Actualités :: Nouvelle ambassade des Etats-Unis à Ouagadougou : Etat de grogne sur le (...)

Plus d’un mois après la pose officielle de la première pierre de la nouvelle ambassade des Etats- Unis d’Amérique à Ouagadougou, les entreprises chargées de l’exécution des travaux sont à pied d’œuvre pour faire sortir de terre les différentes infrastructures de l’institution. Mais déjà, des problèmes sont signalés dans le cadre du recrutement où les ouvriers burkinabè seraient purement et simplement refoulés au profit de nationalités étrangères.

Les travaux de construction de la nouvelle ambassade des Etats-Unis à Ouagadougou vont bon train,plu d’ un mois après la pose officielle de la première pierre. Sur le site à Ouaga- 2000, le chantier est des plus animés. Une animation sur fond de grogne car les entreprises chargées de l’exécution des travaux pratiqueraient une discrimination dans le recrutement des ouvriers.

Discrimination dont seraient victimes les Burkinabè. Ils seraient en effet, au moins un millier les Burkinabè qui se présentent tous les jours à la porte du chantier dans l’espoir d’obtenir un emploi, mais ils seraient très rares ceux qui ont la chance d’être retenus. C’est en tout cas ce que nous ont laissé entendre deux d’entre eux, le mardi 6 mai 2008. "La pratique est simplement révoltante. Les quelques rares Burkinabè qui sont recrutés sont automatiquement licenciés au profit de Togolais et de Ghanéens, surtout par le chef de projet, Jason Davis avec des prétextes que les Burkinabè ne sont pas compétents. Sur le chantier, il peut venir donner des contre- ordres par exemple à un ouvrier sur un ouvrage.

Celui-ci dans l’exécution du travail ne retient que les instructions de Jason Davis au détriment de celles reçues auparavant du grand patron. Lorsque ce dernier vient après pour contrôler, il constate les erreurs et la faute retombe sur l’ouvrier burkinabè. La conclusion est vite tirée et c’est le Burkinabè qu’on chasse pour le remplacer par un Ghanéen généralement...", ont expliqué les deux porte-parole des demandeurs d’emploi au chantier de l’ambassade, Jean Pierre Bélem et Issaka Samandoulougou. A les en croire, outre cette pratique qui se passe sur le chantier, les nationalités étrangères sont introduites discrètement pour être systématiquement embauchées alors qu’environ 1000 demandes burkinabè accompagnées de huit photos d’identité ont été récupérées et restent sans suite.

Ce qui serait inadmissible selon les plaignants, c’est que ceux chargés du recrutement tiendraient des propos insultants à l’endroit des Burkinabè. "Ils disent à qui veut les entendre que les Burkinabè ne connaissent rien et par conséquent ils ne travailleront pas sur ce chantier. Lorsque nous avons commencé à protester contre cette manière discriminatoire, Jason Davis nous a dit qu’il va donner de l’argent à la police afin qu’elle vienne nous chasser du chantier. Et il l’a fait. Actuellement, les CRS ont envahi le chantier et personne ne peut s’en approcher. La semaine dernière, un de nos camarades a été bastonné parce qu’il avait été licencié justement par les méthodes que nous dénoncions tantôt pour avoir voulu protester...", a expliqué Issaka Samandoulougou.

Des autorités burkinabè saisies ?

Excédés par cette "pratique discriminatoire", les demandeurs d’emplois burkinabè ont confié le problème aux syndicats qui, conduits par le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Burkina (CNTB), Laurent Ouédraogo, ont pris l’affaire au sérieux.

Des rencontres ont déjà eu lieu dont une avec le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Jérôme Bougouma. Mercredi 7 mai 2008, dans la matinée, une rencontre entre les demandeurs de l’emploi et les responsables de la CNTB à la Bourse du travail, Laurent Ouédraogo devait leur apporter la décision qu’avaient prise les autorités en charge du Travail sur la situation. Aussi, ils ne se sont pas fait prier pour investir la Bourse du travail dès 8 heures. C’est donc des centaines de personnes mécontentes que le secrétaire général de la CNTB a trouvées et lorsqu’il est arrivé. "Si j’ai mis du temps pour être là, c’est tout simplement parce qu’il fallait que je vienne avec des informations satisfaisantes. Je n’ai pas pu voir le ministre, mais je l’ai eu au téléphone avant qu’il ne parte pour le conseil des ministres. Il a dit qu’il faut une concertation entre vous, l’inspection du travail, les responsables des entreprises, l’ambassade des Etats-Unis et le ministère pour trouver une solution à la situation. La date de cette rencontre n’est pas encore connue, mais elle le sera incessamment...", a indiqué d’emblée, Laurent Ouédraogo. Mais ce n’est pas tout. Il avait avec lui, le compte rendu d’une mission effectuée le 29 avril 2008 sur le chantier de construction de l’ambassade par la direction régionale du Travail et de la Sécurité sociale du Centre, relative à la situation, qu’il a communiqué à l’assistance. La mission a été effectuée par Messieurs Mohamed Ouattara, Oumarou Savadogo et Julien Yaméogo.

Du compte rendu de la mission, il ressort que le principal employeur des travailleurs sur le chantier est la société B.L. Harbert international, "L’entreprise DE Simone (BF) SA sous-traite avec la première. L’entreprise DE Simone (BF) SA est représentée par M. Giorgio Costa, directeur général, M. Jason Davis en est le chef de projet. B.L Harbert "déclare employer une soixantaine de personnes dont la majorité est constituée du personnel administratif. DE Simone (BF) SA emploie elle, 113 personnes dont 58 sont déclarées à la Caisse nationale de sécurité sociale, selon le directeur général, Giorgio Costa. Il est le principal employeur des salariés travaillant sur le chantier et rien ne permet de vérifier cet effectif.

Les rapporteurs soutiennent que le doute sur l’exactitude des chiffres communiqués, aurait pu être levé si on leur avait laissée avoir accès au chantier. Ils s’y sont rendus le mercredi 30 avril à 5h 45 mn du matin pour établir avec certitude les informations sur la part entre les étrangers et les nationaux, mais on leur aurait refusé l’accès. Mais, les rapporteurs affirment que le nombre de travailleurs qu’ils ont vu sur le chantier dépasse largement le chiffre fourni. Sur la base des informations données par l’employeur, le pourcentage des non nationaux sur le chantier est de 31,86%. Un pourcentage que les missionnaires ont mis en doute dans leur rapport en ce sens que les étrangers sont employés en violation de la loi du travail au Burkina, ce qui fausserait le pourcentage.
En effet, l’entreprise emploie sans autorisation préalable et sans respect de la procédure en la matière qui veut que leurs contrats de travail soient visés par l’inspection du travail, ce qui fait que le pourcentage des étrangers reste inconnu.

Les demandeurs ont d’ailleurs contesté le nombre de travailleurs étrangers fournis par l’entreprise. Pour eux, les nationaux sur le chantier ne dépassent pas la trentaine et ils seraient en plus maltraités. Ils travailleraient 11 heures par jour (de 6h à 17h) pour deux mille francs CFA. Les demandeurs de travail exigent que l’on privilégie d’abord les nationaux avant les étrangers. "C’est ce qui se fait dans les autres pays...", clament-ils en chœur. Par des témoignages, ils ont expliqué que de nombreux Burkinabè ont subi et subissent encore cette discrimination dans les pays voisins. Laurent Ouédraogo a demandé à ses interlocuteurs de prendre leur mal en patience, le temps que la concertation préconisée ait lieu, car pour lui, le problème sera résolu. Certains ont demandé l’arrêt pur et simple du chantier en attendant que la solution soit trouvée.

Pendant que Laurent Ouédraogo et ses camarades prônent le calme et la patience, parmi les demandeurs, des radicaux passent aux menaces (...). L’entreprise justifie le recrutement des étrangers par le fait qu’elle a déjà formé ou repéré des compétences sur ses chantiers antérieurs qu’elle entend exploiter. Ces compétences auraient déjà participé à la construction des ambassades des Etats-Unis d’Amérique au Ghana, au Togo et au Bénin. Nous avons essayé de rencontrer les responsables de l’entreprise, le mercredi 7 mai 2008, en vain. “Il est interdit toute visite du chantier”. "Si vous n’êtes pas attendu, vous ne pouvez pas y entrer...", nous a laissé entendre, un des vigiles devant la porte d’entrée.

Etienne NASSA

Sidwaya

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