Actualités :: Burkina / An un du MPSR 2 : Des acquis, mais aussi des dérives, selon (...)

Dans son édito datant du 27 septembre 2023 et intitulé « Mon capitaine, il faut changer votre fusil d’épaule », notre confrère de l’Observateur Paalga faisait le bilan des actions du MPSR 2 , un an après sa prise du pouvoir ( 30 septembre 2022).
Le journal souligne qu’il y a eu des acquis. Cependant, il y a des dérives qui sont constatées depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré.

Lefaso.net

« … En un an, de nombreux actes souvent volontaristes et mâtinés d’idéologie ont été posés. Ainsi, et à titre d’exemples, de la dénonciation des accords militaires et fiscaux qui nous liaient à la France, du renvoi de la force Sabre qui stationnait à Kamboinsin, de la mise en œuvre de l’actionnariat populaire, de l’offensive agro-sylvo-pastorale, des nouvelles bornes légales imposées aux promoteurs immobiliers, de la résiliation du contrat sur l’aéroport de Donsin qui liait l’Etat à une société française, de la cession d’actifs miniers d’Inata et de Tambao à AfroTurc, etc.

Sauf à pécher contre l’esprit, on ne peut donc pas nier que de nombreuses mesures ont été prises même si pour certaines, il faut attendre d’en mesurer l’efficacité et l’impact dans le temps. Cependant, douze mois après l’avènement du MPSR II, force est de reconnaître que le problème qui a justifié l’irruption du capitaine Traoré sur la scène politique nationale est loin d’être réglé.

Bien au contraire, malgré l’acquisition de moyens substantiels, notamment en matière de vecteur aérien (drones et hélicoptères), le recrutement massif de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) la réorganisation du maillage sécuritaire du territoire qui avait déjà commencé avec Roch et Damiba, malgré la neutralisation par centaines de ces fourmis rouges qui s’incrustent dans tous les coins et recoins du pays et la destruction de leurs bases, on ne perçoit toujours pas de résultats objectivement mesurables dans la reconquête du territoire même si, fort opportunément, une dizaine de jours avant l’anniversaire, le Conseil des ministres, en sa séance du mercredi 20 septembre dernier, a annoncé le retour de 191 937 personnes déplacées internes dans leurs localités d’origine. Un chiffre très précis, à la PDI près, dont on ne peut que se féliciter en espérant que toutes les conditions (sécuritaires en l’occurrence) ont été réunies sur place pour qu’elles y restent et ne soient pas de nouveau contraintes de fuir et, surtout, que cette tendance positive se poursuivra.

Car pendant que certains regagnent le bercail, d’autres prennent toujours le chemin inverse.
Ces douze derniers mois, le nombre de PDI a franchi allègrement la barre des 2 millions, le nombre d’écoles, de centres de santé fermés continue sa courbe ascendante et le retour de l’Etat dans ces zones où la vermine fait la pluie et le beau temps se fait attendre.

(…)Si donc, sur le terrain miné de la reconquête du territoire, les indicateurs objectivement mesurables et constatables ne sautent pas forcément aux yeux nonobstant l’engagement sans faille de nos FDS et des VDP qui continuent de tomber chaque jour au champ d’honneur, les restrictions des libertés individuelles et collectives, elles, par contre, sautent aux yeux.

Qu’on se comprenne bien. En temps de péril, il est normal que pour sauver la patrie en danger, chaque citoyen concède une partie de ses droits et que la cité remette pour un temps déterminé son sort entre les mains d’un « dictateur », détenteur de l’imperium au sens noble où on l’entendait dans la Rome antique. Mais de là à instaurer une chape de plomb sous le couvert de la lutte contre le terrorisme juste parce qu’on ne souffre pas la contestation, il y a un pas que le capitaine aurait gagné à ne pas franchir.

Des partis politiques et des OSC mis sous coupe réglée, des tentatives de musèlement des journalistes dont la plume tremble chaque fois qu’ils doivent opiner sur la situation nationale (beaucoup ne s’y risquent même plus), des magistrats tenus en laisse par le premier magistrat…pour le capitaine Traoré, tout le monde doit marcher au pas et gare à celui qui ne file pas droit.

Pendant ce temps, d’autres campent sur la place publique et sont autorisés à manifester. Ce n’est pas juste comme l’Etat doit savoir l’être en toutes circonstances et s’il suffisait de bâillonner toutes les voix discordantes, d’installer une forme de terreur kaki pour que la paix revienne, il y a longtemps que le problème aurait été réglé. Or deux putschs après, on est loin d’apercevoir le bout du tunnel.
Il ne faut donc pas se tromper d’ennemi.

On aurait tort en effet de prendre ceux qui sont d’un avis contraire pour des « apatrides » qu’il faut abattre alors que dans le même temps, on proclame l’union de tous les Burkinabè car nous vaincrons ensemble ou nous périrons ensemble.

Au demeurant, depuis sept ans que nous sommes embourbés, et pour ne parler que des pisse-copies, Dieu seul sait combien de fois les médias ont permis aux politiques et aux FDS de rectifier le tir là où il le fallait. On ne le dira jamais assez, les vérités qu’on n’aime pas entendre sont celles qu’on gagnerait à méditer le plus.

Et s’il est bien une catégorie d’individus dont l’homme du 30-Septembre doit se méfier, c’est moins ceux qui critiquent son action pour lui permettre de se corriger et de nous sauver que ceux qui lui chantent chaque jour qu’il est le plus beau, le plus fort et le plus intelligent. Ils seront les premiers à retourner leur veste au moindre pépin comme on l’a si souvent vu dans l’histoire récente du Burkina. Comme le disent les Ecritures, ils vous auront renié trois fois avant que le coq n’ait chanté. C’est juste un conseil d’ami.

Autre chose, mon capitaine, si le discours officiel chante les vertus de la bonne gouvernance, les actes trahissent parfois une gestion patrimoniale des affaires publiques.

Certes, on ne gouverne qu’avec ses amis et non avec ses ennemis et comme le dit un adage bien de chez nous, « le naam se bouffe en famille ». Qu’à cela ne tienne, avec ses petits et grands frères, ses oncles, papas et tantes qui gravitent dans les premiers cercles du pouvoir, on a parfois le sentiment d’un IB & Co plutôt gênant, surtout quand on veut jouer au révolutionnaire au-dessus de tout soupçon comme la femme de César.

Comparaison pour comparaison à Sankara, le leader de la révolution d’août-83 n’aurait pas fait cela. Seulement voilà, 40 ans après, les officiers subalternes qui roulent carrosse, au propre comme au figuré, savent que la révolution à la sauce potasse de leurs devanciers n’était pas particulièrement ragoutante. On l’a bien compris, « la révolution n’a jamais aboli les privilèges, elle change juste les privilégiés » (Albert Camus). Seulement, ça fait tache au moment où la majorité des Burkinabè étouffent à cause des multiples taxes et impôts créés pour soutenir l’effort de guerre et des conditions de vie on ne peut plus difficiles.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres, il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser et les zélateurs du régime qui s’apprêtent à commémorer l’An I du MPSR rectifié devraient se garder de plastronner. S’il fallait faire le bilan d’une année de rectification du MPSR, au lieu de se gargariser sur les acquis, ce serait bien de s’appesantir sur les lacunes et insuffisances pour redresser la barre pendant qu’il est temps

Et si commémoration il devait y avoir, ça devrait être une journée d’hommage, de souvenir et de recueillement pour les martyrs de Koumbri, de Nassoumbou, de Foutouri, de Bourzanga, de Seytenga, de Solenzo, de Solhan, de Déou-Oursi, d’Ougarou… de tous ces éléments des FDS et VDP ainsi que des nombreux civils fauchés par les balles assassines de ceux qui ont juré notre perte. Pas pour faire le panégyrique d’un homme, soit-il messianique, et de son régime.
Pas en ces temps troubles. »

Source : L’Observateur Paalga

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