Margot partageait sa vie de femme célibataire, mère d’un enfant, entre Pierre le vieux commerçant et Pierre le jeune enseignant. Le vieux Pierre tenant ici le rôle du chèque et son jeune homo celui de chic-choc.
Margot, aux dires des uns et des autres, donnait le « kinka-yika » sans compter, si bien que les deux Pierre qui s’ignoraient l’un l’autre prenaient chacun pour lui et tout le monde était content.
Tout le monde ? Pas tant que ça, car petit Pierre commençait à soupçonner d’autres relations à Margot, des relations coupables comme si avec elle, lui-même ne vivait pas une relation coupable. C’est que petit Pierre avait répudié son épouse et ses deux enfants pour ne se consacrer qu’à l’affaire de Margot. Certaines personnes aussi lèvres épaisses lui avaient soufflé que sa dulcinée avait quelqu’un d’autre et que ce serait ce quelqu’un là qui lui aurait construit la maisonnette dans laquelle elle vivait en zone non lotie.
Les questions à Margot pour savoir la vérité restèrent vaines. Elle avait réponse à tout. Ses enquêtes pour la surprendre la main dans le sac ne lui rapportèrent que déception.
Petit Pierre demeurait pourtant persuadé que Margot se partageait entre lui et quelqu’un d’autre. Il était loin de se douter que c’était un autre Pierre qui détendait ses vieux nerfs avec elle. Et comme il n’y a rien de plus terrible qu’une jalousie qui n’a pas de fondement, qui n’a pas d’éléments comme combustible, le pire allait se produire dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 mars dernier.
En pleine nuit, petit Pierre se rend chez Margot. Elle est absente. Il entreprend de se mettre à l’angle du six mètres pour guetter son retour. Avait-il un trop plein d’alcool dans l’estomac ? Son guet ne dura pas longtemps car il s’endormit.
A son réveil il se rend chez Margot et constate qu’elle est revenue, il est 2 heures passées du matin. Petit Pierre retourne chez lui, d’où il revient avec une hache. Il frappe à la porte, elle lui ouvre. Il entre et sans parole, lui fend le crâne avant de s’acharner sur ce corps désormais sans vie. Margot avait 35 ans et petit Pierre 40 ans.
Sacré Chédou Ouedraogo
Sidwaya
