Dans notre édition n° 7709 du 6 septembre 2010, le compte rendu d’une conférence de presse organisée par le gouverneur de la région du Centre, Boureima Bougouma, donnait des éclaircissements sur les affaires de lotissement de Yalgré, et la demande d’érection en village d’une agglomération prétendument appelée « Zékounga I », dans la commune rurale de Tanghin-Dassouri, affaires dans lesquelles il a été mis en cause par des journaux de la place. Comme il fallait s’y attendre, les populations de la localité concernée qui contestent la version de l’autorité ont rencontré à leur tour le mardi 7 septembre 2010 dans leur patelin, les hommes de médias.
Contrairement au point de presse donné par le gouverneur du Centre en présence de ses collaborateurs, le jeudi 2 septembre dernier, c’est presque à un meeting que les journalistes ont assisté hier mardi dans le prétendu village de « Zékounga I ».
Le chef de l’agglomération en question, le Goug-Naba, dans un accoutrement que lui confère son titre, entouré de ses sujets, s’est adressé à l’assistance, mais plus aux acteurs de la presse venus entendre son son de cloche.
Hommes, femmes, vieux, jeunes et mêmes les enfants ; tous étaient tout ouïe pour comprendre l’histoire de leur représentant. De celui-ci, on retient, et il l’a d’ailleurs déjà consigné dans un bref historique signé de ses empreintes digitales et datant d’octobre 2009, que « Zékounga I » où tous les habitants vivent en parfaite harmonie et sont pour la plupart des descendants d’un même et seul ancêtre, dépend coutumièrement du Baloum-Naba et administrativement de l’arrondissement de Sig-Noghin dans la commune de Ouagadougou.
Un premier village qui porte le nom de Zékounga de San-Naba, a-t-il reconnu, existe, et relève coutumièrement du canton de Bazoulé et administrativement du département de Tanghin-Dassouri.
Des irrégularités cartographiques
Nionionsés et prêtres du Mogh-Naba de Ouagadougou, ils se seraient successivement installés à Gounghin, à Sansané, à Kilwin, à Rimkièta, à Zékounga de San-Naba et finalement à « Zékounga I » de Goug-Naba.
Ce dernier cité, a-t-il souligné, compte six quartiers dont Yalgré, dont la localisation et le lotissement posent aujourd’hui problème. Il serait limité à l’est par Bassinko et Yagma, à l’ouest par Zékounga de San-Naba et Gonsin, au sud par Silmiougou et au nord par Sabtinga.
Pour convaincre, deux photocopies de cartes de situation de la région du Centre et une autre de la commune de Tanghin-Dassouri, mises à la disposition des journalistes, présentent chacune sa spécificité et achèvent de livrer des contradictions flagrantes.
D’abord, sur la première datant de 2006 et comportant le logo et les références cartographiques de l’Institut géographique du Burkina (IGB), aucune trace de Yalgré. Ensuite, sur la deuxième qui présente les mêmes caractéristiques mais est datée de 2009, se situe Yalgré dans l’arrondissement de Sig-Noghin, dans la commune de Ouagadougou (Ce que les contestataires du gouverneur brandissent comme la carte authentique).
Enfin, sur la dernière qui ne comporte pas d’indications de l’IGB et datant de 2008, le village querellé figure en bonne place. Des témoignages sont venus étayer les propos du chef de village, balayant du revers de la main les arguments de Boureima Bougouma avancés lors de sa conférence de presse du 2 septembre.
Les termes parfois très durs sont naturellement allés contre le gouverneur et ses proches collaborateurs, accusant au passage le maire de Tanghin-Dassouri de vouloir diviser les frères d’une même famille.
Le locataire du gouvernorat, au cours du point de presse de la semaine écoulée, l’avait déjà indiqué, le dossier du lotissement de Yalgré et de l’érection de « Zékounga I » en village, daté du 3 novembre 2009 est en examen en haut lieu.
Les protestataires en ont été mis au courant, tout comme ils ont été informés de l’existence et du contenu du décret n°99-395/PRES/PM/MATS, portant conditions et modalités d’érection ou de suppression de village au Burkina Faso.
Pour la résolution du litige foncier opposant le département de Tanghin-Dassouri à l’arrondissement de Sig-Noghin, Boureima Bougouma a également eu à signer une correspondance aux principaux concernés, avec ampliation au MATD (ATCR) et au Haut-commissaire du Kadiogo.
Malgré ce qui est fait pour une issue heureuse de la crise, une agitation est animée par des leaders qui se disent brimés dans les deux affaires. Des réunions se sont tenues, sanctionnées par des procès-verbaux. De part et d’autre, les positions sont tranchées. Pourtant, il faut bien finir par trouver une solution. Force reste à la loi et pour sûr on y parviendra...un jour.
D. Evariste Ouédraogo
