Actualités :: Burkina Faso : La traite de nouveaux acteurs dans la politique, un vent (...)

« L’impasse politique, c’est aussi quand la vieille génération au pouvoir n’a plus rien à donner et que la jeune génération hésite à naître ». Ainsi peut-on aussi comprendre l’homme politique italien, Antonio Gramsci. Ce constat s’applique-t-il au Burkina Faso ? Si oui, comment va-t-il sortir de cette impasse ?

Au Burkina Faso, la nouvelle génération, à même de faire bouger les lignes, est née et en émergence. Pourvu que ce ne soit pas une couche sans issue ; parce que sous nos cieux, ils sont nombreux, les partis politiques qui n’ont jamais survécu au-delà de leur jour de naissance. Haro donc sur ces naissances sans lendemain, juste pour amuser la galerie. Qu’à cela ne tienne, le Burkina Faso ose espérer que la génération de ces nouveaux acteurs se singularise de par sa volonté politique à donner le bon exemple de gouvernance, loin de ce qui s’apparente à de la prostitution politique.

Ce n’est un secret pour personne, les partis politiques au Burkina Faso ont quasiment snobé une de leurs missions fondamentales : l’éducation des populations, l’éducation du peuple. Pis, ils ne semblent pas non plus disposés à écouter et répondre aux attentes de la société. Ils se sont plutôt recroquevillés autour d’une seule fonction : l’organisation des stratégies d’accession au pouvoir (ou pour graviter autour du pouvoir).

Pour ce faire, la fin justifie les moyens ! L’on est même allé jusqu’à pousser une certaine jeunesse à se transformer en de vrais mercenaires sur les réseaux sociaux pour donner des coups en dessous de la ceinture des adversaires politiques. L’on a appris à la jeunesse à arpenter les couloirs des administrations, des bureaux et les « six-mètres » des domiciles pour mentir, calomnier (ou, dans le meilleur des cas, être des laudateurs), rien que pour mendier des postes, du travail et autres retours en numéraires pour survivre.

A telle enseigne que nombre de citoyens sont convaincus que la politique maintenant est un véritable bazar des valeurs sociales. On ment, on corrompt, on fragilise même le vivre-ensemble et l’unité nationale par certains propos et attitudes.

La pauvreté aidant (si elle n’est même pas entretenue à des fins purement politiques), l’on a fini également par faire comprendre à la société qu’on ne peut être à la fois politique et honnête. De sorte qu’on a du coup réussi à repousser le maximum de personnes vertueuses loin de la sphère politique. Dès lors, le terrain est à suffisance laissé libre aux mains des seuls politiciens de métier, parmi lesquels pataugent (néanmoins) de rares bonnes graines.

Mais, peut-on espérer un changement qualitatif, tant prôné par tous, si la politique doit se vivre sans ces personnes qui ont des valeurs à donner et qui sont, jusque-là, restées observatrices pour une raison ou une autre ? Certainement pas ! Il semble que le Burkina ne peut plus attendre grand-chose de sa classe politique actuelle. Pas qu’elle n’a pas de ces hommes vertueux, mais parce qu’elle a le mérite d’avoir donné tout ce qu’elle pouvait.

C’est dans ce souci qu’il sied de se féliciter de la descente dans l’arène politique de nouveaux acteurs, qui ont longtemps animé la vie politique de façon indirecte. Entre autres, Dr Adama Coulibaly (APP/Burkindlim) et son groupe de jeunes anciens leaders de l’ANEB (Association nationale des étudiants burkinabè) ; l’enseignant Aimé Joël Ouédraogo (RSEEP), Pr Abdoulaye Soma avec son Soleil d’avenir, Pr Augustin Loada avec le MPS, le pasteur Claver Yaméogo avec le MRP.

Bien avant, l’on a enregistré le positionnement d’une vague, constituée essentiellement d’émancipés d’autres organisations politiques (Me Ambroise Farama qui rompt avec l’UNIR/PS pour créer l’OPA-BF ; Carlos Toé abandonne le PAREN pour créer le MCR ; le NCC de Jean-Claude Kaboré constitué de transfuges de partis, etc.).

Et il n’est pas exclu l’arrivée, dans les prochains jours, de nouvelles figures, en provenance de la diaspora, notamment de la France. Depuis un certain moment, un groupe de jeunes cadres burkinabè, issus de prestigieuses universités et évoluant, pour certains, au sein d’institutions internationales, mènent la réflexion sur comment prendre part activement à la vie politique de leur pays « pour changer la donne ». Poussés en cela, confie-t-on, par la dégradation de la situation socio-économique.

Il faut parvenir (comme l’a toujours appelé de toutes ses forces le fondateur du PAREN, Pr Laurent Bado), à faire rêver le peuple, susciter et raviver la flamme de l’espoir chez les Burkinabè de toutes les contrées. Cette nouvelle vague pourrait rendre opérationnelles les idées et autres solutions qu’elle n’a, jusque-là, défendues qu’à travers plateaux télé et colonnes de presse. Et vivement qu’il en soit ainsi pour le bien du pays.

Pour cela, la société burkinabè ne doit pas réserver un accueil et des propos désobligeants à ces arrivants qui ont fini par se convaincre que leur mission va au-delà de ce qu’ils s’étaient jusque-là donnée à savoir, observer, critiquer, éclairer et proposer des solutions. Ils ont compris qu’il faut désormais, en plus de cette mission, se donner les moyens d’appliquer les valeurs et solutions qu’on a toujours défendues pour sortir le pays du bourbier et l’engager dans une dynamique plus radieuse.

Cela va nécessiter de la part de chaque citoyen burkinabè qu’il ne soit pas, lui-même, un vecteur qui tue l’engagement patriotique des autres, émoussant du même coup les bonnes volontés qui hésitent à s’engager pour leur pays.

Dans le manifeste de leur parti politique, certains de ces arrivants ont clairement justifié leur pas en politique par la situation difficile que vit le pays. Cela implique qu’ils ne n’auraient pas opté pour la politique, si la situation que traverse le Burkina depuis quelques années n’était pas préoccupante. C’est donc un devoir patriotique, peut-on comprendre. Il faut donc attendre de les voir à l’œuvre. Leur rappeler cela, à chaque fois que nécessaire. C’est de la sorte que chaque Burkinabè rendra aussi service au pays en ces temps difficiles.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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