne subissent aucun reproche de ceux qui ont octroyé le marché. Et que disent les bailleurs de fonds ? Il est urgent que les choses changent. Les populations veulent du goudron, mais pas du goudron à n’importe quel prix.

A.L.G


Des "Pompiers" nommées écoles

L’école est le premier site d’accueil en cas de catastrophe. Malheureusement , elle ne fait pas partie des premières priorités en matière d’infrastructures. Des écoles sans clôture, des bureaux de directeur sans chaise, etc. Et quand ça chauffe, on vide les écoliers dont l’état psychologique est perturbé par ces scènes qu’ils n’ont jamais vues de si près, comme c’est le cas. Entourons nos écoles, transformées parfois en brigades de sapeurs-pompiers, des meilleurs soins, car elles servent toujours . N’attendons pas les catastrophes pour s’en rendre compte.

A.L.G


LES SINISTRES ET LES CHIFFRES

Hébergés à l’école Samora Machel

- 45 familles au total

- 41 chefs de famille hommes

- 4 chefs de famille femmes

- 241 enfants

- Soit un total de 286 personnes

Hébergés à l’école Kouritenga

- 46 familles

- 36 chefs de famille hommes

- 10 chefs de famille femmes

- 136 enfants

- Soit un total de 260 personnes

N.B : le nombre total des sinistrés est donc de 546 personnes

Alexandre Le Grand ROUAMBA

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