Actualités :: Débat télévisé du 8 avril : Une occasion manquée par les centrales (...)

Le 8 avril dernier, la Télévision nationale du Burkina (TNB) a organisé un débat entre le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Jérôme Bougouma, et le président du mois des centrales syndicales Laurent Ouédraogo. Pour l’auteur des lignes ci-dessous, elle a été une occasion manquée par les centrales syndicales, au regard de la prestation en dessous de la moyenne de leur représentant à ce débat.

J’ai suivi avec un grand intérêt le débat entre le représentant des centrales syndicales et celui du gouvernement sur les antennes de la télévision nationale, le mardi 8 avril 2008.

Si le représentant du gouvernement s’en sortait assez bien dans la défense de la position gouvernementale concernant la vie chère, on ne peut pas en dire autant du représentant des centrales syndicales. En effet, ce dernier a brillé par le manque de pertinence et d’objectivité dans ses analyses et par la légèreté avec laquelle il a pris part au débat télévisé.

Lorsqu’on a la responsabilité de défendre les intérêts de plusieurs milliers de gens, on doit se mettre à la hauteur de la mission dont on a la charge de l’exécution. Mon irritation a été au comble lorsque le président du mois des syndicats a déclaré : "Je suis venu au plateau comme ça" ; pour se dédouaner des limites de son mémoire en défense face au membre du gouvernement ; comme si le débat avait été improvisé.

Le représentant du gouvernement, profitant des limites objectives du président du mois des syndicats, faisait référence à des données fraîchement recueillies auprès des services techniques du ministère du Commerce pour corroborer ses déclarations.

Notre syndicaliste a été tellement séduit par le "charme" des propos de son vis-à-vis qu’il a fini par lui donner raison sur certains points. Dans ce cas, ces derniers doivent disparaître de la plate-forme revendicative des syndicats. Quelle occasion manquée par les centrales syndicales !

Pour revenir sur certains éléments du débat, il me paraît important de faire les observations suivantes :

- Au sujet de l’augmentation des salaires

La loi de finances pour l’exécution du budget de l’Etat, gestion 2008, affecte 290 milliards de francs CFA au fonctionnement de l’Etat, y compris les dépenses du personnel, évaluées à 190 milliards. Il ressort clairement que les salaires représentent 2/3 des dépenses de fonctionnement de l’Etat et, malgré tout, le train de vie de l’Etat se porte assez bien avec beaucoup de colloques, d’ateliers, de missions, de fêtes commémoratives, etc., qui pèsent lourdement sur le budget de l’Etat. L’incidence des revendications salariales des syndicats sur le budget de l’Etat s’estime à 48 milliards si l’on considère le taux de 25% applicable sur les charges du personnel de l’Etat. Cette augmentation relève de la folie, pour reprendre les termes de "l’autre", si elle n’est pas tout simplement un facteur qui alimente l’inflation, selon le gouvernement.

Le Premier ministre a déclaré que le Burkina Faso n’avait pas de pétrole mais qu’il avait des idées. Alors, mettez en branle vos idées pour parvenir à une augmentation dans une proportion acceptable par tous.

Face à la demande de relèvement des salaires, le gouvernement semble à cours d’idées, pardon, à cours de volonté ; et pour justifier sa position, le ministre Bougouma nous a rappelé, comme son collègue de l’Economie et des Finances, l’un des critères de convergence de l’UEMOA en relation avec la masse salariale qui serait de l’ordre de 35% des recettes fiscales.

Au Burkina Faso, ce taux se situerait autour de 47% et que si le gouvernement veut relever les salaires, il faudra trouver des recettes supplémentaires, a-t-il conclu.

Face à cette situation, il y a deux alternatives qui, de mon point de vue, doivent être considérées :

- Réduction du train de vie de l’Etat

Je salue les mesures du Premier ministre visant à réduire le train de vie de l’Etat, même si elles n’ont pas encore eu d’impact direct sur les salaires des travailleurs.

Dans un contexte mondial caractérisé par la flambée tous azimuts des prix des produits, les Etats à faibles revenus ont intérêt à faire de la bonne gouvernance leur cheval de bataille. En effet, les actions déjà engagées par le Premier ministre doivent être accompagnées par des réformes institutionnelles objectives basées sur un diagnostic sans complaisance de l’ensemble de nos institutions. La gestion rationnelle des charges de l’Etat permettra de réaliser des économies ; ce que les comptables appellent "excédent budgétaire" pouvant prendre en compte une partie des revendications des syndicats.

Ailleurs, des relèvements de salaires ont été faits en plus de la suspension des taxes pour soulager des peuples. Pourquoi chez nous ces mesures sont considérées folles ?

On me dira que ces pays sont économiquement plus nantis que le Burkina (ils ont du pétrole, par exemple) mais le Burkina a des idées de même valeur que le pétrole ; c’est ce que le Premier ministre nous a donné de croire à l’occasion de son discours sur la situation de la nation à l’Assemblée nationale.

Du reste, si tant est vrai que l’Etat peine à trouver des ressources supplémentaires, il est temps de faire un clin d’oeil à nos honorables députés, très prompts à consentir l’impôt applicable aux autres et qui palpent annuellement des millions sans payer l’IUTS. Quel contraste !

Messieurs les législateurs, souffrez que vos électeurs contribuables vous invitent cette fois-ci sur le terrain de la vie chère pour battre campagne, non pas contre un adversaire politique mais contre la flambée des prix des produits de première nécessité. Vivement que la commission parlementaire chargée de traiter de la question fasse des propositions pertinentes susceptibles de nous sortir de l’ornière.

- Relèvement du taux de pression fiscale.

Le Burkina Faso a un taux de pression fiscale de 12%, tandis qu’il est de l’ordre de 17% dans la zone UEMOA.

C’est donc dire que l’assiette fiscale est en dessous de son niveau optimal ; ceci interpelle à plus d’un titre le gouvernement, dans ce contexte de vie chère avec son cortège d’émeutes, à la mise en place de mécanismes efficaces de mobilisation des ressources qui sont les siennes en vue de faire face à l’inflation galopante et de mettre fin aux nombreux soucis existentiels de nos populations.

- Au sujet de l’augmentation des prix des denrées de première nécessité

Tout en saluant les initiatives de l’Etat à travers la baisse des taxes sur ces produits, je suis pessimiste quant à leur efficacité. Je suis d’autant plus pessimiste que même le meilleur maître (Fonds monétaire international) du Burkina Faso, par la voix de son directeur général, Dominique Strausskan, est septique face à cette mesure. Il aurait fallu tout simplement subventionner ces produits, a-t-il déclaré en substance.

On n’apporte pas de solution conjoncturelle à un problème structurel dans le seul but de calmer la rue ; le problème demeure entier et prend des proportions inquiétantes.

En effet, des études montrent que la tendance à la hausse va se poursuivre dans la mesure où le prix du baril augmente de jour en jour, que le réchauffement climatique s’accentue, et que la demande alimentaire des pays émergents croît. A quelque chose malheur est bon.

Le ministre Bougouma, lors de l’émission, a invité les populations au changement d’habitudes de consommations. Eh bien ! l’Etat aussi !

La solution à la cherté des produits de grande consommation est, en grande partie, endogène. En effet, le retour à la consommation locale sera salvateur.

L’Etat doit travailler à créer toutes les conditions foncières, fiscales et technologiques nécessaires pour encourager la production locale quant à sa consommation par les populations, elle sera régulée par les contraintes exogènes.

Ismaël OUEDRAOGO

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