Actualités :: Système éducatif burkinabè : Un condensé de contradictions

On ne le dira jamais assez : le métier d’enseignant est un sacerdoce. Ce métier comporte beaucoup d’exigences morales, intellectuelles, psychologiques et autres. Ces exigences ont amené des régimes à prendre des mesures de motivations importantes et de revalorisation pour les hommes et les femmes qui s’y destinent. Parce que profondément conscients que l’éducation et la formation sont l’alpha et l’oméga de tout développement national, ces régimes ont offert aux enseignants de toutes catégories (primaire, secondaire et supérieur) des conditions acceptables et un plan de carrière logique et clair.

Au Burkina Faso, tout est mélangé, tout est sens dessus dessous. Le système éducatif se cherche. Et on a comme l’impression que l’État est complice de ses dérives, ou du moins il participe activement à leur accélération. C’est pourquoi on se demande souvent quelles sont les ambitions du Burkina Faso en matière d’éducation.

Tenez : de nos jours, l’enseignement, la santé, la police et la gendarmerie sont les corps où on recrute beaucoup dans la Fonction publique. Après le recrutement, suit la formation dans les différentes écoles disséminées à travers le pays. Le ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation suit-il une promotion d’enseignants pour voir ce qu’elle est devenue, ce qui en reste comme enseignants au bout d’une dizaine d’années ? Les statistiques donneraient, à n’en pas douter, des vertiges aux responsables à tous les niveaux. Si une telle étude était menée honnêtement et sans complaisance aucune, on s’apercevrait du nombre des instituteurs qui ne se sont plus présentés à leur école. La conséquence c’est que des classes se retrouvent sans maîtres, des écoles sans directeurs, etc. Pourquoi ? Parce que beaucoup de gens se sont servis ou se servent du concours de recrutement des instituteurs de la Fonction publique comme d’une passerelle pour aller ailleurs. Faut-il les condamner ? Que nenni ! Au Burkina Faso, pas grand-chose n’est fait pour inciter les enseignants à accepter leur sacerdoce. Toute l’aura qui s’attachait aux hommes et femmes qui avaient embrassé ce métier, est partie en lambeaux. L’enseignant, ce personnage qui était tant respecté, qui était invité dans toutes les cours, est aujourd’hui un personnage falot qui tire douze mois sur douze le diable par la queue. Par rapport à son promotionnaire de classe au secondaire qui occupe aujourd’hui une place dans une autre branche de l’Administration où il peut se livrer parfois à des deals, cet enseignant qui n’a, dans le meilleur des cas, que les vivres Cathwel qu’il va de temps à autre troquer ou vendre au boutiquier du coin, l’enseignant est misérable. Lors d’une rencontre de ces deux anciens camarades de collège et devant l’étalage des signes extérieurs de richesse, les illusions de départ de l’instituteur sont vite dissipées. Il est persuadé qu’il peut avoir mieux et être meilleur dans un autre corps. Il a la conviction que l’enseignement ne nourrit plus son homme. Et, avec la bénédiction, pour ne pas dire la complicité de l’Administration et usant de multiples subterfuges, il émigre aisément vers un autre corps. Et l’engagement décennal qu’il a signé, se demandera-t-on ? Il a la valeur que lui donne l’Administration. C’est à l’État de se faire respecter en respectant lui-même ses propres textes.

Soyons clairs. Ce propos n’a pas pour objectif de dire que l’enseignant n’a pas le droit de changer de profession, encore moins de chercher son mieux-être. Tout citoyen burkinabè, si ses capacités intellectuelles, psychologiques et morales le lui permettent, doit viser une meilleure promotion. Toutefois, nous restons convaincus que si un plan de carrière adéquat était dressé pour chaque enseignant, si un minimum véritablement vital de choses était apporté à ses conditions de vie et de travail, toutes ces mesures guériraient les frustrations qui sont le lot de ces hommes et de ces femmes qui, pour reprendre l’expression de l’autre, "travaillent comme éléphants et mangent comme fourmis".

D’une manière générale, c’est le mépris de l’État pour ses propres engagements qui se traduit par la déchéance généralisée que nous déplorons. Dans tous les milieux, on se plaint aujourd’hui de la baisse du niveau de l’enseignement. L’État est le premier responsable de cette baisse. Les salaires de misère qu’il donne aux enseignants du primaire, du secondaire et du supérieur en sont l’explication principale. Qu’on leur donne de bons salaires, ils fourniront un meilleur rendement, et aucun enseignant ne sera plus tenté d’aller voir ailleurs. Mis dans certaines conditions, tout enseignant travaillera pour être le meilleur dans son école, son lycée ou son collège, sa faculté. Ce n’est pas sorcier. Il est ici question de l’avenir que chaque pays prépare pour son peuple. Cet avenir dicte forcément ses choix les plus fondamentaux.

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