Actualités :: Musique burkinabè : Du bricolage !

Derrière les vedettes, les artistes-musiciens, gravite tout un monde : musiciens, imprésarios, directeurs artistiques, managers, directeurs de salles, etc. Ceux-là vivent également des chansons de l’artiste ou de la vedette. Mais ici au Faso, le constat est que cette chaîne de personnes n’existe pas. Les plus visibles, les managers, sont rares et ont la manie du bricolage.

Tout comme l’arrangeur musical qui est celui qui harmonise et donne sa couleur particulière à la chanson par l’organisation des instruments d’accompagnement, le manager est celui qui dessine un plan de carrière à l’artiste-musicien, qui organise la vie de l’artiste. En football, on parle le même langage sauf qu’on change de scène. Les enjeux restent les mêmes : faire de son protégé une vedette, réaliser une diffusion et des ventes qui suscitent l’admiration, réussir des concerts dans les plus grandes salles, enregistrer un succès médiatique fulgurant.

Voilà résumés les domaines d’intervention du bon manager, du professionnel. Dans le monde musical burkinabè, très peu de managers ont conscience ou, du moins, tiennent compte de tous ces aspects. Il est vrai qu’on ne naît pas manager mais on le devient tout de même par une réelle volonté et une envie d’exercicer ce métier avec professionnalisme.

Malheureusement, la plupart de nos managers sont des animateurs radio ou télé, à tout le moins journalistes culturels qui n’ont pas forcément le désir d’en faire un métier. Manager un artiste pour cette catégorie de personnes est juste une occupation secondaire. Une seconde catégorie de managers sont ceux-là qui font partie du lot de copains, amis, parents ou simples connaissances de l’artiste-musicien. On fait souvent recours à eux par esprit de facilité.

Dans un tel contexte, combien sont-ils ces "managers" à mesure de détecter un talent chez un artiste, de l’encadrer convenablement, de lui dessiner un plan de carrière ? Ici au Burkina Faso, voilà à quoi rime manager un artiste-musicien : conférences-dédicaces d’albums, petit interviews à gauche et à droite "un petit gombo" lors d’une cérémonie. Ensuite, on est satisfait ! Encore faut-il que tout cela se passe avec la manière. Beaucoup ne maîtrisent pas l’organisation d’une dédicace d’album, incapables de s’exprimer correctement devant un parterre de journalistes.

Pire, lorsqu’un journaliste demande à un manager comment se dessine le plan de promotion de l’album de son poulain, répond laconiquement : "Nous comptons beaucoup sur vous les journali stes. La promotion de l’album, c’est d’abord vous." Voilà des méthodes d’un management du sous-développement. Un journaliste ne fait pas la promotion d’un album, il informe sur la promotion. Il importe au manager de prendre ses responsabilités et de les assurer pleinement. Chacun doit jouer son rôle : à l’artiste de chanter et de bien chanter, au manager de l’encadrer convenablement et au journaliste d’informer les mélomanes sur leur travail (l’artiste et son manager), bon ou mauvais.

Ismaël BICABA


La Maison du peuple

La Maison du peuple : Cauchemar des artistes burkinabè, symbole de popularité des étrangers

Le Burkina Faso compte de nos jours de nombreuses salles de spectacles. La plus grande et la plus célèbre reste "la Maison du peuple", véritable baromètre de popularité des artistes-musiciens nationaux et étrangers.

Ce jeudi 21 juin 2007 correspond à la XXVIe fête de la musique, un événement de portée internationale initié par l’ex-ministre français de la Culture, Jack Lang. C’est l’occasion pour nous de jeter un regard rétrospectif sur la musique burkinabè qui, aux dires des spécialistes, a fait un bond quantitatif. La qualité n’est encore pas tout à fait une réalité dans les productions discographiques au Burkina Faso. Côté infrastructures, un effort semble être fait par de nombreux promoteurs, surtout privés via la création d’espaces dédiés à la culture et aux arts : la Termitière, Rosa Dei Venti, le Gigot à la ficelle.

En dépit de l’avènement de tous ces espaces, la plus grande salle du Burkina Faso, plus précisément à Ouagadougou, reste "la Maison du peuple". Inaugurée le 18 octobre 1965, "la Maison du peuple" avec ses 2000 places est devenue un cauchemar qui hante la carrière des artistes- musiciens burkinabè même les plus en vogue au Burkina Faso. A l’exception du groupe Yeleen, aucun d’entre eux n’est arrivé au cours d’un concert ou d’un spectacle ces deux dernières années à faire le plein de la Maison du peuple.

Alif Naaba, Sissao et Floby (la révélation de la musique burkinabè), pour ne citer que ces trois, s’en sont rendus compte lors de leurs différents concerts live dans cette salle. Que dire du flop du groupe la Cour suprême concernant le public lors de leur récent spectacle. Pour expliquer cet échec récurrent des musiciens nationaux dans cette salle, certains ont prétexté l’esprit difficile et souvent anti -patriotique du public burkinabè vis-à-vis des nationaux.

Pour continuer à exister artistiquement dans la capitale, certains musiciens ont jeté leur dévolu sur le jardin de la musique "Reemdoogo", qui ne compte que 400 places. Cauchemar pour les musiciens nationaux, la Maison du peuple est devenue en peu de temps et grâce à des promoteurs burkinabè, le symbole de la popularité des artistes étrangers, surtout ivoiriens dans la mouvance du coupé-décalé. Boulevard DJ, Diskonty DJ, Mareshal DJ... ont fait le plein de cette salle. Et même Boulevard DJ s’est permis au cours d’une même soirée, de remplir à deux reprises "la Maison du peuple".

Cette domination, plutôt ce règne des artistes étrangers à la Maison du peuple a été terni quelque peu par le fiasco surprenant de l’artiste-musicien nigérian, 2 face Ibidia. Cette situation suscite une interrogation : à quoi bon exiger la construction de salles de spectacles plus grandes si les artistes-musiciens burkinabè surtout les plus en vogue n’arrivent pas à remplir la seule grande salle du moment ?

Alassane KERE

Sidwaya

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