Actualités :: Les droits de la femme burkinabè face aux coutumes

Avec l’adoption en 1989 du code des personnes et de la famille (CPF), code souvent qualifié de révolutionnaire, on pouvait penser que la femme soit libérée de tout blocage coutumier dans la jouissance des droits civils et civiques qui sont les siens.

Mais, la réalité est plus complexe qu’on ne pouvait l’imaginer qui conduit à toujours rechercher des évolutions ici et là.

En adoptant le CPF, le législateur a voulu trancher nettement contre les coutumes. Cette volonté franchement exprimée, peut aisément se remarquer dans plusieurs domaines sociaux touchant la femme. Il en est ainsi par exemple en matière de mariage où il est expressément prescrit que « le mariage résulte de la volonté libre et consciente de l’homme et de la femme de se prendre pour époux.

En conséquence, sont interdits : les mariages forcés, particulièrement les mariages imposés par les familles et ceux résultant des règles coutumières qui font obligation au conjoint survivant d’épouser l’un des parents du défunt, les empêchements et les oppositions au mariage en raison de la race, de la caste, de la couleur ou de la religion ». A la lumière de ces dispositions, on ne devrait plus en principe assister à des mariages forcés à des lévirats ou à des dons de filles en mariage.

La rupture d’avec les coutumes a été également affirmée pour les successions où le code prescrit que « le conjoint survivant contre lequel n’existe pas de jugement de séparation de corps passé en force de chose jugée, est appelé à la succession, même lorsqu’il existe des parents, ... ». Ce qui veut dire que la femme mariée ne devrait plus être écartée de la succession de son mari pour des incompatibilités avec la coutume.

La volonté du législateur de mettre fin aux coutumes qui sont incompatibles avec les droits de la femme reste incontestable. Mais, nul doute qu’en pratique, il y a un fossé énorme entre cette volonté affirmée et la réalité. Plusieurs années après l’adoption du code, on note encore, hélas, la pratique de certaines coutumes qui portent sérieusement atteinte à l’évolution de la situation socio- économique de la femme. Il y a encore des résistances à l’application de ces dispositions parce que touchant à des domaines sensibles où la coutume s’est longtemps installée.

En effet, dans certaines communautés, il est toujours mal perçu par exemple, de refuser la femme de son frère décédé surtout si elle est encore jeune. Il faut l’épouser pour préserver la famille. C’est le lévirat qui continue avec toutes les conséquences néfastes qui peuvent s’en suivre. De même, il y a encore bien de femmes qui sont écartées de la succession de leur mari défunt sous prétexte qu’en vertu de la coutume c’est plutôt la grande famille qui fait le partage.

Combien de projets de mariages continuent d’échouer parce que les prétendants sont de religions différentes ou d’ethnies différentes ? Combien de jeunes filles fuient-elles leurs familles parce qu’en vertu de la coutume elles sont promues à un homme d’un âge très avancé ?

A plusieurs niveaux et dans plusieurs sociétés, le poids des coutumes pèse toujours lourd, et est difficile à lever. Elles sont toujours influentes dans nos sociétés malgré les avancées instaurées par le code des personnes et de la famille. Pourtant, elles ne sont toujours pas les meilleurs repères ou guides sociaux particulièrement quand il s’agit de la question de la femme. C’est pourquoi, nous pensons plutôt qu’il n’est pas méthodique d’opposer systématiquement droits de la femme et coutumes.

Il faut plutôt rechercher une complémentarité entre ces deux concepts. Il faut mieux connaître ces coutumes rétrogrades pour enseigner les méfaits et inadaptations à l’évolution de nos sociétés aux générations actuelles. L’instruction coutumière ne devrait elle pas aider à la consolidation de la société plutôt que de la dégrader ?

Dr Mariama Hien
Lefaso.net

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