Actualités :: 8-Mars 2010 : Le pagne entre fonctionnalité et business

Communion d’ensemble, c’est la philosophie qui a toujours justifié l’existence d’un pagne du 8-Mars. Mais le business ne l’entend pas de cette oreille.

Pagneuses, robeuses ou jupeuses, les femmes animeront de leur chatoyance les festivités du 8-Mars cette année encore. Au thème choisi pour la célébration, le tissu désormais attaché à la journée de la femme a ravi la vedette. Partout dans les marchés et yaars, les ateliers de couture, les rues de Ouagadougou, le pagne est présent et anime le débat public. Si vous cherchez la place forte du business 8-Mars, allez à la cité An III de Ouaga. C’est le quartier général de ces pagnes aux motifs à fonds bleus ou rouges, frappés du logo de l’UNIFEM. 

Dans le voisinage de SAVATEX, la société qui les édite depuis quelques années, s’est constituée presqu’une rue marchande de ces uniformes dédiés à la fête. Empilées sur les motocyclettes ou vélos, les pièces de tissus attendent l’acquéreur potentiel. Les abords immédiats de la route ont été occupés depuis le mois de février. Peine perdue pour la police municipale qui a essayé de mettre de l’ordre dans l’affaire.

Reflet d’une pratique qui s’est greffée à une vieille tradition de l’usage du textile comme support de message, le phénomène est loin d’être une invention née de la seule volonté des femmes. Comme le souligne Clémence Ilboudo, secrétaire générale du ministère de la Promotion de la femme « Le pagne est entré dans notre culture depuis longtemps ».

En effet, au Burkina, chaque événement, de l’économique au religieux, en passant par le culturel, du privé au public, a son pagne : FESPACO, SIAO, SNC, JNP et bien d’autres événements tant nationaux que locaux sont matérialisés par l’impression d’un pagne, support de communication. En clair, le ministère en charge de la Promotion de la femme ne peut raisonnablement pas se démarquer d’un phénomène social devenu presque qu’incontournable.

« C’est dans une communion d’ensemble que nous avons intégré le port du pagne ce jour-là en tant que support », explique Mme Clémence Ilboudo pour qui, la motivation fonctionnelle de ces pagnes doit être privilégiée par rapport à toutes les autres considérations qui gravitent autour. « Le pagne du 8-Mars est comme tous ces pagnes événementiels.

C’est un support de plaidoyer. Si vous le regardez, vous verrez qu’il y a le thème de l’année et le logo UNIFEM qui a toujours été utilisé dans le cadre de la célébration. C’est dans cet esprit que le ministère permet à un particulier, à qui nous donnons le thème et le logo, de réaliser les pagnes ». Un argumentaire qui pourrait soulager tous les adeptes de la réflexion constructive qui devrait prévaloir dans toutes les commémorations.

Seulement voilà, le business qui s’est greffé autour du pagne ne l’entend pas forcément de cette oreille. A telle enseigne que le bazar et l’émotion créés autour des pagnes veut l’emporter sur la pertinence du pagne pour la journée de la femme. « C’est le prix-là surtout qui pose problème. Il y a des gens qui le vendent à 5000 FCFA. D’autres le vendent à 6000, au lieu de 4500 ou même 3000 F comme le REAL (NDLR : tissus imprimés venus du Nigéria ou d’ailleurs) », déplore Thérèse Kaboré, habitante du secteur 3 de Ouagadougou, membre de l’association des restauratrices.

Comme si ce vieux débat lié tant à la pertinence du pagne qu’à son coût dit prohibitif, ne suffisait pas, il fallait que vienne s’ajouter, cette année, celui du « rarissime » pagne jaune pour corser la polémique. Les amateurs de ce pagne rare se le seraient arraché à prix d’or, au mépris de tout protocole.

« On dit même que le jaune s’est vendu à 8000, 9000 même 10 000 francs », rapporte Béatrice Kaboré, du secteur 29 de Ouagadougou, relayant le courroux du tout Ouagadougou. « Avant-hier (NDLR : le lundi 1er mars), j’ai demandé le prix du pagne jaune au bord de la route, on m’a dit 8000F », confirme Rémi Naon, un commerçant de la cité An III.

Et pourtant, cette couleur, selon Hamidou Savadogo de SAVATEX aurait été livrée par erreur. Autour du pagne du 8-Mars, la polémique, est récurrente. Les arguments sont divers et controversés. Entre ceux qui pensent qu’on doit privilégier la réflexion au folklore auquel participe le pagne et ceux qui disent que toute joie a droit à son symbole, fut-il une pièce de tissu, il y a les autres : ceux qui plaident pour la baisse de son coût afin de le mettre à la porté de toutes les bourses.

Dans ce débat, le ministère de la Promotion de la femme se veut formel : « Nous ne le commercialisons pas. Nous ne pouvons pas intervenir dans la fixation du prix puisque nous ne savons pas comment le fournisseur du pagne s’organise, puisque nous ne le finançons pas.

Notre intervention se situe seulement au niveau du message », se défend la secrétaire générale du MPF, même si par ailleurs elle indique : « Nous avons quand même intervenu pour sensibiliser le commerçant afin qu’il fixe un prix social. Nous avons posé des conditions, en disant qu’il fallait faire en sorte que le pagne ne subisse pas les fluctuations du marché.

Et si vous observez, depuis des années, le pagne coûte toujours 4500 FCFA, alors qu’il y a d’autres pagnes événementiels dont le coût est de 6000 FCFA. Nous savons que le coût de réalisation peut être élevé, mais il s’agissait pour nous de voir dans quelle mesure le plus grand nombre de femmes peut y accéder ».

Cette thèse est attestée du côté de SAVATEX. L’idée d’un uniforme pour la célébration du 8-Mars ne serait pas née du ministère en charge de la question féminine. Selon une dame qui a préféré l’anonymat, les femmes s’organisaient à l’occasion de la fête pour sortir un uniforme. Jusqu’à la naissance du MPF, le choix se portait sur un pagne donné dont on lançait la commande auprès d’un importateur de pagnes.

Hortense ZIDA

Sidwaya

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