Actualités :: Grève à l’université de Ouagadougou : Les conséquences d’une courte vue de (...)

Depuis des mois, les cours sont régulièrement perturbés à l’Unité de formation et de recherche en science de la santé (UFR/SDS) de l’université de Ouagadougou. Les étudiants de l’ex-faculté de médecine exigent des autorités l’examen et la satisfaction de leur plate-forme revendicative, en souffrance depuis novembre 2007 et résumée en cinq points :

- la remise des copies d’examen ;
- la réouverture du concours d’internat ;
- l’élaboration des statuts des étudiants au sein des centres hospitaliers universitaires (CHU) et des textes sur les indemnités de stage ;
- l’augmentation des indemnités de stage ;
- la vaccination des étudiants stagiaires contre la méningite, le tétanos, la fièvre jaune, l’hépatite B, et une visite médicale annuelle.

Les négociations n’ayant pas abouti, les futurs médecins ont organisé des marches, des meetings et des sit-in. Rien n’y fit. Finalement, l’Association nationale des étudiants du Burkina (ANEB) s’est saisie du dossier et a décrété une grève de 48 h les 29 et 30 avril 2008 pour se faire davantage entendre. L’ordonnance des toubibs en herbe n’ayant pas été honorée, l’UFR/SDS fonctionne toujours au ralenti.

Lentement mais sûrement donc, on s’achemine vers une fin d’année mouvementée avec le grand retard que cette situation va engendrer dans le déroulement des cours alors que l’année académique a débuté tardivement (décembre 2007).

Pourtant, à y regarder de près, ces "grands élèves" ne demandent pas l’impossible à l’Etat. Les problèmes posés sont réels et des solutions consensuelles n’existent. Malheureusement, les autorités ont souvent la fâcheuse habitude de voir dans les revendications des étudiants une main manipulatrice dans le but de créer des troubles sociaux.

Il y a quelque fois du vrai dans cette suspicion, certains syndicats, étudiants en l’occurrence, étant l’antichambre de chapelles politiques ou les vitrines légales de mouvements clandestins, mais pour que le manipulation prospère, encore faut-il qu’elle trouve un terreau fertile !

Sans oublier que les présumés manipulés, qui ne sont pas des enfants, savent où se trouvent leurs intérêts. A-t-on besoin d’être manipulé pour revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail ? A-t-on besoin d’être manipulé pour savoir qu’on suit des cours dans une salle exiguë où ne peuvent prendre place que les premiers arrivés ?

A-t-on besoin d’être manipulé pour savoir qu’il faut se faire vacciner afin d’éviter des risques sanitaires parce qu’on est en contact avec les patients ? A-t-on besoin...

Reconnaissons que l’université de Ouagadougou connaît des difficultés, les gouvernements successifs n’ayant pas été prévoyants quant à sa capacité d’accueil pour ne citer que ce seul aspect du problème.

En effet, l’accent a été mis pendant des années sur la construction des collèges d’enseignement général (CEG) dans tous les coins et recoins du Burkina, ce qui a, il est vrai, l’heur d’accroître l’offre éducative et l’accessibilité des enfants à des établissements proches de leur domicile.

Ces infrastructures scolaires ont cependant été parfois érigées à tort et à travers et surtout sans qu’on songe véritablement à construire des amphithéâtres pour accueillir les milliers d’étudiants supplémentaires qui déferlaient chaque année sur le campus.

Ces écoles primaires et secondaires ont ainsi essaimé, charriant par cargaisons entières des bacheliers que les universités ne sont pas préparées à accueillir.

Ce sont les conséquences de cette courte vue de l’esprit qui apparaissent aujourd’hui et que les associations estudiantines dénoncent à travers leur plate-forme.

Jusque-là la lutte de la corporation ANEB de l’UFR/SDS est pacifique. Mais il faut craindre des méthodes musclées, que l’ANEB ne dédaigne pas. Malheureusement, les hommes qui gouvernent ce pays ne semblent comprendre que ce langage. Les récentes manifestations contre la vie chère sont illustratives de cet état de fait.

C’est maintenant qu’il faut prôner le dialogue direct et constructif au lieu de faire appel aux imams, aux prêtres, aux pasteurs et féticheurs pour livrer des messages de paix et de tolérance, comme on l’a vu de par le passé, afin de pouvoir dire à l’opinion publique "voyez-vous, on leur a demandé en vain de reprendre les cours".

Chercher à gagner du temps tout en espérant que le découragement va gagner les croquants est une tactique dépassée, surtout quand les problèmes posés sont justes.

Cela dit, engager des luttes quand approche la fin de l’année académique, comme si on cherchait à l’hypothéquer en prenant en otage les examens avec des grèves à répétition, est un couteau à double tranchant, car l’arme peut se retourner facilement contre ses utilisateurs.

Une chose est sûre : les perturbations font planer constamment le spectre de l’année blanche et décrédibilisent le diplôme universitaire. Dans la sous-région, l’université de Ouagadougou demeure sans aucun doute beaucoup cotée, mais à l’allure où vont les choses, elle risque un classement similaire à celui du Burkina (174/176) dans le rapport annuel du PNUD.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur

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