Actualités :: Hommage à Sanné Mohamed Topan, « homme intègre » et « honnête homme (...)

Il a été un « homme intègre ». Il a été le témoin privilégié et l’acteur des années révolutionnaires et post-révolutionnaires. Directeur de cabinet du président du Faso à deux reprises, ministre, ambassadeur. Sanné Mohamed Topan, qui vient de mourir (lundi 20 novembre 2023), était aussi un « honnête homme » au sens du mot au XVIIè siècle : culture ; qualités sociales ; vertus morales. « Honnête homme » dans un univers qui ne l’était pas toujours. Ce qui ne l’empêchait pas de faire ce qu’il pensait devoir faire, là où il était, pour le mieux être du Burkina Faso.

J’ai connu Sanné Mohamed Topan dans le Sourou. Drôle d’endroit pour une rencontre, mais qui ne saurait étonner : il en était le député. C’était le 1er octobre 1993. Vice-président de la commission des affaires sociales et culturelles de l’Assemblée nationale, il me recevait dans l’extrême ouest du Burkina Faso où était implanté un projet hors du commun.

Topan était Samo, ce qui signifiait qu’il ne cessait de chicaner les Mossi, qui le lui rendaient bien ; à Tougan, où nous nous étions retrouvés, il était chez lui. Mais nous étions allés au-delà, jusqu’à Di, à un jet de pierre du Mali. En bordure du Débé, affluent du Sourou, avait été implanté le projet d’Aménagement et de mise en valeur des périmètres irrigués du Sourou (AMVS). Une cinquantaine de garçons et filles, ayant reçu une formation universitaire, avaient quitté la ville pour y vivre une expérience de « colon ». Ils avaient une licence ou une maîtrise. Ils étaient juristes, économistes, informaticiens, agronomes, etc. Ils s’appelaient Frédéric, Mamadou, Estelle, Nandy (il n’y avait que six femmes sur le projet), Rachid, Raphaël, Hubert, Anatole, Abdoulaye, etc. Ils y croyaient. Ils voulaient que d’autres y croient avec eux.

La colonisation de la vallée du Sourou était un projet initié par le Fonds national pour la promotion de l’emploi (Fonape), dont le patron était alors Ousmane Jean-Marie Sourabié. Le Fonape visait à créer des emplois définitifs par l’autopromotion. Le Sourou en était un « projet-pilote ». Chaleur torride, lumière qui brûle les yeux, moustiques et serpents, fièvre qui gagne tout le corps, soif, bière trop chaude et Coca bouillant. A Niassan, en 1993, c’était la plus forte concentration « d’intellectuels » au mètre carré : 51 diplômés ! Une expérience, rien qu’une expérience ; mais aussi une formidable aventure humaine.

Député du Sourou après avoir été « pédago »

Le 1er octobre 1993, dans le Sourou, j’ai donc fait la connaissance de Sanné Mohamed Topan. Il en était le député et, coiffé d’un authentique chapeau scout dans la grande tradition du fondateur du mouvement Robert Baden-Powell (Topan avait été commissaire général national des scouts du Burkina Faso, président de la fédération burkinabè de scoutisme, coordonnateur de la sous-région ouest-africaine de 1986 à 1989), il m’avait fait découvrir sa région. En ces années 1990, c’était dans toutes ses composantes que la société burkinabè bougeait. Et Topan était un de ces hommes qui s’attelait à valoriser la seule ressource que possédait alors le Burkina Faso : la ressource humaine.

Son parcours en témoigne. Né le 1er janvier 1955 à Kiembara, dans la province du Sourou, à l’ouest du Burkina Faso, c’est là qu’il fera ses études primaires jusqu’à l’obtention du CEPE. Kiembara se trouve à mi-chemin entre Tougan et Ouhigouya. Mais c’est à Nouna, « capitale » de la province voisine de la Kossi, qu’à la suite de sa réussite au concours d’entrée en 6è qu’il rejoindra le Collège Charles Lwanga (CCL), du nom d’un martyr baganda (Ouganda) canonisé en 1964. Le CCL n’avait encore que quelques années d’existence (il avait été ouvert pour la rentrée scolaire de 1962) ; création des Frères des Ecoles chrétiennes de Saint Jean-Baptiste De La Salle, il prônait la discipline, l’amour du travail, la fraternité vraie entre élèves et éducateurs.

A dix-neuf ans, Topan sera admis, après concours, au Cours normal de Koudougou. Il se rapprochait de la capitale. Là il va décrocher son certificat élémentaire d’aptitude pédagogique (CEAP) et son certificat d’aptitude pédagogique (CAP) qui lui ouvrent les portes de l’éducation nationale. Il va alors débuter une carrière d’instituteur (1976-1984) puis de directeur d’école dans les provinces du Yatenga et de la Kossi. Il ne cessera pas pour autant d’étudier. En 1982, il obtiendra son bac et sera nommé professeur de CEG. Il sera affecté au lycée Philippe Zinda Kaboré, à Ouagadougou, en tant que surveillant, va décrocher une maîtrise en lettres modernes puis son CAPES. Voilà le « pion » promu professeur certifié dans le lycée où il a fait ses classes. Par la suite (1986-1990), il enseignera également au lycée Newton (établissement privé), à l’Université populaire africaine (UPA) – une structure éducative totalement gratuite placée sous la tutelle directe du syndicat enseignant SNESS –, à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam). Parallèlement, il sera nommé commissaire national pour l’Unesco où il sera adjoint au secrétaire général et correspondant national (1987-1995) de l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (Isesco).

Militant politique sous la Révolution puis la Rectification

Le 25 avril 1989, le capitaine Blaise Compaoré, président du Front populaire, chef de l’Etat, chef du gouvernement, va créer le poste de ministre délégué à la Coordination du Front populaire. Il y nomme Clément Oumarou Ouédraogo, un homme-clé du nouveau régime, secrétaire général de l’Union des communistes burkinabè (UCB), professeur, ancien recteur de l’université. Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique dans le dernier « gouvernement révolutionnaire » de Thomas Sankara (4 septembre 1987), il sera maintenu au temps du Front populaire (avec, en plus, l’enseignement secondaire) ; numéro trois du gouvernement après le commandant Boukary Jean-Baptiste Lingani et le capitaine Henri Zongo, il deviendra numéro un lors du remaniement du 21 septembre 1989 consécutif à l’exécution de ces deux têtes d’affiche de la Révolution (c’était le 18 septembre 1989).

C’était aussi le temps de la recomposition du paysage politique burkinabè après les bouleversements de la Révolution et de la Rectification. Le 15 avril 1989, plusieurs groupuscules marxistes-léninistes vont s’auto-dissoudre et rejoindre l’Organisation pour la démocratie populaire-Mouvement du travail (ODP-MT), qui deviendra le parti présidentiel. Parmi les « ralliés » aux militaires figurent notamment l’UCB de Clément Ouédraogo et des dissidents de l’Union des luttes communistes (ULC) regroupés au sein du PLP (Pour le parti). Le Groupe des communistes burkinabè (GCB) et l’ULC, quant à eux, resteront en marge de ce mouvement et, du même coup, leurs leaders ne seront pas reconduits au sein du gouvernement.

Sanné Mohamed Topan rejoindra Clément Ouédraogo nommé secrétaire général de l’ODP-MT mais également secrétaire chargé des affaires politiques du Front populaire. Il sera son directeur des affaires socioculturelles. Topan sera membre du CC de l’ODP-MT et de la coordination du Front populaire. Mais le 10 septembre 1990, le ministère délégué auprès de la Coordination du Front populaire chargé de la coordination de l’action gouvernementale est supprimé. Roch Marc Christian Kaboré entre dans le gouvernement au poste de ministre d’Etat (le 16 juin 1991, il sera en charge de la « coordination de l’action gouvernementale »). Exit Clément Ouédraogo. Et, une fois encore, la Révolution dévore les révolutionnaires. Ouédraogo sera retrouvé mort le 9 décembre 1991, assassiné dans une rue de la capitale. Son ministère ayant été dissous, Topan va rejoindre le Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST) en tant que chef de service des relations extérieures. Il assumera cette fonction jusqu’au printemps 1992.

Directeur de cabinet du président du Faso. Une première fois !

Le Burkina Faso a entamé sa métamorphose. Il y a, désormais, un Premier ministre qui est le chef du gouvernement mais aussi une Assemblée des députés du peuple qui a été mise en place à la suite des élections législatives du 24 mai 1992. 107 députés ont été élus (dont seulement 6 femmes). L’ODP-MT a conquis une large majorité : 78 élus. Arsène Bongnessan Yé en est le président et parmi les députés il y a là des personnalités historiques dont Joseph Ki-Zerbo, Gérard Kango Ouédraogo, Mouhoun Barry…

Le président du groupe parlementaire ODT-MT est alors Salifou Sawadogo. Parmi les élus ODP-MT, un jeune député de 37 ans : Sanné Mohamed Topan. Qui choisira de siéger à la commission des affaires sociales et culturelles. C’est alors qu’il est député du Sourou que nous nous rencontrons pour la première fois du côté de Tougan.

En 1994, au lendemain de la dévaluation du franc CFA, la primature est confiée à Roch-Marc-Christian Kaboré qui va former un gouvernement où les « libéraux » l’emportent sur les « pragmatiques » qui avaient assuré le passage de la Révolution à la Rectification, acceptant de jouer la règle du jeu international : PAS, privatisations, déréglementation, etc. On ne parlait pas encore de mondialisation. La métamorphose économique s’accompagne d’une métamorphose politique. En février 1996, l’ODP-MT, parti présidentiel créé en 1989, devient le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et se proclame social-démocrate. Du même coup, l’opposition libérale se regroupera en Alliance pour la démocratie et la fédération (ADF) sous la férule de Hermann Yaméogo, fils du premier président de la Haute-Volta et figure emblématique de l’opposition (même s’il participait au gouvernement avec le titre de ministre d’Etat).

La fin de l’année 1995 avait été difficile pour le premier ministre ; la presse ne manquait pas d’évoquer une « crise de confiance » entre le président du Faso et Kaboré. En septembre 1996, Topan est nommé directeur de cabinet du président du Faso. Il prend la suite de Elie Sarré qui assumait cette fonction depuis juillet 1992.
Le Burkina Faso va accueillir, en 1996, le XIXè Sommet France-Afrique. La dévaluation du franc CFA (en 1994) a été digérée tant bien que mal, mais le dialogue avec le FMI et la Banque mondiale est correct et le bilan d’exécution du PAS est « jugé satisfaisant ». Ouagadougou a gagné ses galons de bon élève d’une mondialisation dont Blaise Compaoré avait, avant le sommet France-Afrique, fixé les limites dans une chronique publiée par Le Journal du Dimanche (30 juin 1996). Topan, quant à lui, va être réélu député CDP pour la IIè législature. En 1998, le Burkina Faso poursuivra sur sa lancée internationale : il accueillera la XXIè Coupe d’Afrique des Nations de football en février et le 34è sommet de l’OUA quelques mois plus tard. Et puis il y aura le congrès du CDP, du 4 au 6 septembre 1998, qui désignera Compaoré comme son candidat pour la présidentielle du 15 novembre 1998. Pas une surprise. Son programme s’intitule « Les Voies de l’espérance ». L’opposition va, pour l’essentiel, boycotter ce scrutin. Compaoré l’emporte donc avec plus de 87 % des voix. Son slogan est « un avenir tranquille ». Il ne le sera pas. Le dimanche 13 décembre 1998, sur la route de la Sissili, non loin de Sapouy, le corps du journaliste Norbert Zongo est retrouvé calciné dans son 4 x 4. Une affaire criminelle qui va devenir une affaire d’Etat.

Ministre puis ambassadeur à Bamako

La présidence du Faso va avoir bien du mal à éteindre l’incendie malgré la multiplication des initiatives politiques (notamment l’instauration d’un Collège des sages). Tout au long de l’année 1999, le pouvoir va être confronté à l’assaut quasi quotidien de la société civile et d’une opposition rassemblée au sein du Groupe du 14 février (G-14) qui ne cessera de réclamer la démission du chef de l’Etat. Le premier ministre va devoir former un nouveau gouvernement chargé de « trouver des voies et moyens pour une réconciliation nationale durable, lutter contre l’impunité et poursuivre les efforts en vue d’un traitement rapide des dossiers de justice dans le strict respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire ».

L’ouverture sera limitée ; très limitée. Le gouvernement formé le mardi 12 octobre 1999 sera marqué principalement par un départ : celui de Salif Diallo (très proche et très ancien collaborateur du président du Faso) et une arrivée : celle de Boureima Badini comme Garde des sceaux, ministre de la Justice. Parmi la petite douzaine de nouveaux venus : Sanné Mohamed Topan. Il est nommé ministre de l’Emploi, du Travail et de la Sécurité sociale, le portefeuille que détenait celui qu’il avait déjà remplacé au cabinet du président du Faso (Elie Sarré).

Ce n’est pas pour autant que la mayonnaise va prendre. La situation sociale est tout autant détériorée que la situation politique. Et, déjà, en Côte d’Ivoire le sort réservé aux Burkinabè devient délicate. Ils sont 3 millions dans le pays ; 12.000 d’entre eux seront expulsés en deux semaines au cours du mois de novembre 1999. C’est « l’affaire de Tabou » où l’on pratique « la chasse à l’homme ».

Le 7 novembre 2000, Paramanga Ernest Yonli prendra la suite de Kadré Désiré Ouédraogo à la primature. Le gouvernement qu’il formera sera dit de « large ouverture » : huit partis politiques, dont cinq de l’opposition (mais pas de l’opposition la plus représentative), y participent. On parle d’une « crise politique et sociale ». Topan va céder son portefeuille à Alain Ludovic Tou (portefeuille désormais intitulé Travail, Emploi, Jeunesse) et prendre en charge les Relations avec le Parlement. Les législatives du 5 mai 2002 vont consacrer cette « crise » : le CDP n’obtient que 57 députés contre 54 pour l’opposition qui n’est pas parvenue, cependant, à s’unir. Topan est réélu. N’étant pas reconduit dans le nouveau gouvernement, toujours sous la responsabilité de Yonli, ce sera l’occasion pour lui de s’engager dans une nouvelle voie. Le 7 novembre 2002, il est nommé ambassadeur à Bamako (avec attributions pour la Guinée et le Niger). Il présentera ses lettres de créance le vendredi 25 avril 2003.

Comme un poisson dans l’eau au Mali

En 2003, ce qui préoccupe la région c’est la situation de la Côte d’Ivoire. Qui n’est pas sans interférer sur le Mali. Très proche de Djibrill Y. Bassolé, alors ministre de la Sécurité (et qui, à ce titre et à d’autres, a un œil – ou plutôt les deux yeux – sur la crise militaro-politique ivoirienne), Sanné Mohamed Topan va suivre avec attention l’évolution de la Côte d’Ivoire de Gbagbo. A Bamako, il n’est pas dépaysé. « Géographiquement, le Mossi se rattache au Soudan français et non à la Côte d’Ivoire » écrivait déjà le Mogho Naba de Ouagadougou lorsque le pouvoir colonial a entrepris, le 5 septembre 1932, de distribuer les cercles voltaïques aux trois colonies limitrophes : le Niger, le Soudan français (actuel Mali) et la Côte d’Ivoire. La province de la Kossi, où Topan a fait ses études, faisait partie du lot attribué au Soudan français. C’est ainsi que le pont-barrage de Markala, réalisé de 1934 à 1947 dans le cadre de l’Office du Niger, l’a été avec une main-d’œuvre voltaïque qui a payé un lourd tribut à cette réalisation. Les travaux infrastructurels et agricoles de l’Office du Niger, entrepris dans le cadre du « travail forcé », ont ainsi provoqué des implantations durables de populations voltaïques au Soudan français. C’est dire, et Topan ne manquait pas de le dire, qu’il est difficile d’identifier les Maliens d’origine burkinabè. « Partout où le Burkinabè s’épanouit et peut gagner sa vie en harmonie avec les habitants du pays hôte, il apporte sa contribution au développement » résumera Topan, à juste titre, sans jamais perdre de vue l’aspect « intégration régionale » (entretien avec Adama Ouédraogo Damiss – L’Observateur Paalga du jeudi 15 octobre 2009).

Autant dire que Topan sera comme un poisson dans l’eau au Mali. Et c’était tant mieux compte tenu de l’évolution que connaîtra ce pays au début de la décennie 2010. Sa longue implication dans le pays va être un atout pour la médiation menée par Ouaga dans le dossier de la « crise malo-malienne ». Dont il me dira, à la suite des « événements tragiques du 22 mars 2012 » qu’elle est devenue « une crise multidimensionnelle ». Plus de dix années de « coopération fructueuse mais tumultueuse vers la fin », m’écrira-t-il, ne vont pas entamer son amitié sincère (la sincérité est une des qualités majeures de Topan). « Le peuple frère du Mali, dans toute sa composante, m’a adopté et je ferai tout pour mériter sa confiance partout où je serai ».

Contre tout déni de l’Histoire. Quelle qu’elle soit !

C’est au cours de l’automne 2013 que Sanné Mohamed Topan quittera l’ambassade du Burkina Faso à Bamako pour céder la place au général Kodio Lougué. On ne pouvait pas imaginer qu’il soit cantonné (pour aussi noble que soit cette tâche de « représentant du peuple ») dans la seule fonction de député du Sourou et que ne lui soit pas confiée une tâche nationale opérationnelle. Le mercredi 22 janvier 2014, il sera de retour à la présidence du Faso comme directeur de cabinet (il prenait alors la suite de Assimi Kouanda) après de longues années au contact des populations de la région et, tout particulièrement, de la diaspora burkinabè, sans avoir jamais perdu de vue les hommes et les femmes de son pays.

Il sait alors les limites de la fonction mais n’est pas homme non plus, dans la difficulté, à ne pas apporter sa pierre à l’édifice commun. Et pour lui, cet édifice c’est le Burkina Faso. Et il sait aussi qu’au-delà des institutions essentielles, et de leur sauvegarde, ce pays doit rester celui des « hommes intègres ». Des « hommes intègres » dont plus de la moitié sont des femmes.

Au lendemain de « l’insurrection », le 27 novembre 2014, Michel Kafando, président de la Transition, président du Faso, président du Conseil des ministres, mettra fin à ses fonctions de directeur de cabinet du président du Faso. Quelques mois auparavant, au printemps 2014, nous avions dîné ensemble à Ouaga. Il avait évoqué alors très librement, mais avec la retenue qu’imposait sa fonction, la situation qui prévalait alors dans le pays. Il ne cachait pas que les décisions qui devaient être prises étaient risquées mais, me dira-t-il sans me convaincre pleinement, elles étaient un mal nécessaire compte tenu de la personnalité des uns et des autres et de la conjoncture économique, politique et sociale, sans oublier la conjoncture régionale.
Transition puis élection. Roch Marc Christian Kaboré et ses successeurs se sont empressés de laisser penser que l’Histoire du Burkina Faso commençait avec eux. D’autres ont pensé qu’ils avaient l’envergure pour réécrire l’Histoire en se donnant un premier rôle. Topan a été de ceux qui se sont démenés pour que, du passé, il ne soit pas fait table rase. Il n’était pas du genre à avoir la mémoire courte. Il l’a dit, avec véhémence, le 10 décembre 2021 à l’occasion de la conférence de presse qu’il a animée au sujet de la crise interne que traversait le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti présidentiel au temps de Blaise Compaoré.

En 2015, à l’issue du 7è congrès ordinaire, Eddie Komboïgo avait été élu président du CDP. Il n’était pas l’homme qu’il fallait à la place qu’il fallait. Topan évoquera « le massacre de tous les contradicteurs du président du parti ». La suite est connue. Le CDP n’a pas été en mesure de jouer le rôle qui devait être le sien sur la scène politique burkinabè. Komboïgo arrivera en deuxième position lors du premier tour de la présidentielle le 22 novembre 2020. Il recueille 15,54 % des suffrages contre 57,74 % pour Kaboré, déclaré élu. Peu de temps. Son second mandat va prendre fin avec le coup de force militaire du 23 janvier 2022. Kaboré démissionne. Et tombe dans les oubliettes de l’Histoire. Qui n’aime pas être méprisée.

Sanné Mohamed Topan est mort. Il serait irresponsable de tirer un trait sur sa contribution à l’histoire contemporaine du Burkina Faso. Sauf à vouloir que ce pays ait un présent mais pas d’avenir. Le déni de l’Histoire est, avec « l’enfermement » de l’information, le terreau dans lequel émergent les pires régimes. Il faut y prendre garde.

Jean-Pierre Béjot
La ferme de Malassis (France)
21 novembre 2023

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