Malgré son étiquette de « capitale du cinéma africain », le paysage audiovisuel du Burkina demeure étonnamment plat malgré une haute concentration de talents aussi bien du côté des comédiens que des réalisateurs et scénaristes. C’est dire qu’une nouvelle production dans ce domaine crève l’œil en attendant l’écran et qu’il est à la limite agréable de parler de ce qui est devenu si rare.
Malade d’un amateurisme qui certes honore l’art mais en fige le professionnalisme, le cinéma national, (honte à nous) était en net recul sur tous les fronts. Distribution hésitante et otage d’une billetterie inexistante, infrastructures obsolètes et administrées comme la première épicerie du coin, bref tous les ingrédients étaient (sont) réunis pour faire du cinéma, la lanterne rouge des initiatives au pays du FESPACO. (Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou).
En attendant que chaque Burkinabé fasse sienne cette honteuse dégringolade et en espérant que les vigoureuses mesures d’assainissement adoptées par la direction de la cinématographie nationale contribuent à redonner toutes ses lettres de noblesse au cinéma national, un évènement cinématographique (puisqu’ils sont devenus si rares) retient l’attention en ces périodes estivales.
En effet à Bobo-Dioulasso dans le Sya, les séances de travail se succèdent à un rythme soutenu pour traduire « Le secret de Goama » sur le petit écran. « Le secret de Goama », il faut sans doute le rappeler est une série conçue par le réalisateur Adama S. Traoré et dont le pilote, achevé il y a quelques mois en 2006, avait été largement commenté dans la presse. Tous les épisodes (40 au total) constituant cette série seront disponibles, on l’espère, à partir d’octobre prochain et les téléspectateurs ne tarderont pas à sympathiser avec des personnages tels Goama, Tinga, Maman Odile, Juliette, Chirac et compagnie.
« Le secret de Goama » en effet, est une série qui, à travers le vécu quotidien, explore des thèmes lourds de morale et met en scène des concepts d’une brûlante actualité à l’heure où la lutte pour la survie dissimule parfois la perception même d’un code d’honneur.
Ainsi, cupidité, solidarité familiale, amitié, trahison se relayeront en fond de trame au fil des épisodes pour faire de cette série les yeux, la bouche et la conscience de tous car, infailliblement, chacun se découvrira d’une manière ou d’une autre dans un récit qui interpelle à fond de cœur.
Luc NANA
Sidwaya
