Actualités :: Fête de la Tabaski : Les musulmans se saignent pour égorger le (...)

Si l’incertitude a toujours plané sur la date de la fête de Ramadan, ce n’est pas le cas pour celle de la Tabaski, communément appelée "fête du mouton". En effet, c’est demain mercredi 19 décembre 2007 que les musulmans du Burkina célébreront l’Aïd el Kébir. A 48h du rituel islamique annuel, nous avons fait un tour dans deux marchés de bétail de Ouagadougou pour s’enquérir du cours du mouton.

Combien de béliers sont égorgés dans la seule ville de Ouagadougou lors de la fête de la Tabaski ? Il faudra disposer d’une base de données fiables sur le nombre de ménages musulmans dans la capitale burkinabè pour répondre à cette interrogation.

Car, presque tous les chefs de famille qui ont un bon pouvoir d’achat sacrifient ce jour-là un mouton si bien que le sobriquet "fête du mouton" attribué à la Tabaski lui colle à la peau. Ce rituel n’est pas un fait du hasard. Il répond à un "référent historique".

En effet, selon Ismaël Tiendrébéogo, imam du CERFI et de l’AEEMB, qui s’est référé au chapitre (sourate) 37 du Coran, Abraham avait dit à Allah que s’il venait à avoir un enfant malgré son âge très avancé, il était prêt à le sacrifier pour lui.

"Et quand il a mis au monde son fils Ismaël, Dieu, pour éprouver sa foi, lui demanda de l’offrir en offrande. Pendant qu’Abraham s’apprêtait effectivement à obéir à l’ordre divin, une voix l’interpella. Il se retourna et vit un ange qui lui apportait un bélier".

C’est donc en souvenir de cet "acte de foi", de cet "attachement à Allah", que les musulmans du monde égorgent des moutons à la Tabaski. "Mais en réalité, le bélier n’est pas le seul animal recommandé. On peut sacrifier un chameau, un taureau ou une chèvre. C’est selon les moyens de chacun. Dieu ne charge pas une âme au-delà de ce qu’il lui a accordé", indique le jeune imam du CERFI et de l’AEEMB, Ismaël Tiendrébéogo.

De façon générale, en tout cas, en ce qui concerne le Burkina et la plupart des pays de la sous-région, les fidèles de la religion de Muhammad jettent leur dévolu sur le bélier. A l’occasion, les marchés de bétail refusent du monde et les commerçants font de bonnes recettes, à l’image de M.S., qui a empoché plus d’un million de FCFA en une journée.

Lundi 17 décembre 2007. Il est 15h au "Roums yaaré" (1) de Tanghin, secteur 23 de Ouagadougou. Des camions-remorques sont stationnés de part et d’autre de la voie bitumée. Juste à côté, les chauffeurs et les apprentis de ces bolides sont couchés sur des nattes ou dans des lits de camp.

Ils viennent de débarquer des centaines de têtes de bétail venues surtout de Dori, de Djibo, de Gorom, de Déou, localités situées au nord du Burkina et réputées pour son élevage qui constitue la principale activité des populations en majorité peules.

A l’entrée principale de ce marché de bétail, tout arrivant est assailli par des jeunes. Certains sont intéressés par l’engin pour le mettre dans un des parkings qui ont subitement poussé comme des champignons, d’autres, le plus gros lot, vous harcèlent pour vous conduire chez un commer... auprès de qui il aura des ristournes si toutefois le marché est concluant.

Ce sont les rabatteurs communément appelés "cocsaires" dans notre terroir. Le marché grouille de monde. Ça discute çà et là, on entend, dans le bêlement des moutons, des clients se plaindre puis se résoudre à négocier : "Vous êtes cher... On ne peut pas avoir à... ?".

Chacun peut trouver son compte selon le nombre de billets de banque qu’il a en poche et la catégorie du bélier qui l’intéresse. Les prix, qui varient entre 20 000 à 225 000 FCFA, connaissent une hausse à l’approche de la Tabaski. "Nous n’avons pas le choix, puisque les transporteurs augmentent aussi le coût du transport.

De 1000 FCFA par tête en temps ordinaire, il est pratiquement doublé quand vient la fête. Nous sommes donc obligés de revoir aussi nos prix sinon, nous n’aurons pas de marge bénéficiaire importante", souligne Yacouba Sawadogo, qui avait vendu 15 moutons au moment où nous l’avons rencontré. Malgré cela, il trouve que les affaires ne marchent pas. Mais l’espoir est permis, dit-il, demain (NDLR : Aujourd’hui, veille de la fête), les clients viendront massivement.

16h. Marché de bétail de Gounghin situé à la lisière du cimetière. Même ambiance, à la seule différence que l’ordre et la discipline semblent y régner. La raison : les responsables des commerçants ont demandé le secours de la police municipale pour dissuader les petits délinquants qui ont pignon sur rue.

Les prix des ovins sont presque identiques à ceux de Tanghin, comme si les commerçants s’étaient concertés pour donner des consignes fermes. L’adjudant Ousmane Diallo venait d’acheter un bélier à 75 000 F.

Mais avant d’embarquer, il est séduit par un autre. "Mon cœur balance", dit-il. Après hésitation, il opte pour le second. Celui-ci lui est vendu à 85 000 FCFA. De la poche de son survêtement, il sort une enveloppe contenant des liasses et en soutire 10 000 FCFA, pour compléter le montant déjà versé.

"Contrairement à l’année dernière, je trouve que c’est cher", déclare-t-il. Mamadou Barry du Syndicat des transporteurs routiers, lui, soutient le contraire et ajoute que le montant dépend de la provenance de la marchandise. Qu’à cela ne tienne, le constat est que les musulmans se saignent pour égorger le mouton de Tabaski.

Adama Ouédraogo Damiss

(1) : Marché de bétail en langue mooré

L’Observateur

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