Actualités :: Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

Les Ouagalais passent et repassent sans se poser ou poser des questions sur les travaux qui s’effectuent à la Place de la Nation. C’est normal d’être indifférent à quelque chose dont l’existence n’affecte nullement notre quotidien. Mais l’actuelle Place de la Nation n’est pas aussi anodine que le laissent percevoir les apparences. L’évolution de son nom fait tiquer et ramène en mémoire, l’histoire de notre pays. La Place de la nation mesure environ 2,8 hectares. Elle est située entre le siège de la BCEAO au Nord, Camp Guillaume Ouédraogo au sud, le Mess des sous officiers à l’Ouest et la Caisse nationale de sécurité sociale ainsi que par la Caisse nationale de crédit agricole.

En fouillant des archives pour cerner un plus l’histoire de la place, nous sommes tombés sur un document publié dans les colonnes de L’Observateur Paalga du 2 au 4 septembre 1994. L’article est intitulé « Histoire d’une place » et signé de Lassina Simporé, actuellement Dr en archéologie, enseignant à l’Université de Ouagadougou et Conservateur du site de Loropéni.

La conquête de Ouagadougou par les colons français a commencé au niveau de cette place, alors site abritant le marché Rood-Wooko. Notre historien relate en effet : « Ce 1er septembre 1896, le lieutenant Voulet dont la colonne en marche sur Ouagadougou avait bivouaqué la nuit précédente à Goupana dans les environs de Paabré, dépecha un peleton de 8 tirailleurs sur la capitale du Moogo. Conduits par Biram Mossi, un gourounsi qui s’était engagé volontairement depuis Tombouctou, ces éclaireurs avaient pour mission de voir si le Mogh-Naba avait levé des troupes pour la défense de sa « ville ». Rien apparemment ne semblait avoir été fait.

C’est ainsi que les tirailleurs parvinrent jusqu’au marché Rood-Wooko où la vue des chéchias séma l’émoi parmi les marchands et clients. A ce spectable, le collecteur du marché de l’époque, le nommé Wanda, ancêtre de feu Compaoré Maurice Raagh Naba, se rendit immédiatement chez lui pour les préparatifs de guerre. Son cheval sellé, il prit son fusil et sans regarder ni devant ni derrière, se mit à la suite des tirailleurs qui s’en retournaient vers le lieutenant. (…)

A Tudub-Weogo (sortie Nord-Est), il descendit de cheval, visa, fit feu et abattit la monture d’un des tirailleurs. La riposte fut immédiate : armés de fusils plus perfectionnés, les envoyés de Voulet le cueillirent à bout portant ».

Il y a environ 115 ans, le Raagh Naaba était donc la première victime de la prise de Ouagadougou, et c’est de là que l’histoire de la Place de la Nation va connaître des « éditions » multiples en se moulant aux vicissitudes politiques du pays. Selon l’histoire, l’actuelle Place de la nation était déjà un lieu public à l’époque précoloniale. Avant la colonisation, la place était le siège du marché Rood Woko. C’est avec l’arrivée des blancs que le marché va déménager.

Pendant la période coloniale, elle portait le nom de Place d’Arboussier du nom d’un ancien gouverneur de colonie. Elle était le centre de la ville et servait de lieu d’organisation des cérémonies du 14 juillet.

En 1966, environ 25 000 personnel se sont rassemblée à cette place pour demander le départ du président Maurice Yaméogo et réclamer l’armée au pouvoir. La place prit le nom de Place du 3-Janvier en souvenir de ces événements.

A partir de 1983, elle est rebaptisée Place de la Révolution et ce en souvenir du 4 août 1983. Les révolutionnaires firent construire un monument signe d’hommage aux héros tombés sur le champ de bataille. La construction est facilitée par la Corée du Nord et a coûté environ 50 millions de F CFA.

La Fresque du mouvement traduit le caractère démocratique de la Révolution démocratique et populaire, l’alliance des classes du peuple, l’esprit de vigilance et de l’amour pour le travail libérateur ; le flambeau éclaire la marche du peuple et brûles les ennemis ; l’emblème du CNR est la synthèse des forces qui consolident la révolution.

Avec la fin de la Révolution, la place devient la Place de la Nation. Les concepteurs du réaménagement en cours feront une partition : Le Sud est réservé aux manifestations populaires. Les militaires gardent l’autre partie pour le recueillement. En effet, chaque 1er novembre, les corps militaires s’y rendent pour des hommages aux soldats disparus. Cette cérémonie se tient précisément au pied du monument de la Révolution. Avec la réfection, la Place de la Nation connaîtra une autre édition moulée dans l’histoire politique du moment en attendant que… !

Par M.N

Par Bendré

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