Actualités :: Présidentielle de 2005 : Comment sortir du populisme bon marché (...)

L’opposition partant pour la présidentielle de 2005, de manière claire et non équivoque, on est en droit d’attendre des visions différentes et des projets de société antagoniques.

Mais en cette entame d’année électorale, force est de dire que le discours usité est trop convenu et est surtout du déjà trop entendu. Loin de dénier à chaque parti d’engager sa campagne sur le thème de son choix, mais en martelant celui éculé du noircissement à l’excès du tableau-bilan du CDP, l’opposition donne raison à ceux qui pensent qu’elle n’a rien de mieux à proposer. A parler franchement, les sempiternelles récriminations ne font que discréditer plutôt toute la classe politique.

On ne va pas en politique exiger à un acteur de faire preuve d’un peu d’objectivité. Cela étant dit, on constate généralement que plus que de l’opposition, c’est le règne des propos haineux et des attaques d’ordre personnel et qui foulent au pied les valeurs de l’élégance et du droit à la différence. Le choix délibéré de verser dans ce style de l’acrimonie permanente, de la caricature et du populisme bon enfant pose un problème réel. Celui de la capacité de la classe politique burkinabè à créer et proposer des solutions pour sortir du sous-développement.

La dramatisation de la situation au travers d’un discours fondé uniquement sur la dénonciation cache à la vérité la carence de nombre, sinon de la quasi-totalité de leaders politiques à dire comment il faut s’y prendre. La logique de simplification des problèmes traduite par ces agressions verbales récurrentes augure d’une campagne de chiffonniers, aux antipodes des préoccupations réelles du Burkina Faso et de ses habitants. Lorsque se crée un parti politique, on s’attend à ce qu’il amène avec lui sa différence, son authenticité et sa capacité à communiquer dans un langage clair ses idées, sa démarche et ses propositions. De tout ça, rien du tout, sauf à tirer sur le CDP à boulets rouges. Si cela fait partie du débat, il ne saurait se réduire à ce remplissage des pages de quotidiens d’invectives frisant parfois l’outrage.

Multitude risible

Mais il faut bien exister et les partis politiques burkinabè pensent que leur crédibilité réside dans cette compétition féroce pour savoir qui est le plus "malcauseur" d’une multitude se donnant en spectacle. Peut-on logiquement penser que le changement se prône en mettant son adversaire politique plus bas que terre ? A la vérité, ce choix leur ôte toute crédibilité parce que le débat d’idées noble par essence, verse dans une sorte de "tabloïdisation”, les tabloïdes étant ces types de journaux anglo-saxons faisant dans le sensationnel et le raccourci de bas étage.

Les attaques d’ordre personnel, ces relations de haine que ceux censés gouverner entretiennent avec une désinvolture frisant l’irresponsabilité ne font qu’entretenir dans l’esprit de la jeune génération des confusions dommageables. Pareille attitude s’explique toutefois aisément si seulement on s’en référait au nombre des partis politiques. Plus de quatre-vingts officiellement recensés nous rappellent chaque fois, le ridicule de la situation.

Alors pour exister, nombre parmi eux croient à tort d’ailleurs que le meilleur moyen est de considérer que le pouvoir est un putsching ball. Ils se perdent ainsi dans des considérations spécieuses dont le comble de l’absurde est atteint par un parti ayant pour thème favori le clanisme et l’ethnicisme érigé en méthode de gouvernement.

Malheureusement, le CDP est le parti qui regroupe toutes les ethnies. Mais comment exister autrement sans ce discours agressif ?

Rien à proposer

La vérité de ce choix réside dans l’indigence créatrice des partis. Ils sont nés selon un principe simple, la soif de pouvoir et le refus de se fondre dans un grand ensemble. Les interminables scissions, les replâtrages et les naissances de partis de copains ou de coquins apportent cette preuve qu’en fait de partis, ce sont dans bien de cas, des sectes. Combien par exemple de partis sankaristes, sans qu’on puisse connaître leur différence et le sankarisme porté par chacun ? Pourquoi alors que cette foultitude critique à tout-va, est-elle incapable de se retrouver et de se regrouper dans trois ou quatre grands ensembles ?

En fait les querelles de leadership, sa propension à s’en prendre uniquement au pouvoir en place, traduisent au fond sa réalité. L’opposition cherche son moi et les appels au changement qu’elle porte tel un étendard se heurtent à son incapacité à éclairer son chemin. Le changement part d’un principe cardinal en politique, il n’est pas uniquement un concept encore moins une envie ou une intention. Il tire sa légitimité de la connaissance des dossiers essentiels et surtout de la prédisposition du candidat à porter un projet précisément défini.

L’énumération vue au travers du projet des premiers candidats déclarés ressemble à un catalogue et n’a aucun lien avec cette capacité à transformer l’existant. C’est justement parce que tous ceux qui pensent avoir la carrure pour gérer la cité n’ont pas d’ambition pour le Burkina Faso, qu’ils choisissent de faire des constats au travers de formules toutes faites. Certes, la campagne n’est pas encore lancée, mais sur ce que les premiers signes donnent, il y a un déficit d’idées novatrices.

Les généralités distillées n’ont malheureusement pas vocation à distinguer les uns des autres et partant à permettre d’opérer un choix. A défaut d’avoir ces éléments de choix, l’électeur n’aura pas d’embarras car il ne verra pas le changement.

Souleymane KONE
L’Hebdo

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