Depuis mercredi 18 avril 2007, les demandeurs de sang se bousculent au Centre régional de transfusion sanguine (CRTS) de Ouagadougou devant des frigos (de la banque de sang) vides et des médecins impuissants face aux pleurs de parents de patients.
Au Centre régional de transfusion sanguine (CRTS) de Ouagadougou, devant les glacières alignées, une cinquantaine de parents de patients en détresse et désespérés attendaient le liquide rouge pour sauver leurs chers, le mercredi 18 avril 2007. Alors qu’aucune poche de sang n’est disponible en stock pour eux.
Tous les frigos de la banque de sang étaient vides. Des parents pleurent ce manque qui ressemble à « une mort programmée » de leurs malades. Une situation devant laquelle les médecins sont impuissants. « Le don de sang est volontaire, bénévole et gratuit mais la population ne le fait pas », a-t-on entendu au sein du CRTS.
Charles Dakouré est venu au CRTS chercher du sang pour sa sœur hospitalisée à l’hôpital Yalgado Ouédraogo depuis deux (2) mois. Du groupe B négatif, sa sœur souffre d’une anémie. « Elle a été transfusée de plus de 20 poches de sang, . Ces derniers temps, chaque fois qu’on vient chercher du sang on nous fait savoir qu’il en manque », souligne M. Dakouré.
Avant de dire qu’au départ, il ne croyait pas aux médecins. Il pensait qu’ils voulaient de l’argent avant de lui offrir le liquide précieux. Ainsi, un jour, de visu, les médecins du CRTS l’ont fait constater les différents frigos vides de la banque de sang.
« Tous les trois jours si ma sœur n’est pas transfusée elle s’évanouit. Mercredi (18 avril 2007), on était plus de 50 personnes à vouloir du sang au CRTS », affirme-t-il désespérement. Pour le chef de service de collecte de sang au CRTS, Samba Diallo, le centre connaît une difficulté d’approvisionnement. « Nous recevons impuissamment des parents de patients en détresse à qui il n’y a pas de sang à leur donner. S’il n’y a pas de donneur, nous sommes limités ». La plupart de gens donne leur sang lorsqu’un de leurs proches en a besoin.
De l’explication des spécialistes un homme bien portant peut donner son sang tous les trois (3) mois et une femme, tous les quatre (4) mois. De l’avis du Dr Samba Diallo, si 2% de la population de Ouagadougou (estimée à environ 1 million 500 mille) donnait son sang, il n’y aura jamais de manque au Centre régional de transfusion sanguine de Ouagadougou.
Un centre qui ravitaille l’hôpital Yalgado, la pédiatrie Charles De Gaulle, les CMA et les cliniques de la région sanitaire du Centre. Malheureusement, les dons de sang sont en-deçà des besoins. Les besoins sont estimés à plus de 1600 poches par mois, soit une moyenne de 60 à 70 par jour. Le collecte de sang par jour au CRTS est de 10 à 25 poches, très insuffisante par rapport à la demande quotidienne.
Des difficultés d’approvisionnement
Selon Dr Diallo, il faut que la population sache que si personne ne donne son sang, il n’y aura jamais du sang disponible. « Le don de sang est volontaire, bénévole et gratuit. Le centre ne fabrique pas de sang ». Outre la collecte du sang au sein du CRTS (site fixe), le centre en collaboration avec ses partenaires, organise des activités de collecte en sites mobiles.
Ainsi, il se déplace au niveau de certains établissements secondaires et universitaires pour des activités de collecte. Les élèves et étudiants sont reconnus comme les meilleurs donneurs de sang. Cependant, ces derniers temps, beaucoup d’élèves préparent leurs examen de fin d’année. Aussi, l’Université de Ouagadougou a connu des grèves ayant amené à la déprogrammation de certaines activités de collecte.
Pour disponibiliser le sang, le centre, à en croire Dr Diallo, a toujours effectué des activités de sensibilisation et de collecte dans les provinces comme Koudougou et Ziniaré. Les raisons souvent évoquées par ceux qui refusent de donner leur sang, sont entre autres, la peur de connaître leur statut sérologique lié à l’infection à VIH et aussi le fait de voir diminuer la quantité de leur sang et, pourtant selon M. Diallo, il n’ y a pas à s’inquiéter.
« L’objectif de la collecte de sang est différent de celui du dépistage au VIH. Aussi les médecins ne prélèvent le sang que lorsque la sécurité du donneur est garantie. Ils le transfusent lorsque la sécurité du patient est également garantie », précise M. Diallo. Par ailleurs, il invite la population à donner son sang afin de sauver des vies humaines.
Le centre rencontre des difficultés entre juin et octobre, note M. Diallo. Car c’est la période des vacances scolaires. Toute la population est invitée à un devoir de solidarité envers les patients.
« Tout le monde est un potentiel transfusé. Si nous sommes malades et les autres ne nous viennent pas en aident, c’est la mort », a conclu le chef de service collecte de sang, Samba Diallo.
Boureima SANGA
Sidwaya
