Ce groupe de commerçants interpellent le maire de Ouagadougou sur la gestion des boutiques, hangars et étals par les associations et syndicats de Rood Woko. Tout ne se passerait pas, selon eux, dans les règles de l’art.
Il nous plait de vous adresser la présente correspondance en votre qualité de premier responsable de la gestion des équipements marchands de la ville de Ouagadougou. Tout en vous exprimant nos sincères félicitations pour votre disponibilité à trouver des réponses satisfaisantes aux doléances des commerçants, il nous semble opportun d’attirer votre attention sur quelques points en rapport avec le marché Rood Woko.
Dans la droite ligne de votre engagement en faveur d’une gestion participative de Rood Woko, les organisations associatives et syndicales de commerçants présentes sur le marché ont été mises à contribution pour l’attribution des boutiques, hangars et étals. En tout, ce sont 406 espaces qui ont été accordés à une dizaine d’associations et de syndicats dans ce cadre.
Si cette démarche a pu être salutaire en ce qu’elle a permis aux commerçants de prendre pleinement part au processus de réouverture de Rood Woko, force est de constater aujourd’hui qu’elle a donné lieu a des dérapages. Des divergences de points de vue entre membres des associations et l’autocratie de certains dirigeants d’associations et syndicats dans la gestion de ce “ pactole ” ont parfois été si fortes qu’elles ont même sérieusement entamé le bon fonctionnement de plusieurs organisations. Aujourd’hui, rares sont les responsables d’associations et de syndicats qui peuvent faire le point de la gestion de ces hangars et boutiques à leurs membres. C’est pourquoi, Monsieur le Maire, nous nous référons à vous avec le réel espoir de recevoir quelques éclairages afin de mieux comprendre ce qui s’est passé. Les associations et syndicats vous ont-ils fait un rapport sur les modalités de répartitions des hangars et boutiques qui leur ont été accordés ?
Si oui, en êtes-vous satisfait ? Et dans le cas échéant, quelle attitude avez-vous adoptée ? Monsieur le Maire, nous commerçants, pouvons vous affirmer que l’une des raisons de nos poussées répétées de colère à Rood Woko vient du manque de transparence dans ce volet de la gestion de Rood Woko. Nous sommes en colère contre certains responsables d’associations et de syndicats qui ont pris en otage ces boutiques et hangars au détriment des membres de leurs associations, parce qu’ils ont vu là une opportunité pour s’enrichir. Nous avons des raisons de croire que plusieurs hangars, boutiques et étals ont déjà été vendus, en violation du point 5 de l’article du contrat signé par chaque locataire et qui stipule : “ L’emplacement est attribué à titre précaire et révocable. Ainsi, il ne peut être ni sous-loué, ni cédé ”. Une prescription reprise par l’article 9 du Règlement intérieur de Rood Woko en ces termes : “ En aucun cas, l’attributaire d’un emplacement ne saurait être considéré comme propriétaire de l’emplacement. Par conséquent, il ne peut ni le céder, ni le sous-louer.”
Grâce aux recettes générées par ce trafic illicite, certains ont déjà changé de moto, d’autres sont en train d’achever leurs chantiers de construction qui avaient été interrompus de longue date. Grâce à cet enrichissement soudain et important, certains ont même décidé de faire revenir au foyer leurs épouses qui avaient dû s’en aller parce que les temps sont durs.
Monsieur le Maire, nous ne sommes point animés d’un quelconque sentiment de jalousie. Mais la colère, nous la ressentons et souhaitons que vous la compreniez, en invitant les responsables incriminés à faire la lumière sur nos préoccupations. En effet, nous avons l’impression d’avoir été utilisés par des personnes peu scrupuleuses qui n’ont pas hésité à nous marcher dessus. Par ailleurs, nous sommes fondés à croire que ces vendeurs de boutiques de Rood Woko sont persuadés qu’ils jouiront d’une impunité à toute épreuve. Certains tiennent des propos du genre “ entre Simon et nous, personne ne doit croire qu’il peut mettre le doigt ”, ce qui laisse croire que vous êtes non seulement au courant de leurs pratiques, mais en plus, vous la cautionnez. Conséquence, c’est sans gêne qu’ils exhibent fièrement leur nouvelle fortune.
Mais nous osons croire que nous sommes dans un Etat de droit, dont les règles s’appliquent également à Rood Woko. Parce que ce problème que nous évoquons aujourd’hui n’a pas été évoqué dans les travaux de la commission ad hoc mise en place en août 2009 pour résoudre les difficultés de fonctionnement de Rood Woko. Nous vous le soumettons par ce canal. Peut-être n’est-il pas le mieux indiqué, mais nous vous prions, par avance, de ne pas nous tenir rigueur sur la forme. Tout en vous réitérant notre foi en la commune de Ouagadougou pour une gestion satisfaisante de Rood Woko, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Maire, nos salutations distinguées.
Un groupe de commerçants
Le Pays
