Connaissez-vous vraiment les Dozos et les règles qui régissent leurs confréries ? Tel un livre d’histoire, le Trésor humain vivant, Konomba Traoré, a fait voyager un public jeune, ce mardi 2 mai 2023 à Bobo-Dioulasso, lors d’un panel animé dans le cadre de la 20e édition de la Semaine nationale de la Culture.
Les ancêtres Dozos sont des chasseurs et selon Konomba, c’est en Afrique de l’Ouest particulièrement au Mali et à l’ouest du Burkina que l’on trouve des confréries de Dozos, des organisations assez bien structurées. « Toute société a besoin d’une organisation solide. Ce qui est cohérent se tient bien. Le symbole de la cohésion, c’est l’épis de mil ou de maïs où toutes les graines sont harmonieusement rangées », résume le panéliste, grand commis de l’Etat à la retraite.
Konomba Traoré croit dur comme fer que « Tout est mystico-sacré en Afrique ». Pour lui, ce qui fait cette particularité du continent doit être protégé. « Sinon dans cinquante ans, on ne connaîtra plus ce qu’est un fétiche », alerte-t-il, avant de poursuivre « Les ancêtres nous ont légué ces pouvoirs, ces connaissances pour que nous les préservions intactes. Je ne crois pas au métissage culturel. Les blancs veulent nous flatter avec ça. Il faut conserver le savoir et le savoir-faire dans toute son authenticité comme c’était avant », a-t-il lancé.
Selon le chef Dozo, le Dozo connaît sa place et respecte aussi les autres et la vérité, la solidarité, l’humilité, le respect de la hiérarchie, le patriotisme sont essentiels à la vie au sein de la confrérie. « Le Dozos se sacrifie pour les autres, ses semblables. Cela renvoie au patriotisme. Si tu n’es pas fier de ta propre famille, tu n’es pas prêt à te battre pour elle, tu ne le feras pas pour ton pays […] Le Dozo est très respectueux des règles établies. Pourquoi a-t-on peur des militaires, policiers et gendarmes ? On n’a peur que de ce qui est soudé. Quand tu as affaire à un Dozo, tu as affaire à tout le monde. Nous sommes solidaires ».
Le respect du bien commun est l’une des caractéristiques du Dozo et cela pourrait sans doute s’expliquer par la présence d’un gendarme, les fétiches, pour punir le fautif. Konomba Traoré rêve d’un tel dispositif dans le système de gouvernance moderne. « Si l’on pouvait faire pareil au niveau de l’Etat, ce serait bien. Plutôt que de jurer sur la constitution qui n’est qu’un tas de papier, tous ceux qui jurent au niveau élevé de l’Etat doivent jurer sur la terre des ancêtres et des fétiches », préconise l’homme de culture.
Selon le Trésor humain vivant, la protection du faible est obligatoire chez les Dozos et la femme est mise en valeur. « Les Dozos mettent la femme au-devant. La femme peut faire partie de la confrérie des Dozos. Exceptionnellement, si son père veut perpétuer la tradition et qu’il n’a pas de garçon, il peut initier sa fille à certaines choses. Sauf qu’elle ne va pas au Dankou. C’est notre lieu sacré, c’est là qu’on tue les animaux », explique Konomba Traoré.
Pour lui, la femme a un grand pouvoir qu’il ne faut pas sous-estimer. « Si une femme te maudit même si elle n’est pas ta mère, la malédiction s’abat sur toi. Même dans la société des sorciers, l’homme exécute les corvées et le chef des sorciers est toujours une femme : une femme ménopausée ou une fille pubère. Il n’y a pas de petite femme », conclut Konomba Traoré.
HFB
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