Actualités :: Politique nationale : "L’opposition sait ce qu’elle veut"

C’est "un militant de lopposition engagé" qui ,répond ici à "un observateur inconnu de la scène politique", disséquant les différents points abordés par le second dans un écrit qu’il avait publié dans les organes de presse nationaux.

Dans un article paru dans le Sidwaya du 18 janvier 2005, le Président de l’ADF-RDA, Me Ouédraogo Gilbert Noël "a interpellé toute la classe politique nationale, toutes sensibilités confondues, à faire de la question du chef de file de l’opposition son affaire".

En invitant ainsi toute la classe politique, opposition comme majorité, à faire de la question du chef de file son affaire, le Président de l’ADF-RDA a considéré l’installation d’un chef de file de l’opposition comme une avancée démocratique.

Par enchantement, dans la presse, c’est à un observateur inconnu de la scène politique que des acteurs cachés ont confié le soin de développer leur point de vue sur la question après avoir suspecté longuement l’opposition de ne pas savoir ce qu’elle veut ou de vouloir tromper les citoyens. Pour faire peser sur l’opposition d’aussi graves accusations conformément à la mission qui lui a été confiée, il s’est appesanti sur cinq (05) points, qui de notre analyse sont pertinents mais inopérants.

1) De la longévité politique de Blaise Compaoré !

Il affirme d’abord que c’est la majorité politique qui a voulu cette longévité comme si Blaise Compaoré était un président élu sans parti politique comme ATT (Amadou Toumani Touré). Aussi il importe de se poser la question de savoir si c’est la majorité politique qui a fait Blaise Compaoré ou bien c’est Blaise Compaoré qui a fait la majorité politique ?
Monsieur Djibril Ouédraogo doit pouvoir répondre à cette question puisqu’il semble être un observateur avisé de la scène politique.

Dans le même paragraphe il se contredit. Car ayant affirmé au début que c’est la majorité politique (qui reste d’ailleurs à définir) qui a voulu la longévité de Blaise Compaoré, et à la fin du paragraphe c’est l’opposition qui a une part de responsabilité dans cette longévité politique. Pour un observateur de la scène politique, il aurait fallu se rendre compte de la différence qu’il y a à faire entre longévité politique et longévité au pouvoir. La longévité politique du Pr. Joseph Ki-Zerbo ne fait aucun doute tout comme la longévité au pouvoir du Président Compaoré. Et justement parlant de longévité au pouvoir, notre observateur devrait réfléchir aux conséquences de celle-ci à la lumière de ce qui se passe sous des cieux non lointains.

Lorsque vous répondrez à la question posée plus haut, vous saurez qui de la majorité ou de l’opposition ne sait pas ce qu’elle veut.

2) De la gestion des municipalités

On vous comprend difficilement, car vous employez distinctement les mots "CDP" "Pouvoir" ou "Gouvernement" pour désigner des entités différentes au point que vous distinguer le pouvoir du CDP et le gouvernement du CDP. Alors que vous n’ignorez pas que le gouvernement qui exerce le pouvoir exécutif le fait au nom du CDP parce qu’il en est issu et qu’il le fait aussi au nom du Président du Faso qui est le candidat du CDP.

La majorité parlementaire est également du CDP ! Qui dit mieux quant à la responsabilité de cette forte majorité dans la gestion des communes, surtout quand vous savez pertinemment que les actes de gestion les plus importants d’une commune sont soumis à une autorisation préalable ou à une approbation par l’organe de tutelle (le Conseil des Ministres via le MATD).

Pendant que ces "révocations et suspensions" sont l’oeuvre d’une majorité stable acquise depuis 2000 dans les communes, le mode de scrutin aux élections locales a été modifié par le CDP (lors de la dernière modification du code électoral) au motif que l’ancien mode de scrutin émietterait les conseils élus et pourrait devenir source de crises dans les communes.

L’opposition à l’époque, en l’occurrence l’ADF-RDA, avait attiré l’attention de la majorité parlementaire sur la duplicité d’un tel argument en indexant que toutes les crises dans les communes sont le fait du CDP malgré "ses majorités stables". Nous avions alors indiqué qu’il fallait plutôt laisser s’appliquer le mode de scrutin en vigueur en 2002 afin de savoir quel serait le meilleur mode de scrutin pour la bonne gestion de nos communes.

En toute logique politique, si les citoyens ne sont pas trompés ou abusés ni leur conscience achetée, l’alternance devrait se réaliser au profit de l’opposition aux prochaines élections locales : l’électorat devrait sanctionner la mauvaise gestion des communes par le CDP. Lors de ces échéances, on voudrait bien savoir qui de la majorité (avec son gouvernement) ou de l’opposition trompera les citoyens en ne leur disant pas la vérité sur la gabegie et la corruption qui rongent nos communes.

3) de l’Administration de la justice
Sur ce point, je suis heureux de reconnaître que je suis parfaitement d’accord avec vous. Seulement, en prime avec votre argumentaire et votre raisonnement, notre pays devrait rejoindre les pays qui ont aboli la peine de mort. Et pour ne pas encore tromper les citoyens sur la nécessité d’une justice non expéditive et qui circonscrit les conséquences des erreurs judiciaires, j’invite le gouvernement et les députés CDP sur le chantier déjà forgé par Amnesty International et un de leur ex-député et actuel gouverneur.

4) De la candidature de Blaise Compaoré (ce quatrièmement était le cinquièmement dans votre article mais enfin je suppose que vous comprenez pourquoi l’inversion !)
Le point de vue de M. Ouédraogo Djibril n’appelle aucun commentaire car il aborde plutôt des questions stratégiques.

5) Du statut du chef de file de l’opposition

L’opposition, depuis l’adoption de la loi portant statut de l’opposition, n’a jamais cessé de dire aux citoyens que cette loi existe et de demander à l’exécutif de l’appliquer. De 2000 à 2005, ni le PDP/PS ni l’ADF-RDA d’avant ou après (son congrès extraordinaire des 28 et 29 juin 2003), n’ont cessé de demander la reconnaissance du chef de file de l’opposition et l’application de la loi portant statut de l’opposition. Et là où vous vous trompez et trompez les citoyens, c’est lorsque vous polémiquez sur statut de l’opposition et statut du chef de file de l’opposition.

Vous jouez sur les mots ! En vérité il existe une loi de 2000 portant statut de l’opposition ; celle-ci institue une qualité et exige que cette qualité soit prise en compte dans le protocole d’Etat lors des cérémonies et des réceptions officielles. Au nom de cette loi, le chef de file de l’opposition devrait voir sa qualité et sa personne invitée et nommée par exemple au sommet de la Francophonie (passé), au sommet des Chefs d’Etat africains sur l’emploi (passé) ; à la cérémonie d’ouverture du FESPACO (à venir), aux différentes réceptions ou cérémonies lors de l’arrivée de chefs d’Etat ou de personnalités...

Mais pour que cela soit, il faut bien un décret ou un acte réglementaire qui désigne le rang protocolaire du chef de file de l’opposition. Une fois ce décret pris et respecté, vous vous rendez bien compte (monsieur Ouédraogo) qu’il faut une adresse juridique et réelle pour permettre au protocole d’Etat d’envoyer au chef de file de l’opposition ses courriers et invitations.

Et ne vous avisez pas de dire (M. Ouédraogo) que le chef de file de l’opposition a une adresse à l’Assemblée nationale comme vous ou qu’il peut recevoir ses courriers au siège de son parti parce que la loi que vous avez vous-même citée autorise que le chef de file de l’opposition ne soit pas un député et que son parti n’est pas chef de file de l’opposition. Le chef de file de l’opposition est donc distinct de son parti et d’un quelconque statut de Député même si l’actuel est un député.

Vous serez certainement d’accord avec nous que de telles charges imposées à un chef de file de l’opposition et au protocole d’Etat mérite un "minimum d’organisation administrative". "Ce minimum d’organisation administrative" doit être institué au point qu’en 2007, si l’ADF-RDA détient la majorité parlementaire, le prochain chef de file de l’opposition bénéficie de ce minimum organisationnel et c’est ainsi qu’on aboutit à des "avancées démocratiques".

Ce combat mené par les partis d’opposition doit aboutir à un statut défini et respecté du chef de file de l’opposition et tous les chefs de file de l’opposition qui vont succéder en jouiront et le CDP doit être conscient que l’alternance au pouvoir signifie que son chef peut devenir le prochain chef de file de l’opposition. Et c’est en raison de ces hypothèses, que Me Gilbert Noël Ouédraogo a invité "toutes les sensibilités politiques confondues à faire de la question du chef de file leur affaire".

Il faut donc éviter de dire que l’opposition réclame un statut de chef de file de l’opposition ; elle réclame l’application de la loi portant statut de l’opposition y compris son article 13. Le mot statut désigne les effets juridiques attachés à une qualification ou à une institution (au sens étymologique du terme) et dès lors l’article 13 a institué et qualifié le chef de file de l’opposition, des effets juridiques doivent lui être attachés.

Qu’importe que ces effets juridiques soient portés par un décret, une loi ou même une simple pratique administrative, il s’agira bel et bien pour une raison pédagogique et méthodologique de parler d’un statut de chef de file de l’opposition. Les techniques juridiques nous ont toujours appris qu’une loi, pour être souvent bien appliquée ou bien comprise doit faire l’objet d’un texte d’application, dans notre cas le décret. Et si d’aventure le décret exigeait un arrêté, puis comme fondant "un statut" du chef de file de l’opposition.

Pour toujours solliciter votre compréhension (M. Ouédraogo), il existe bel et bien un statut de député, de ministre ou autre mais rendez-vous bien compte que c’est un ensemble de textes diffus à tous les niveaux juridiques (Constitution, lois, ordonnances ou décrets, arrêtés, règlements...) qui fonde un tel statut. Si donc, le chef de file de l’opposition a pu contribuer auprès du chef de gouvernement sur sa compréhension de la loi portant statut de l’opposition et obtenir de ce dernier des engagements fermes pour la mise en oeuvre de ladite loi, c’est dans une démarche tout à fait appropriée.

L’opposition est bien dans une logique de construction politique et démocratique par le juridique car comme nous l’enseigne Hegel et son disciple anglais Bosanquet "là où il n’y a pas de liberté politique, la liberté juridique ne saurait être véritablement en sécurité ... et c’est invariablement une violation des libertés juridiques qui amène à revendiquer une part dans les charges et les fonctions politiques hautement positives".

L’opposition sait donc ce qu’elle veut, elle veut conquérir le pouvoir d’Etat dans les règles de la République en jouant son rôle de revendication pour plus de démocratie, de dénonciation des ambiguïtés du parti au pouvoir, en participant aux élections et en offrant à notre pays une autre façon de gouverner.

Pour terminer, je me pose la question de savoir pourquoi notre observateur de la scène politique n’a pas eu le courage de s’interroger sur le fait que le pouvoir du CDP ait pris cinq (5) ans à n’avoir pas jusque-là pris le simple décret d’application de l’article 13 à savoir le décret modificatif du décret portant rang et protocole dans notre pays.

Un militant de l’opposition engagé

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