De la Sabar à la musique malienne, du High-life au Ziglibithy, tous les pays africains possèdent une musique dont le cachet particulier renvoie à une identité nationale et constitue un référentiel dans lequel tout le peuple se reconnaît.
Vous avez dit tous les pays africains ? Il faut hélas en déduire le Burkina Faso dont l’abâtardissement culturel est même devenu un sujet de discussion dans la sous-région. Avec une jeunesse totalement extravertie bêtement tournée vers des modèles d’importation, rutilante de valeurs synthétiques et ne sachant en guise de création que mimer et imiter avec une lamentable petitesse d’esprit, on voit mal comment le Burkina pouvait créer une signature artistique qui lui soit singulière.
Tandis qu’ailleurs ses collègues s’efforcent de déployer leur génie à partir du dépôt de la tradition, l’artiste musicien standard du Burkina met un point d’honneur à abâtardir son art en lui injectant autant de corps étrangers qu’il lui est possible de l’affubler. Ainsi, quel que soit le rythme, il est devenu de bon ton d’aligner des danseuses dont le seul art consiste à savoir remuer les fesse en adoptant les attitudes les plus obscènes. Que dire des rappeurs dont tout le génie consiste à gesticuler sur scène avec une implacable imbécillité ?
La danse qui est avant tout une musique du corps, une symbiose entre l’attitude physique et le génie musical, est ravalée en de vulgaires jeux de fesses, sans grâce et sans pudeur... à l’image de l’esprit de ceux que réjouissent une telle forme de débauche. Parmi les spectateurs de ces carnavals du grotesque, des jeunes filles portant pantalons à taille basse et exposant ostensiblement leurs dessous aux regards, de jeunes gens vêtus d’espèces de sacs en jean avec l’entrejambe qui leur arrive aux genoux et des poches sur les mollets. A titre de comparaison, l’Etat de Louisiane aux Etats-Unis a interdit le port des vêtements qui exposent les dessous aux regards.
D’autres Etats ont interdit les pantalons sacs car leur largeur permet aux délinquants qui les portent de dissimuler des armes, de la drogue et autres.
Outre la désagrégation des spécificités culturelles du pays, la jeunesse elle-même s’expose par sa carence et son manque de recul au plus grand danger de notre époque de technologie avancée ; être phagocytée par la « civilisation » immonde et factice de l’image télévisuelle et le monde artificiel des télénovelas.
Le Burkina en tout cas, au regard des habitudes de sa jeunesse comme des prestations surtout de ses artistes musiciens, semble avoir atteint une cote d’alerte sur laquelle il sera difficile de revenir. Le constat est amer mais l’espoir aussi fait vivre semble-t-il.
Luc NANA
L’Hebdo
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