ActualitésDOSSIERS :: Procès « Thomas Sankara et douze autres » : « Jugez le lieutenant Diendéré et (...)

« Faute de trouver des preuves matérielles pour me confondre, le parquet demande de me condamner à 20 ans de prison. Je suis devant vous non pas parce qu’il y a des éléments objectifs, mais des éléments subjectifs qui gravitent autour de ma vie privée, ma vie professionnelle et mon caractère entre autres », a déclaré le général Gilbert Diendéré, ce vendredi 25 mars 2022, lorsqu’il a pris la parole pour la dernière fois devant la Chambre de jugement du tribunal militaire.

Accusé d’attentat à la sûreté de l’État, de complicité d’assassinat par abstention, de recel de cadavres et de subornation de témoin dans le dossier Thomas Sankara, le général Gilbert Diendéré a confié avoir été entendu devant le juge d’instruction neuf mois et dix jours après son inculpation. « Il m’a sorti des éléments tirés du livre de Ludo Martens. Toutes les questions étaient relatives au contenu du livre. », se rappelle Gilbert Diendéré.

Poursuivant son exposé, l’accusé a martelé : « Aucun élément de ma vie privée ne m’a poussé à poser les actes dont on m’accuse ». Gilbert Diendéré a balayé d’un revers de main les allégations de la partie civile qui avait rapporté qu’il était « wacké » (protégé par des gris-gris) à tel point qu’il était impossible de le regarder droit dans les yeux.

Il a également déclaré que sa loyauté et sa fidélité envers l’ancien président Blaise Compaoré sont perçues par l’accusation comme des éléments constitutifs d’une infraction. « Quand j’étais lieutenant, je n’ai jamais considéré mon chef comme mon ami. C’est mon chef et je lui dois loyauté et fidélité. Être fidèle et loyal est-il un crime pour qu’on me condamne ? », a lancé Gilbert Diendéré à la Chambre de jugement.

Il a clamé haut et fort n’avoir pas donné d’ordre dans le cadre de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons. « Je ne peux pas endosser une responsabilité qui n’est pas la mienne. L’accusation veut juger le général Gilbert Diendéré au lieu de juger le lieutenant Gilbert Diendéré que j’étais à l’époque. Je n’avais pas les mêmes responsabilités », a déclaré l’accusé qui était commandant adjoint du centre national d’entrainement commando et responsable de la sécurité du conseil de l’entente.

A sa décharge, Gilbert Diendéré a rappelé à la chambre de jugement avoir fait de bonnes actions après la mort du président Sankara. Il a, selon ses mots, « plaidé » auprès de Blaise Compaoré pour que les compagnons de Sankara, qui avaient été enfermés dans le bureau de Hyacinthe Kafando, soient relâchés. Ainsi, Alouna Traoré, le seul survivant du carnage du 15 octobre 1987, Drissa Sow et Roland Ilboudo, tous deux responsables de la garde rapprochée de Thomas Sankara, ont été relâchés.

Gilbert Diendéré a dit avoir envoyé des éléments sécuriser les familles du commandant de la gendarmerie nationale de l’époque, Ousséni Compaoré, et Daouda Traoré, membre du bureau politique du Conseil national de la révolution (CNR). Et sur la détention de Nongma Ernest Ouédraogo, Moussa Diallo, Daouda Traoré et Abdoul Salam Kaboré, le général Gilbert Diendéré a laissé entendre qu’ils étaient détenus dans des villas carrelées, climatisées et ventilées, situées autour du conseil de l’entente.

Dans son exposé, le général Diendéré a prodigué un conseil au parquet militaire : « Si on t’envoie, il faut savoir t’envoyer. Je suis à la MACA (Maison d’arrêt et de correction des armées, NDLR), mais je suis au courant de tout ce qui se passe dehors ». Il a aussi remercié ses avocats d’avoir œuvré à ce qu’il soit « serein » au cours des débats.

Sur les conditions de sa détention à la MACA, l’accusé ne s’en plaint pas. Il a fait un clin d’œil à ceux qui assurent la sécurité de la prison, même s’il aurait souhaité qu’ils soient déployés dans des zones comme Sollé, Titao ou Pama où les populations ont le plus besoin d’eux. « Je voudrais exprimer mon soutien aux forces de défense et de sécurité qui se battent tous les jours contre le terrorisme. Je m’incline sur la mémoire de ceux qui ne sont plus et j’adresse mon soutien à ceux qui sont toujours là et qui se battent afin que le peuple burkinabè retrouve la paix et la sécurité », a-t-il conclu.

HFB
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