Les dégâts catstrophiques causés par le cyclone Katrina continuent d’être découverts, les morts ne faisant que s’ajouter aux morts. Le bilan officiel fait état de 218 morts et les statistiques sur le nombre de victimes potentielles totales ne sont pas des plus reluisantes : on estime qu’elles pourraient atteindre 10 000, surtout que le plus dur reste à venir, quand les eaux vont quitter les habitations.
Aux débuts de ce cataclysme, le président Georges Bush avait poliment décliné toute aide étrangère, mais avait plus tard rectifié le tir en assurant être ouvert à toutes les offres d’assistance.
Même si ce n’est pas la première fois que ce pays avait déjà accepté une aide internationale, notamment après les attentats du 11 septembre 2001, le recours à des pays ou à des institutions reste toutefois exceptionnel pour cette nation, qui est la première puissance économique, politique et militaire de la planète et la plus grosse pourvoyeuse d’aide en cas de catastrophes à l’étranger.
Comme il fallait s’y attendre, beaucoup d’Etats et de structures se sont empressés de voler au secours des populations sinistrées : le Koweït et le Qatar avec respectivement 500 et 100 millions de dollars, l’Union européenne avec une aide d’urgence sous forme de kits médicaux, d’eau et de 500 000 rations alimentaires. Il en est de même pour l’OTAN et la Grande-Bretagne, qui ont annoncé l’envoi de plus d’un demi-million de rations alimentaires.
Quant au gouvernement français, il met à la disposition des Etats-Unis tentes, couvertures, bâches, kits de cuisine, etc. Plusieurs autres pays comme la Suisse, la Norvège, Israël, le Pérou, la Corée du Sud et le voisin canadien et jusqu’à l’Agence de l’énergie atomique ont décidé de voler au secours de l’Amérique.
Si des pays comme le Sri Lanka et l’Afganistan, plus nécessiteux que les Etats-Unis malgré leur sinistre, se sont répandus en largesses, la surprise est par contre venue de ces chefs d’Etat qui ne veulent pas voir Georges Bush même en peinture.
Comme le Hugo Chavez du Venezuela, qui va fournir un millions de barils d’essence, la Chine, cinq millions de dollars et ...l’ennemi héréditaire, Cuba, qui a même augmenté sa proposition d’aide après sa décision d’y envoyer des médecins cubains ; au grand mépris de Georges Bush, le fils de son père, qui se paie le luxe d’ignorer cette participation de Fidel Castro.
Mais on est tenté de se demander à quoi rime toute cette générosité tous azimuts. Si l’on est coutumier de la gentillesse qui est presque dans les gènes d’un pays nordique comme la Norvège ou dans un moindre mesure de la Suisse, il faut reconnaître que bien des donateurs attendent un retour de l’ascenseur de la part du pays de l’Oncle Sam. Pourvu que la personne « aidée » se rappelle aux bons souvenirs de la personne qui a commis le geste.
Mais enfin ! Comme on aime à le dire, on ne prête qu’aux riches, ou du moins dans cette circonstance, on pourrait dire que l’on aide souvent ceux qui n’en ont pas beaucoup besoin. Par exemple, au Pays des hommes intègres, il est coutumier qu’une personnalité de la finance ou de la politique engrange dix fois plus que les sommes dépensées après un deuil, des funérailles ou un baptême.
Pour le malade, c’est souvent même une bataille rangée pour être son accompagnant d’une nuit. Le pauvre besogneux, lui, n’a d’autres choix que d’aller s’endetter dans une caisse populaire ou, à défaut, d’aller voir un usurier ou vers la SOBCA. Si un pays comme le Sri Lanka, l’un des plus pauvres du monde et qui a maille à partir avec ses rebelles Tamoul, a offert 25 000 dollars, qu’attend donc le Burkina pour mettre la main à la poche ? Peut-être que l’on n’y perdrait pas au change !
Issa K. Barry
L’Observateur
