Actualités :: Taxe de développement communal (TDC) : Les Burkinabè ne croient plus en (...)

Depuis quelques jours, la Côte d’Ivoire et le Niger tiennent le haut du pavé dans les discussions de l’opinion publique nationale, qui ne manque de faire le parallèle rentre la situation dans ces deux pays et l’actualité politique burkinabè, dominée par le débat sur une éventuelle modification de l’article 37 de la Constitution. C’est dans ce contexte que la polémique autour de l’application de la Taxe de développement communal (TDC) a vu le jour, ravissant la vedette à tous les autres sujets avec l’avantage qu’il a d’être national.

Pour rappel, c’est le jeudi 28 janvier dernier que la mise en œuvre effective de cette taxe, instituée depuis la loi de finances 2008 par le gouvernement burkinabè, a été annoncée par le maire Simon Compaoré, au cours d’une conférence de presse, avec la précision d’un délai fixé au 31 mars 2010 pour l’acquisition des vignettes. La TDC se veut une solution pour financer le développement local en ce sens qu’elle est une taxe locale dont le recouvrement doit venir augmenter les capacités d’intervention des collectivités. Cette annonce a donné lieu à un véritable débat, qui a mis aux prises citoyens et autorités politiques par presse interposée.

Pour une bonne partie de l’opinion publique nationale, cette taxe est une double imposition parce qu’elle est déjà perçue sur les produits pétroliers et que son application n’entraînerait pas une baisse considérable du prix du carburant à la pompe. L’édile de la capitale, président de l’Association des municipalités du Burkina (AMBF), s’en défend en expliquant qu’il s’agit d’« une revendication des communes pour les communes », une mesure d’accompagnement de la communalisation intégrale, puisque les montants recouvrés seront entièrement reversés aux communes.

Quoi qu’il en soit, l’on aura constaté, le mercredi 24 février 2010, que la Taxe de développement ne rencontrait pas d’échos favorables au sein de la population, qui s’est fortement mobilisée pour la marche de protestation à l’appel des syndicats. Une fronde généralisée qui n’est pas sans rappeler le sort réservé à l’imposition du port du casque, les émeutes en moins pour le moment. Et l’on peut s’étonner que l’on fasse autant de grabuge pour « si peu ». Ainsi, le retour de la vignette, qui n’a pas laissé que de bons souvenirs, ne fait pas beaucoup d’heureux.

En réalité, si les gens renâclent à payer, ce n’est pas tant en raison du montant de cette taxe que de l’incertitude quant à l’utilisation qui sera faite de cet argent. Le déficit de confiance entre gouvernants et gouvernés est tellement abyssal que les Burkinabè ne misent pas un kopeck sur le principe que 40% de l’argent est affecté à la commune qui le collecte et les 60% sont reversés dans un compte intitulé « Compte de solidarité communale ».

Les gens sont blasés et convaincus que l’argent récolté va servir plutôt à engraisser certains responsables. C’est la faute aux dirigeants si une telle situation s’est installée. Les deniers publics sont l’objet d’une mauvaise gestion et détournés à des fins personnelles, le pays souffre d’une corruption aigüe, et rarement l’autorité a sanctionné de gros poissons quand bien même les faits sont avérés.

Le déficit de confiance est donc criard entre gouvernants et gouvernés. La différence de pouvoir d’achat et de mode de vie a fait apparaître deux pays des hommes intègres : un Burkina de Ouaga 2000 et un autre de Taabtenga (quartier non loti situé dans la périphérie Est de la capitale). Ces deux Burkina, parfaitement opposés, évoluent de façon parallèle, les villas cossues du premier tranchant avec les ghettos du second, qui est à l’image des autres zones non loties.

Ce qui fait dire à d’aucuns que si tu nais pauvre sur la terre des hommes intègres, il y a de fortes chances que tu meures pauvre ; entendez par là que les portes de la réussite sociale s’ouvrent beaucoup plus aux riches qu’aux indigents. Les simulations effectuées indiquent que la majorité des « contribuables burkinabè » auront à payer entre 1000 et 2000 F CFA pour les engins à deux roues et entre 7000 et 10 000 F CFA pour les véhicules. Alors que parmi les croquants de la TDC, il en existe dont la somme qu’ils doivent débourser ne représente même pas le prix d’une journée de bière et de brochettes.

Le problème, c’est donc moins le montant de la taxe que le principe même de son payement. Malheureusement, on voit mal comment la tendance actuelle peut être inversée, et le manque de confiance, effacé des mentalités. Certes, force reste à la loi et le civisme fiscal est un devoir, mais il faut pour ce faire que le citoyen puisse accomplir son devoir civique fort du crédit qu’il accorde à ses administrateurs. Avec la vie chère, les gens croulent sous le poids des problèmes, et le scepticisme gagne du terrain.

Il faut pourtant contribuer. N’oublions pas que l’aide publique au développement est le produit de taxes et impôts des citoyens des pays occidentaux. Et nulle part au monde, on ne paye l’impôt ou les taxes en riant, car on a l’impression de se faire écorcher à vif. Alors il faut qu’on apprenne à casquer pour ne pas demeurer dépendant d’un quelconque soutien extérieur, car comme le dit un adage bien de chez nous : « Si on te lave le dos, frotte-toi le ventre. » Mais encore faut-il pouvoir croire en la destination finale réelle de l’argent que l’on va sortir d’une bourse déjà bien maigre !

Par Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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