Actualités :: Koudougou : Des syndicats d’enseignants à couteaux tirés

Le climat se dégrade entre les militants du SYNATEB qui observent depuis le lundi 23 mai, un sit-in illimité pour exiger l’épuration sans condition de leurs avancements, et les militants du SNEAB, qui, eux, n’observent pas le mouvement. Protestant contre la mesure prise par les militants du SYNATEB de faire fermer les classes de gré ou de force, les militants du SNEAB s’en sont allés aussi observer un sit-in (sic) à la mairie pour exiger d’être protégés.

Le ton est encore monté d’un cran au troisième jour du sit-in des enseignants du primaire à Koudougou, entre partisans (militants et sympathisants SYNATEB) et non-partisans (ceux du SNEAB) du sit-in.

Les premiers ne démordent dans leur désir de voir bloquer tout le système éducatif afin, disent-ils, d’amener le gouvernement à leur prendre au sérieux. Comme le mardi, hier mercredi, on a assisté à des affrontements entre les militants de ces deux syndicats qui, pourtant, par moments, avaient lutté ensemble, côte à côte, dans une unité d’action. Ce qui fait que cet instituteur, nouvellement intégré dans le corps, ne comprend pas la position des militants du SNEAB à ne pas les soutenir.

"Nous sommes dans le même navire. Ils ne doivent pas se désolidariser de notre lutte. Même s’ils ne prennent pas part, compte tenu de la position de leur bureau national, ils ne doivent rien faire pour nous contrecarrer. Alors qu’en maintenant les écoliers en classe, même s’ils sont minoritaires, le gouvernement va percevoir cela comme une faille dans notre lutte et ne va pas s’engager à trouver des solutions".

Pour les militants du SNEAB, s’étant faits noter, ils avanceront. Réplique d’un enseignant : "Dans l’enseignement, nous sommes comme une famille. Ce n’est pas parce que tu as mangé que tu ne dois pas aider ton frère à trouver à manger".

De toutes ces positions, les responsables du SNEAB et certains militants n’en ont cure. Dans certaines écoles, ils ont voulu faire cours mais ont été empêchés par les brigades mobiles des militants du SYNATEB. A l’école Sud "A", les choses ont mal tourné et les manifestants ont été accueillis par des cris de railleries des élèves. Demeurant dans les classes, les élèves criaient qu’ils ne vont pas sortir et qu’ils veulent faire cours. Visiblement, ils obéissaient à des instructions de leurs maîtres.

"Les élèves ont été montés par leurs maîtres, nos propres collègues. C’est regrettable car, si on apprend aux élèves à ne plus nous respecter, nous éducateurs, où allons nous ?" Le courroux était total et chaque camp se donnait les raisons de sa position. Certains même étaient prêts à en venir aux mains et des menaces fusaient de toute part. Au prix de moult efforts, les manifestants ont réussi à vider les classes de cette école, "dernière bastion de la résistance contre notre cause", comme l’a qualifiée une dame.

Las et impuissants devant leur infériorité en nombre, les militants du SNEAB ont enfourché leurs montures, direction la mairie où ils comptent observer un sit-in, eux aussi, pour réclamer plus de sécurité et une protection afin de travailler. "C’est la mairie qui gère les écoles et c’est à elle de nous garantir la sécurité nécessaire", a lancé Issa Zoungrana, SG du SNEAB au Boulkiemdé, avant de démarrer en trombe sa moto.

Devant la maison communale, il a été rejoint par une vingtaine d’autres instits. Il nous a confié que "depuis le mardi 24 mai, les militants du SYNATEB ont envahi nos classes. La mairie, étant la responsable des écoles, devrait nous dire dans quelle condition on peut travailler. C’est leur droit le plus légitime de chercher des moyens pour améliorer leurs conditions de travail et de vie. C’est aussi du devoir de l’Etat d’évaluer ses agents. Si le SYNATEB est contre, c’est son droit le plus absolu.

Nous sommes dans un Etat de droit, la force reste toujours à l’Etat de droit. Il n’est donc pas question qu’il ait des affrontements entre nos militants et ceux du SYNATEB. Par conséquent, l’administration a l’obligation de protéger les agents sur leurs lieux de travail". Selon les militants du SNEAB, ils ne retourneront en classe que lorsque l’administration leur garantirait des conditions sécuritaires de travail. Il faut dire que cette donne réjouit les militants du camp adverse.

"Ils n’ont qu’à dormir dans les bureaux du maire jour et nuit, si ça leur chante, pourvu qu’ils ne retournent pas dans les classes", a indiqué une enseignante. Pour elle, les militants du SYNATEB se donneront les moyens de réussir leur lutte et tant pis pour qui se mettra sur leur chemin.

A Koudougou, les positions entre ces deux structures syndicales sont radicales et Luc Adolphe Tiao gagnerait à jeter un coup d’œil dans ce qui se passe dans le milieu de l’enseignement primaire, surtout que le mouvement est national.

Cyrille Zoma

L’Observateur Paalga

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