En décidant de rapatrier son ambassadeur au Quai d’Orsay le mercredi 27 septembre 2023, Emmanuel Macron mettait fin à deux mois d’isolement de ce dernier et de ses collaborateurs qui, depuis le 25 août 2023, étaient sommés de quitter le pays. De retour chez lui, Sylvain Itté est quelque peu revenu sur ses derniers jours en République du Niger, pays désormais dirigé par les militaires avec à leur tête, le général Abdourahamane Tchiani.
De retour au bercail le mercredi 27 septembre 2023, Sylvain Itté disait être "heureux de rentrer en France après deux mois éprouvants, triste de quitter un pays et un peuple que j’aime et où nous avions tant de projets, notamment dans le domaine de l’éducation. Fier d’avoir fait mon devoir. Triste de laisser le président Bazoum toujours séquestré par la junte putschiste."
Reçu sur le plateau de TF1, l’ambassadeur a déploré la situation du Niger, soulignant au passage qu’il s’agit d’une affaire entre nigériens. "Ce putsch est d’abord et avant tout, il faut bien qu’on en ait conscience, une affaire nigéro-nigérienne entre un président qui avait décidé de lutter contre la corruption et un certain nombre de généraux qui ne souhaitaient pas que cette lutte contre la corruption aille jusqu’à son terme" a t-il laissé entendre.
S’exprimant sur les conditions de sa "prise en otage" le vendredi 15 septembre 2023, le président Emmanuel Macron disait ceci : "France...On empêche de livrer la nourriture. Ils mangent avec des rations militaires." Des propos confirmés par le diplomate, indiquant que l’objectif était de le contraindre à sortir de son trou. "Il fallait sortir les poubelles sans que nos amis de la junte s’en aperçoivent...Il s’agissait de faire rentrer de la nourriture, de l’eau, là aussi en faisant preuve d’ingéniosité...Très clairement, l’objectif était de me faire craquer et donc de me faire sortir" a t-il relaté.
Lire aussi : Niger : Le régime pense à de « futures relations avec la France »
En outre, il est revenu sur la manifestation du 30 juillet 2023 dirigée contre l’ambassade de France. "L’attaque a duré plus de 2h30. Ce jour-là, nous étions collectivement en danger et nous sommes passés très, très près du drame, parce qu’il y avait plus de 6 000 personnes qui étaient là pour en découdre, qui étaient là pour rentrer dans l’ambassade" a t-il rappelé.
Malgré tout, le diplomate se dit "fatigué après deux mois d’extrême tension, mais toujours prêt à continuer" sa mission.
Erwan Compaoré
Lefaso.net
Sources : Le Monde, TF1 infos
