Dans 48 heures, théoriquement, la Taxe de développement communal (TDC) entrera en vigueur. Pendant que la syndicats appellent à la mobilisation contre l’application de cette taxe, des citoyens ont décidé de se mettre à jour. A la mairie et à la division fiscale de Bogodogo où nous nous sommes rendus le lundi 29 mars dernier, on se bouscule devant les guichets. Mais, pour de nombreux citoyens, c’est juste pour éviter les tracasseries de la police...
Il est 10 heures tapantes lorsque notre équipe arrive dans l’enceinte de la mairie de Bogodogo. Nous trouvons dans la cour le maire, téléphone à l’oreille. Après avoir exposé l’objet de notre présence, il nous conduit au guichet où la TDC est payée. Là, nous trouvons une longue file d’hommes et de femmes qui attendent d’être servis. La fatigue, due à la longue attente, se lit sur les visages. Nous traversons quelques couloirs pour nous retrouver à l’intérieur du guichet. Sur une table, l’agent percepteur de la division fiscale de Bogodogo, Benjamin Sawadogo, fait face à une fenêtre ouverte par laquelle les gens sont reçus. L’autre table, au fond du bureau, est occupée par un autre agent, venu soutenir le premier. Au moment où nous nous entretenons avec l’agent Sawadogo, un vieux se plaint de notre présence, pensant que nous voulions lui griller la politesse. La tension est perceptible. " Nous sommes des journalistes venus recueillir des informations sur la TDC ".
Malgré cette mise au point, le vieux Ouédraogo ne se tait pas. La très forte affluence fait que le seul guichet ouvert à la mairie de Bogodogo ne peut faire l’affaire. Et cela provoque des scènes de mécontentement. Certains usagers, las d’attendre, repartent chez eux. Mlle Léaticia Ido et ses deux soeurs, venues tôt le matin pour payer la TDC à la mairie de Bogodogo, ont dû rebrousser chemin après plusieurs heures d’attente. C’est le cas aussi chez Mme Ouédraogo, arrivée à 10h à la division fiscale de Bogodogo pour payer ladite taxe. Elle a décidé de repartir, car découragée par le nombre de personnes et la lenteur du service. "Je vais payer la taxe en province où se trouve mon mari. Peut-être là-bas c’est plus facile.", nous a-t-elle confié. Afin de permettre aux usagers de s’acquitter rapidement de la taxe, deux agents sont annoncés pour venir renforcer l’équipe de la mairie de Bogodogo. Mais l’insuffisance des guichets reste le problème crucial.
Une forte affluence, des guichets insuffisants
Pour toute la commune de Bogodogo, 4 guichets seulement sont mis à la disposition des usagers à la direction de la police municipale, à la mairie de Bogodogo et à la division fiscale de Bogodogo (deux guichets). Afin de mesurer le niveau de l’affluence dans les autres guichets, notre équipe se déporte à la division fiscale de Bogodogo, située sur l’avenue Charles de Gaulle. Dans le hall, deux longues files d’attente s’offrent à nous. Des hommes et des femmes, certains débout d’autres assis, attendent devant deux guichets. En attendant son tour, on lit un journal ou on engage avec son voisin de qui on ignore tout, une discussion. Après s’être imprégnés de l’ambiance dans le hall, nous décidons de rencontrer le responsable des lieux, le chef de la division fiscale de Bogodogo, Benoît Zongo, pour avoir auprès de lui certaines données.
Grande fut notre déception lorsque celui-ci nous dit être incapable de nous donner les informations sur le nombre de persnnes ayant déjà payé la TDC, sans l’avis de sa hiérarchie. "Si j’ai un document du service de la communication de la DGI qui m’autorise à vous fournir les données, je ne vais pas hésiter à vous satisfaire", indique-t-il calmement mais avec fermeté. Malgré notre insistance, le chef est resté droit dans ses bottes. Au niveau des guichets, le service est très lent, de l’avis des usagers. Peut-être cela est-il dû à la coupure d’électricité. Certainement pas. Au moment où nous nous apprêtions à quitter les lieux, un homme venu pour s’acquitter de sa TDC dit avoir constaté un circuit parallèle de paiement : des personnes bien introduites collectionnent des reçus de moto qu’elles remettent aux agents percepteurs. C’est ce qui serait à la base de la longue file d’attente et de la lenteur du service.
2 millions par jour de recouvrement
Selon quelques données obtenues à la mairie de Bogodogo, le vendredi 26 mars 2010, le guichet de la mairie a enregistré au niveau des détenteurs de motos, 300 personnes et 67 personnes propriétaires de voitures venues s’acquitter de la TDC. Par jour, les 4 guichets de la commune de Bogodogo engrangeraient la bagatelle de deux millions de F CFA. Depuis une semaine, l’affluence est grandissante, selon les dires d’un agent. Il n’y a pas que les services fiscaux qui gagnent dans cette ruée sur la TDC. Les parqueurs, installés aux abords des services chargés de la collette de la TDC, tirent aussi leur épingle du jeu. C’est le cas de Issa Gouem, parqueur à la division fiscale de Bogodogo qui a vu ses recettes doublées en une semaine de 5000 à 12500 F CFA.
Dayang-ne- Wendé P. SILGA, Koyir Désiré SOME et Welman GUINGANI
Le Pays
