Actualités :: Aïcha Koné : Ses vérités sur l’Affaire Norbert Zongo

Après dix ans d’absence, l’artiste-musicienne ivoirienne, Aïcha Koné vient de séjourner au Burkina, dans le cadre de l’élection Miss Burkina 2007. Malgré ce long temps, la chanteuse à la voix véloutée est restée égale à elle- même. C’est une Aïcha Koné souriante, charmante, et drapée dans ses parures dorées que nous avons échangé à bâton rompu, le 12 juillet dernier.

Rien n’a été tabou. La diva de la musique africaine s’est entièrement ouverte à nous en répondant avec aisance à toutes nos questions. L’affaire Norbert Zongo, la réligion, la beauté, la situation ivoirienne, l’élection Miss Burkina, etc., sont entre autres sujets abordés au cours de cet entretien.

"Le Pays" : Pendant longtemps vous vous êtes absentée du Burkina. Pourquoi ce long silence ?

Aïcha Koné : Je ne venais pas parce que mon nom avait été mêlé à cette histoire de meurtre de Norbert Zongo. J’étais très déçue.

Avez-vous quelque chose à dire sur cette accusation ?

Je ne suis au courant de rien. Je n ’ai jamais vu Norbert Zongo. Je ne sais pas comment mon nom a figuré dans cette histoire. C’est depuis Paris que j’ai appris cette nouvelle.

Avez-vous des relations particulières avec la famille du président du Faso, notamment avec François Compaoré ?

Qu’est-ce que vous appelez relation particulière.

Le connaissez -vous ?

Non ! Je ne le connais pas.

Mais il a été dit que vous le connaissez bien...

C’est ce que les hommes disent, mais moi je vous le dis à haute et intelligible voix : je ne connais pas François Compaoré. Je suis désolée.

Pourquoi n’avez-vous pas démenti à l’époque ?

J’ai fait une déclaration dans le quotidien "Fraternité matin" à Abidjan.

Peut-on savoir la substance de cette déclaration ?

Que je ne me sens pas concernée ni de loin, ni de près. Mon souhait est qu’un jour la vérité éclate. Parce que je ne suis ni la femme, ni la maîtresse de François. J’ai appris cette histoire à travers des tracts. On parlait d’argent que François devrait me remettre. Une fois de plus, je ne connais pas François.

Le public burkinabè était surpris d’entendre votre nom dans cette affaire. On s’attendait aussi à ce que vous fassiez quelque chose à son intention...

Personne n’est venue me m’interroger au pays. Même ceux qui ont fait les tracts ne sont pas venus vers moi. Ils n’ont pas de preuves. Alors, ils se sont mis à raconter des histoires.

Que comptez -vous faire à présent ?

Je me suis toujours confiée à Dieu parce que lui seul sait tout ce qui est dans l’obscurité ; Que Dieu nous donne une longue vie pour que cette affaire soit un jour clarifiée parce que je ne suis pas prête à supporter cette accusation injuste. Je ne veux pas non plus que ma progéniture porte ce poids. Je souhaite de tous mes voeux que Dieu nous aident à faire la lumière sur cette affaire dans laquelle j’ai été méchamment salie.

Vous parlez beaucoup de Dieu, et vous portez un voile. Que représente pour vous ce voile ?

Le voile n’est pas une fin en soi. Ce qui importe, c’est ma foi, et non l’habillement. Comme on le dit, l’habit ne fait pas le moine.

Votre regard sur la situation politique actuelle en Côte d’ Ivoire ?

Nous espérons que la paix reviendra définitivement dans la pays. En tout cas, c’est mon souhait. Que Blaise Compaoré réussisse sa mission de facilitateur. Comme on le dit chez nous : "Quand tu poses un acte, tu le fais pour toi-même. Si tu es bon, tu es bon pour toi-même. Si tu es mauvais, sois toujours mauvais, mais arrange-toi pour ne pas mourir."

Quelle est la contribution des artistes musiciens ivoiriens pour le retour de la paix en Côte d’Ivoire ?

Nous avons fait une tournée à l’intérieur du pays à travers la corporation des musiciens dénommée les "Pions de la paix." Nous avons été à Bouaké, Korogho, etc. Les populations de ces villes nous ont bien reçus. Des villes comme Man, Séguéla, ont aussi été visitées par les artistes.

De qui est venue l’initiative ?

Des artistes eux - mêmes. Quand la maison brûle, chacun doit agir sans attendre. Et c’est ce que les artistes ont bien compris.

Pendant votre tournée pour la paix, quels étaient les thèmes abordés ?

C’était essentiellement la paix. Depuis les spots et les annonces médiatiques, tout était focalisé sur les notions de paix, d’union, de réconciliation, etc. Tout le monde a adhéré à l’initiative. Nous avons même planté des arbres qui symbolisent la paix et la réconciliation. Et les arbres seront arrosés au quotidien par les populations des différentes régions visitées, symbole d’une réelle acceptation de la paix et de la réconciliation. Je trouve cela positif.

Nous avons joué et dansé avec nos frères et soeurs de ces zones qui nous ont bien accueillis. A Korogho, au lieu d’une nuit, nous y avons passé deux nuits. C’était vraiment de belles retrouvailles.

Quel est le message que porte le récent album de la diva ?

Tout est sur la réconciliation et l’amour du prochain.

Après votre retour de la Mecque, vous auriez déclaré que vous n’alliez plus faire de la scène ?

Je suis désolée. Je n’ai jamais dit cela.

Une personne qui a le statut de "Adja" ou "Ladji" doit-elle chanter ?

Pourquoi pas ? Il n’y a pas d’opposition. Que les gens se forment davantage sur les fondements et les contours de l’islam. Que les hommes arrêtent de dénaturer les prescriptions et les recommandations islamiques. Beaucoup de personnes récitent aveuglement les versets coraniques sans méthodologie et sans pédagogie. Parce que l’islam évolue avec le temps. Avant la gent féminine ne partait pas à l’école. Elle était la gardienne du foyer. Aujourd’hui, tout cela est dépassé. Même le prophète (PSL) a encouragé la recherche du savoir chez le musulman. De même, son épouse Aïcha s’est inscrite dans cette logique. Je suis désolée. La musique, c’est mon métier. Je vis de ça. Mais la musique n’a rien à voir avec mon comportement.

Le titre de "Adja" ce n’est pas une prison où l’on est enfermé dans sa chambre et on pense négativement des autres. La religion ne se limite pas à la prière et au pèlerinage à la Mecque. C’est plutôt l’intention que tu nourris vis-à-vis des autres. La Mecque ne garantit pas le paradis. L’on peut rester chez soi, et dans l’adoration et aller au paradis si Dieu le veut. En me rendant à la Mecque, j’ai mis en relief l’un des cinq piliers de l’islam : "faire le pèlerinage si l’on a les moyens". Dieu m’a donnée les moyens, et je lui ai obéi en effectuant le pèlerinage. Et je rappelle que c’est une recommandation et non une obligation.

Selon des sources, vous auriez construit une mosquée dans un quartier à Abidjan...

Je n’ai pas encore offert une mosquée. Il m’arrive de fréquenter plusieurs lieux de culte, même les églises, pour suivre les sermons des guides spirituels. Parce que j’aime écouter les prêches. J’aime la vie des prophètes. C’est une école de sagesse. Cela participe à renforcer mon éducation spirituelle et à surmonter les épreuves. Il y a également le respect d’autrui dans la différence et l’acceptation des autres religions.

Est-ce que vos pratiques ne sont-elles pas une entorse aux lois islamiques ?

Je ne pense pas. Seuls les musulmans mal instruits comprennent difficilement cette méthode. La fréquentation de différents lieux de culte n’est pas interdite par l’islam à ce que je sache. Je vais uniquement écouter les prêches pour me rapprocher du Seigneur. Je suis musulmane pratiquante. Je sais ce que je fais. Je suis toujours en quête de conseils et d’enseignements. C’est cette raison qui m’amène à fréquenter également l’église.

Vous êtes bien habillée et vous portez des parures en or : l’or représente quoi pour vous ?

Je crois que l’or, c’est le métal qui flatte la femme. Ça lui fait plaisir. Et, j’ai évolué dans un environnement mandingue où l’or fait partie des accessoires de beauté.

Concernant la beauté, la diva est toujours égale à elle-même, sans ride. Quel est votre secret ?

Il n’y a pas de secret. J’ai toujours été fière de mon teint. Comme secret, je dors bien et j’aime me reposer après le boulot. Et aussi, j’utilise un savon naturel. J’adore le savon traditionnel communement appelé "safinafi". Ma mère m’avait habituée au beurre de karité que je fais bouillir, plus du jus de citron, et des grains d’encens. Et le tout donne une crème efficace. Et toute la famille l’utilise.

Cela fait quand même longtemps que vous êtes dans la musique. Pensez-vous souvent à arrêter un jour votre carrière ?

C’est mon souhait. Parce que ma mère s’est toujours opposée à ce que je fasse de la musique. Sinon je pense à arrêter. Mais seul Dieu a le dernier mot.

La musique représente quoi pour vous ?

J’aime la musique. C’est mon métier. A travers ce métier, j’apporte beaucoup de choses à la société. Quand par exemple je vais en Serra Leone chanter pour des réfugiés et je laisse ma recette pour des causes sociales, à soigner les déplacés de guerre, j’apporte mon soutien aux autres. Lors- que mes recettes sont remises aux plus pauvres, aux femmes et aux enfants, aux habitants de zones sinistrées, je contribue également à donner de la joie aux autres. J’ai donné l’espoir aux orphelins, aux femmes aux blessés de guerre et aux vieillards à travers la musique. J’ai été au Liberia et en Agola pour ces missions.

Est-ce que la diva donne la "zakate" (ndlr, une sorte d’aumône) ?

Je le fais selon les prescriptions islamiques.

Vous pouvez donner combien par exemple ?

Je préfère être discrète sur cette question. Je ne dirai rien. La "zakate" appartient à Dieu. Donc, je préfère ne pas rentrer dans les détails. J’agis dans la foi. Seul Dieu sait le montant de ma "zakate". J’aime faire la "zakate". Lorsque je suis en retard vis-à-vis de la "zakate", je ne dors pas bien.

Au-delà de votre prestation musicale à Miss Burkina, quelle autre contribution personnelle ferez-vous ?

Je viens participer à la fête en tant que soeur et sans contrepartie. Je n’attends rien en retour. Une fois de plus, je remercie Mustapha Thiombiano (ndlr, promoteur de Miss Burkina) et tout le peuple burkinabè.

Avez-vous un coup de gueule ?

J’ai deux coups de gueule. L’affaire Norbert Zongo où j’ai été accusée qui me chagrine toujours. J’ai eu très mal et j’ai passé des nuits blanches. J’en ai souffert. Je ne sais pas si c’étaient des manoeuvres pour certains de me chasser du Burkina. Je n’ai jamais vu Norbert Zongo. Je demande au Seigneur de sortir la vérité. Parce que je dois savoir comment mon nom s’est rerouvé dans cette affaire de Norbert Zongo. C’est dommage. François n’a jamais été un camarade, ni un copain à moi. Ça me fait très mal. Je sais seulement que c’est le petit frère du président Blaise Compaoré. C’est vraiment une accusation gratuite. Je suis innocente dans cette affaire. Mon second coup de gueule, c’est la crise ivoirienne. Nous avons vécu la guerre. Les ivoiriens ont souffert.

Mais j’ai grand espoir que la Côte d’Ivoire va retrouver la paix grâce à Dieu et au facilitateur Blaise Compaoré. Que le président du Faso réussisse à faire revenir la paix pour éviter l’humiliation. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !

Votre coup de coeur ?

L’accueil qui m’a été réservé par mes fans depuis l’aéroport. Ce sont les retrouvailles. Quand, je venais au Burkina en 1978 et 1979, j’avais deux chants dans mon répertoire. J’ai fait mon concert à la Maison du peuple avec deux chansons. Je dois beaucoup à ce pays. Parce que le Burkina m’a lancée et m’a mise en confiance. Le pays m’avait adoptée. Malheureusement, cette affaire de Norbert Zongo est venue me salir auprès du peuple burkinabè que j’adore tant. Cette affaire m’a fragilisée à tous les niveaux. J’ai souffert injustement dans ma chair. Ma venue au Burkina constitue donc une lueur d’espoir qui se dessine pour moi.

Pour finir, j’aimerais aussi que la presse burkinabè me prête main forte dans cette affaire-là. J’ai foi en Dieu. Tôt ou tard, la vérité triomphera. Les calomniateurs et les détracteurs vont échouer. Et, Aïcha Koné va se réconcilier avec tous ces fans burkinabè.

Propos recueillis par Lassina SANOU et Issiaka KABORE (Stagiaire)

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