Actualités :: Environnement : Halte aux “planticides”

La saison pluvieuse est la période idéale pour les Burkinabé, habitants d’un pays sahélien, de planter des arbres. Voilà des lustres qu’ils mènent ce combat contre l’avancée du désert. Le projet
“8 000 villages, 8 000 forêts” est une parfaite illustration de cet engagement national.

Et à chaque vacance, des plus hautes autorités aux simples citoyens, chacun met la main à la terre conscient que “celui qui plante un arbre a vécu utilement”. D’ailleurs, cette activité constitue l’abondante matière informative des médias ces temps-ci. Les colonnes des journaux, les plages des radios et des télévisions sont inondées de ces plantations d’arbres. A l’utilité, les organisateurs n’hésitent pas à adjoindre le spectacle de la médiatisation à outrance. A priori, tout camp de reboisement est salutaire. Mais l’euphorie semble faire perdre de vue la finalité de ces campagnes.

Celles-ci s’apparentent à des enterrements. L’on s’empresse devant les caméras et les photos à mettre en terre des plants et s’en aller. A ceux-ci de se débrouiller pour croître. Une fois la saison des pluies passée, c’est l’agonie pour de nombreux plants. Seuls les plus chanceux arrivent à survivre. Un tel abandon, peut-être innocent, conduit à un perpétuel recommencement. On a l’impression que ce sont les mêmes endroits qui sont reboisés. Or l’ambition de ces reboisements à tout vent est de reverdir le Sahel burkinabè. Des statistiques entendues çà et là indiquant des taux de survie au-delà de 50 % convainquent difficilement. Un suivi et une évaluation s’avèrent actuellement nécessaires pour canaliser tous les efforts consentis jusque-là pour venir à bout de la désertification. Les planteurs d’arbres pendant les vacances ne sont pas toujours des résidents des zones reboisées. Les autochtones des lieux à qui reviennent généralement les tâches de trouaison ne perçoivent pas toujours le bien-fondé des campagnes de reboisement.

Les plants n’étant pas entourés de grillage, ce sont leurs animaux qui y trouvent du fourrage frais sans qu’ils ne s’en émeuvent. L’échappatoire, “c’est l’affaire d’un tel” de plus en plus en vogue dans les villages ne saurait marcher dans ce contexte. Il faut donc trouver des initiatives pour responsabiliser les populations locales afin qu’elles protègent les périmètres reboisés et entretiennent les plants mis en terre. Plus d’un observateur a été surpris de voir les habitants de Ziga abandonner, mercredi 5 août 2009, les membres du gouvernement à leur reboisement des berges du barrage. Un tel constat n’augure pas des lendemains meilleurs pour les arbres. Cette attitude semble signifier leur non-adhésion. Il convient de rappeler aux populations locales qu’il ne sert à rien de planter des arbres si ceux-ci ne bénéficient pas de l’entretien adéquat. Quoique les organisateurs viennent de loin, leur implication est primordiale.

Le relais doit être de mise pour assurer une meilleure croissance aux plants. Au-delà des reboisements-spectacle avec fanfare et service traiteur, il faut inclure l’option d’amener tout paysan à s’approprier la campagne en plantant des arbres au milieu de ses cultures. Avec une telle trouvaille, l’agroforesterie a l’avantage de placer la paysannerie au cœur des campagnes de reboisement. La plupart de ces activités se menant également sur des sites communautaires, la contribution des municipalités ne sera pas de trop pour préserver cet investissement environnemental. A ce prix, le Burkina Faso se reverdira de façon optimale et homogène. Si des mesures ne sont pas prises à temps pour donner aux reboisements toute leur importance dans la politique environnementale du pays en interpellant tous les acteurs sur la portée de cette activité, les différentes campagnes seraient un lot de “planticides” où l’on porte des plants en terre et les laisser mourir.

Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)

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