Actualités :: Robert Sangaré, Directeur Général du CENOU : « Nous sommes victimes de nos (...)
Robert Sangaré

Depuis quelques jours, le mercure est monté d’un cran à l’Université de Ouagadougou. Pour donner la lecture de la situation qui prévaut et les différentes réponses apportées aux revendications des étudiants regroupés au sein de l’ANEB, les autorités universitaires avec à leur tête le Pr. Gustave KABRE et les responsables des services rattachés (CENOU-FONER CIOSPB), ont rencontré la presse le 12 mai dernier.

A l’issue de cette rencontre, M. Robert SANGARE, le Directeur général du CENOU, a bien voulu nous recevoir pour évoquer les points de la plate-forme qui concernent directement son institution.

Monsieur le Directeur général, quelles sont les revendications de l’ANEB qui concernent directement le CENOU ?

Robert SANGARE (R.S) : Dans la plate-forme revendicative de l’ANEB, il y a essentiellement 3 points qui concernent le CENOU. Le premier point, c’est l’arrêt de ce qu’ils appellent le contingentement des plats dans les restaurants universitaires. En clair, l’ANEB estime qu’on ne doit pas limiter le nombre de plats à préparer dans les restaurants universitaires, donc on doit préparer à profusion.
Le deuxième point, c’est l’accroissement de la capacité d’accueil des restaurants universitaires et le troisième c’est l’accroissement de la capacité des cités universitaires et la construction d’autres cités.

Alors quelles réponses le CENOU donne à ces revendications ?

R.S : Sur le premier point relatif à ce qu’ils appellent le contingentement des plats, je peux comprendre qu’ils demandent qu’on augmente le nombre de plats proportionnellement à l’augmentation du nombre des étudiants.

Mais je ne crois pas que l’on puisse dire que l’on prépare chaque jour de manière illimitée, sans savoir combien de plats il faut. De manière pratique, ce n’est pas possible. Et deuxièmement, il faut savoir que c’est tout de même des marchés publics et un marché public a forcement des limites. Même dans le secteur informel, on contrôle ce qu’on prépare... Ce que je peux vous dire, même si ce n’est pas une règle écrite, on estime que dans un pays, il faut pouvoir offrir la possibilité au moins à un tiers des effectifs de pouvoir manger.

Si on prend le cas de l’Université de Ouaga s’il y a 35 000 étudiants, en partant du principe que chaque étudiant mange 2 fois par jour, on devrait pouvoir permettre au moins 11 000 à 12 000 étudiants de pouvoir manger chaque jour.
Cette règle ne peut être valable si on est sûr que du 1er octobre au 31 juillet, tout le monde mange au restaurant, or manger au restaurant universitaire est un exercice libre. Ce n’est pas obligatoire.

Ces étudiants viennent au campus quand ils veulent, selon qu’il y a cours ou pas, selon la densité des périodes... Il y a des périodes de basses fréquentations, des restaurants et des périodes de très forte fréquentation. Nous on essaie de réguler la restauration entre ces périodes. Actuellement, à Ouagadougou, nous préparons environ 15 300 repas par jour. De manière théorique, on peut dire que c’est insuffisant. Mais dans la pratique, ce n’est pas évident.

Tout simplement parce que, quand vous prenez par exemple le 1er trimestre, à partir du moment où les cours n’ont pas atteint leur vitesse de croisière, il n’y a pas beaucoup d’étudiants sur le campus. On vient tout juste pour s’inscrire et repartir... A cette période par exemple si au restaurant universitaire de Zogona, on prépare 5 000 repas, on peut se retrouver avec des restes importants. De janvier à mai par exemple, c’est la période où les cours sont assez denses. A cette période, nous préparons beaucoup. Au restaurant central, on peut servir rien qu’à midi, jusqu’à 10 000 repas. C’est des marchés prévisionnels et on régule en fonction des périodes d’affluence. Donc on ne peut pas dire qu’il y a rupture au niveau des restaurants. L’autre aspect, c’est que nous sommes victimes de nos innovations.

Vous verrez qu’au restaurant de Zogona, il y a six plats différents. Il est évident qu’on ne peut pas préparer ces six plats à la même quantité. Il y a ce que nous appelons le menu d’appoint, par exemple le tô. On ne peut pas préparer par exemple le tô en quantité industrielle, c’est difficile.
Si on prépare le tô, 500 plats par exemple, les 500 premiers arrivés vont se servir et ça va finir.
Mais, cela ne veut pas dire que la nourriture est finie au restaurant, il y a d’autres menus qui sont proposés.
Mais celui qui n’a pas eu le tô ce jour veut en faire un problème, non !

Même si vous allez dans un restaurant privé en ville, vous pouvez ne pas trouver ce qu’il y a sur la carte de menu... Ce qui ne veut pas dire que le restaurant est mauvais ou qu’il n’y a plus de nourriture dans ce restaurant... finalement, je me demande si nous n’avions pas eu tort d’innover en proposant des menus au choix. Parce si on préparait du riz pour tout le monde, personne n’allait trouver à redire. Si c’est ça que les étudiants veulent, on peut revenir à cette formule. Nous avons voulu bien faire en diversifiant au maximum les menus.

Il y a aussi le fait que les étudiants qui sont dans les quartiers périphériques mangent à midi sur le campus. Le soir ils mangent dans leur lieu de résidence. On en tient compte pour préparer dans les restaurants hors campus. Vous comprenez pourquoi, il y a nécessité de réguler en fonction du nombre d’étudiants dans les cités. On planifie, donc on ne peut pas dire aujourd’hui qu’il y a des ruptures dans les restaurants universitaires.

Et la question de la qualité du repas ?

R.S : Je ne veux pas être prétentieux, mais je défie quiconque de dire que dans la sous-région, les autres étudiants mangent ce que les étudiants burkinabè mangent. En termes de rapport qualité/prix. Depuis 1997 le plat est à 100F.

Et chaque plat est composé d’un quart de pain, un plat avec un morceau de viande ou de poisson et un dessert (orange, banane, jus de fruit ou yaourt). Objectivement, on ne peut pas me dire qu’avec 100F, on peut trouver mieux en ville ou ailleurs.

Le plat revient à environ 600F à l’Etat. Les plats sont subventionnés par l’Etat. Mais l’étudiant paye 100F et cela depuis 10 ans, ça n’existe dans aucun pays. Il y a aussi l’équipement de nos restaurants. Les plus grands sont équipés de matériels modernes que n’importe qui peut venir voir. C’est ce qui nous permet de préparer plusieurs menus. Allez voir au Mali, il n’y a pas de restauration universitaire, au Bénin les gens préparent dans de grosses marmites avec du bois et c’est un plat unique... Les étudiants qui tournent dans la sous-région savent qu’en matière de restauration nous sommes mieux lotis que les autres. Donc, il ne faut pas exagérer...

L’autre question, on nous dit d’arrêter les mesures visant à limiter l’accès des étudiants aux restaurants. Mais je trouve que c’est une revendication qui n’a pas de sens. Moi je suis un EPA, je cherche l’argent. 75% de mes recettes internes du CENOU sont constituées par la restauration. J’ai quel intérêt à limiter l’accès aux repas ? Ça n’a pas de sens, je suis un gestionnaire. Quel intérêt j’ai à limiter l’achat des tickets restaurants ?
Nous vendons les tickets 4 jours sur les 5 ouvrables. L’ANEB demande à ce qu’on vende à tout moment les tickets, nous n’avons pas refusé !

Mais il y a des moments où les vendeurs se tournent les pouces. C’est quand il y a la bourse, ou le FONER, qu’on voit de longues files.
Mais, c’est comme vous les fonctionnaires, si vous partez en banque le 14 vous allez faire à peine 10mn mais si vous partez à la fin du mois, c’est autre chose. Ensuite, les travailleurs du CENOU ont aussi des droits, on a l’impression que nous qui travaillons au CENOU, on est corvéable à souhait...

Les travailleurs du CENOU sont des fonctionnaires qui ont des heures de travail officielles.
Nous avons 4 guichets, nous venons d’ouvrir un autre à la Patte d’oie. Donc personne ne peut dire qu’il souffre pour s’acheter des tickets de restaurant. En revanche, nous avons pris certaines mesures, parce que avec la complicité de certains étudiants, des personnes non-étudiants arrivent à manger au restaurant universitaire.

Quand un étudiant arrive pour acheter 50 000F de tickets restaurant, nous disons non. On s’est rendu compte que des étudiants revendent les tickets, puisqu’ils savent qu’il est difficile de contrôler.
Ensuite, on ne peut pas vendre tous nos stocks du coup. Quand un étudiant vient pour payer 50 000F, 100 000F de tickets restaurant, c’est suspect. Dans ce cas, nous lui demandons de payer pour un mois.

Il y a enfin les questions relatives aux capacités d’accueil des restaurants et des cités universitaires...

R.S : On est en train de construire à la cité universitaire de Kossodo, un restaurant ultra-moderne de 400 places assises. Ce restaurant est fini à 90%. Je vous invite à aller le visiter. Nous sommes en train de faire une extension du restaurant de Zogona. Comment, on peut dire que nous n’avons pas réagi !

Nous avons construit à Koudougou un restaurant, à Bobo, nous avons ouvert une chaîne supplémentaire. Il y a des projets en cours. Mais pour l’ANEB ce qui se passe à Koudougou ou à Bobo ce n’est pas leur problème. Mais, nous gérons un tout, ce n’est pas à Ouaga seulement.

Il y a aussi la cité de Kossodo, c’est un chantier de 4 milliards de FCF. Une cité de 800 lits, s’il vous plaît ! Je peux même dire que c’est la première cité universitaire du Burkina qui verra le jour. Avec tout ce que nous faisons, on continue de dire que rien n’est fait.
Face aux problèmes de logement, nous avons pris des bâtiments en ville. Mais ces bâtiments n’ont pas été construits initialement pour ça. Mais c’est le moindre mal.
Et c’est pourquoi, plusieurs chantiers sont engagés.

Au niveau social, on ne peut pas se dire aujourd’hui que rien n’est fait pour les étudiants comme je l’ai dit, nous avons beaucoup innové et c’est ce qui nous amène certains problèmes. C’est bien nous qui avons multiplié le nombre de restaurants, c’est nous qui avons amené la diversité des menus dans les restaurants... Le minimum que nos restaurants servent, c’est 2 plats différents, à Zogona, c’est six... En tout cas, sur le plan des œuvres universitaires, je ne pense pas qu’il y ait matière à créer une crise.

Il est aussi question des étudiants représentés dans le conseil d’Administration du CENOU qui n’ont pas accès aux cahiers de charges...

R.S : Non ! Il ne faut pas faire d’amalgame. Les étudiants sont membres du Conseil d’Administration du CENOU. Toutes les questions sont débattues et amandées en Conseil d’Administration. Et le Conseil d’Administration a été clair. Il est hors de question que des membres du Conseil s’immiscent dans l’exécution des marchés parce qu’ils ont un rôle de contrôle. Ce n’est pas le rôle des membres du Conseil d’Administration de vouloir jouer les intermédiaires.

Certains étudiants voulaient même faire partie des commissions d’attributions des marchés. Nous avons dit non ! il ne faut pas inverser les rôles... Ça ne se fait pas. Il ne faut pas jouer le rôle de l’Administrateur et de celui du directeur général en même temps ! ça n’a pas de sens... Il y a des règles qu’il faut prendre en compte.

Quel appel avez-vous à lancer pour conclure ?

R.S : Ce que je peux dire c’est qu’on est tous passés par l’université. Quand, c’est l’Etat qui offre, on a tendance à être exagérément exigeant. Dans la plate-forme de l’ANEB, il n’est pas question de la qualité des plats. Elle a posé un problème de limitation du nombre de plats. C’est bon qu’on sache ce que l’ANEB demande pour ne pas ajouter des choses qu’elle n’a pas demandé.

Malheureusement, nous avons lu certains écrits qui sont sortis hors de ce que l’ANEB demande. Ensuite, je pense que les petites insuffisances peuvent être corrigées. On n’a pas besoin de créer une crise pour ça.
Il ne faut pas radicaliser au risque d’arriver à des situations regrettables par tous. Les autorités restent ouvertes au dialogue, malgré les efforts faits par le gouvernement. Il faut accorder une présomption de bonne foi aux autorités.

L’excès de pression fait qu’on ne résout pas « posément » les problèmes. L’excès de pression ne résout pas les problèmes de manière durable.

Par Interview Ben Alex BEOGO

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