ActualitésDOSSIERS :: Procès « Thomas Sankara et douze autres » : « Si Sankara ne m’avait pas envoyé (...)

A la demande des avocats de la partie civile, la déposition de feu Salifou Diallo a été lue par le greffier en chef. Elle a été faite le 14 janvier 2016, devant le juge d’instruction. Au moment des faits, le défunt était conseiller politique du président Thomas Sankara.

Il raconte qu’à ce titre, le père de la révolution lui avait confié la mission de rédiger des documents portant sur trois points : la création d’un parti qui allait rassembler toutes les sensibilités de la révolution et dont il serait le secrétaire général, rendre les comités de défense de la révolution civils. Il a donc, après rédaction, présenté le document au président Sankara qui l’a amendé et lui a demandé de faire deux copies : une copie pour Blaise Compaoré et une autre pour lui même Salifou Diallo. Ledit document devait faire l’objet de discussions le 15 octobre 1987 à 16h.

Aux environs de 15h15, poursuit toujours le témoin, Kiemdé Frédéric serait venu le chercher pour la réunion. Le président Sankara le fait appeler, et lui dit de se rendre au domicile de Blaise Compaoré pour récupérer ses amendements avant de revenir à la réunion. Le témoin dit avoir enfourché sa moto et s’être rendu au domicile de Blaise Compaoré vers 15h40. C’est ce détour au domicile de Blaise Compaoré qui lui a sauvé la vie, soutient le témoin, sinon il serait parmi les victimes si il était allé au conseil avec Kiemdé Frédéric. "Si Thomas Sankara ne m’avait pas envoyé, je serais mort avec Kiemdé Frédéric puisqu’on était dans le même véhicule pour la présidence", confie-t-il.

Une fois au domicile de Blaise Compaoré, selon toujours Salifou Diallo, celui-ci est sorti le document en main, et était en train de lui montrer ses amendements lorsqu’ils ont entendu des tirs. Compaoré a alors demandé si ce sont des coups de feu. Lorsque la deuxième vague de tirs s’est fait entendre, tout le monde s’est mis à l’abri. Blaise Compaoré a alors affirmé que ce sont les éléments de Sankara qui tiraient sur les siens. Une assertion qui a intrigué le témoin, puisque Compaoré semblait surpris aux premiers coups de feu.

Quand les coups de feu ont cessé, Salifou Diallo dit avoir été envoyé par Blaise Compaoré au domicile de Étienne Traoré. Ne l’ayant pas trouvé, il est de nouveau envoyé chez Gabriel Tamini. Tous deux sont chargés d’aller aider les militaires à la radio à corriger leur communiqué. Une aide que ceux-ci auraient refusée, disant "qu’ils ont aussi fait l’école". Salifou Diallo affirme être resté à la radio jusqu’au lendemain 16 octobre.

Et le 16 octobre, Blaise Compaoré a organisé une réunion au cours de laquelle il a expliqué que les éléments de Thomas Sankara voulaient les attaquer, ils sont partis pour les arrêter et il y a eu des morts. Une thèse à laquelle croit le témoin, jusqu’à ce qu’il soit envoyé par Blaise Compaoré, remettre une lettre écrite à la main à un président africain que le témoin n’a pas voulu nommer. Le destinataire du courrier après lecture se serait exprimé en ces termes "c’est comme ça quand on s’attaque aux vieux. Il reste le batard d’Accra". Blaise Compaoré lui aurait intimé l’ordre de ne répéter ces propos à personne si il tenait à sa vie. Salifou Diallo a aussi dit dans sa déposition, ne pas être l’auteur des communiqués du front populaire et du discours de Blaise Compaoré. Il affirme que le premier communiqué du front populaire a été lu avant qu’il n’arrive à la radio le jour des faits.

L’audience a été suspendue après la lecture de la déposition de feu Salifou Diallo. Elle reprendra demain 11 janvier au tribunal militaire de Ouagadougou avec la déposition de Diallo Moussa et des autres témoins qui n’étaient pas disponibles. Les pièces à conviction seront aussi présentées avec la comparution des experts.

Le conseil de la famille Sankara, Me Prosper Farama, a par ailleurs informé le tribunal de ce que la famille ne va plus déposer au titre des victimes. L’épouse du président Sankara est souffrante et n’est pas sûre de pouvoir rentrer au pays au plus tôt. Quand aux frères et soeurs du père de la révolution, ils ont souhaité ne pas déposer devant le tribunal.

Armelle Ouédraogo
Lefaso.net

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