Actualités :: Revendications sociales au Burkina : Sortir de la culture du (...)

Les bras de fer qui opposent l’Etat et certains corps de métier montrent à l’envi le déphasage qui existe entre les textes et la réalité sur le terrain, au Burkina. Au regard de cette situation, n’y a-t-il pas lieu pour les autorités de trouver un modus vivendi avec les mécontents, au lieu de se lancer dans une campagne d’intimidations, de chantage et de diabolisation de l’autre, choses qui doivent être proscrites dans un Etat de droit où tous les instruments de règlement des différends existent.

En lieu et place de cette campagne entreprise d’un côté comme de l’autre, les pouvoirs publics gagneraient davantage à instaurer une politique de communication saine, débarrassée de tout préjugé, soutenue par une confiance réciproque et le respect mutuel. Les conflits sont la conséquence de frustrations longtemps accumulées, de promesses non tenues et du mépris de la hiérarchie pour la base.

Elle est la résultante de la culture du pourrissement qu’affectionnent certains responsables politiques et administratifs face aux revendications sociales, quitte à ce que celles-ci se transforment en conflits aux conséquences regrettables. Elles tirent leur origine de l’inapplication de textes qui existent bel et bien, mais dont la mise en oeuvre est repoussée indéfiniment. Il arrive aussi qu’une application parcimonieuse de ces textes engendre des différends.

Les manifestations de rue sont bien souvent l’expression des frustrations de certaines catégories de citoyens astreints au droit de réserve, donc à mourir en silence. Parce qu’il est bien connu qu’au Burkina, tant qu’un corps de travailleurs ne s’agite pas, il n’est pas pris au sérieux et les responsables peuvent marcher sans inquiétude sur ses droits les plus élémentaires.

La semaine passée, sur cette même page, nous nous interrogions sur le manque de prospective, sur l’absence d’anticipation des pouvoirs publics dans la gestion des crises sociales. La culture du pourrissement s’explique par la volonté de certains responsables administratifs à vouloir museler toute velléité de leurs agents dans le but de se faire passer pour des responsables qui maîtrisent leurs services par le sommet.

Pour être vus comme des hommes à poigne, ils n’hésitent pas à piétiner les droits de leurs agents. Alors qu’ils auraient obtenu de meilleurs résultats en créant, avec les mêmes travailleurs, de cordiales relations de confiance et de considération.

Pour les catégories de personnels de l’Etat soumises à un droit de réserve, pour ces catégories qui n’ont pas le droit de participer à une grève, il faut que l’Administration aménage des exutoires pour leur permettre de s’exprimer quand il le faut. Autrement, un jour ou l’autre, la cocotte-minute saute.

Dans un Etat de droit, il est presqu’impossible de bâillonner un homme, un groupe d’hommes, un corps, et de l’empêcher de revendiquer ses droits. On remarque le plus souvent que des ministres, des directeurs généraux laissent la résolution des crises sociales qui ont pris naissance dans leur département ou institution, à leurs subalternes.

Cette délégation de pouvoir devient dans de nombreux cas, malheureuse parce que lesdits subalternes ne peuvent qu’être des courroies de transmission, ce qui alourdit davantage le climat de méfiance et de préjugés.

La modernisation de l’Administration ne doit pas seulement se traduire par des ordinateurs en grand nombre dans les bureaux. La modernisation de l’Administration, pour qu’elle soit efficiente et pour qu’elle bénéficie à l’Etat et aux agents de l’Etat, doit être accompagnée d’une modernisation des structures de concertation, de négociation et de régulation des crises qui ne peuvent pas manquer de naître. La modernisation de l’Administration suppose une modernisation du dialogue social.

Par ailleurs, des textes autorisent certains corps à créer des syndicats. Or, un syndicat n’a de signification que s’il défend les intérêts matériels et moraux de ses membres. A quoi sert un syndicat dont les membres n’ont ni droit de manifester, ni droit de grève ? Au Burkina, on gagnerait à adapter les textes qui ont été écrits à un certain moment de l’histoire de ce pays, au contexte actuel. Ce faisant, on éviterait des conflits inutiles.

L’Administration a évolué. La nature des revendications sociales avec. Les structures de négociation doivent l’être également. Cela demande de la part des responsables, des capacités de prospective, d’anticipation, et plus d’initiatives dans la recherche de règlement des conflits.

"Le Fou"

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