ActualitésDOSSIERS :: Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Bernard Sanou, l’officier qui a (...)

Ancien camarade d’école de Thomas Sankara à Gaoua et au Prytanée militaire de Kadiogo, le colonel-major Bernard Sanou était sous la révolution, le chef de corps du génie militaire. Il était aussi le chef de sécurité de la zone 5 (Ouagadougou était divisée en cinq zones de défense) qui était à Gounghin. Dans cette zone, il avait entre autres pour mission, la sécurité de certains points sensibles tels que la poudrière des forces armées, l’ONATEL, l’émetteur et la centrale électrique de Gounghin.

Témoin dans le cadre du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et ses camarades, il a déclaré avoir passé toute la matinée à l’hôpital le 15 octobre 1987. Souffrant de maux d’estomac, il y était pour une radio. Le chef de service des radios, le médecin-colonel Ouoba lui aurait suggéré un repos de deux semaines. Bernard Sanou lui aurait dit qu’il ne pourrait pas car il avait reçu une mission d’effectuer des travaux au niveau de la place de la révolution. C’est une fois sur les lieux, que son adjoint et lui ont été alertés par un soldat qu’il y avait des tirs du côté du conseil de l’Entente. En rentrant chez lui, il dit avoir vu des soldats en tenue bariolée, coiffés de bérets renversés.

A la maison, il recevra pour la première fois un appel téléphonique du commandant Boukari Lingani. « Il m’a dit qu’il est chez lui à domicile et qu’on lui a dit qu’il y a eu des tirs au conseil. Il m’a demandé de prendre des dispositions discrètes. Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de dispositions discrètes à prendre car la ville était en émoi. Je suis allé plus tard au génie militaire. J’ai pris les dispositions normales et nous attendions », a déclaré le témoin.

Il enverra par la suite deux jeeps escorter le colonel Abdoul Salam Kaboré pour le conduire au génie. Là, il recevra l’appel d’un officier subalterne de l’Escadron de transport et d’intervention rapide puis de Boukari Kaboré dit le Lion, commandant du Bataillon d’intervention aéroportée (BIA) basé à Koudougou. « Le lion m’a dit : ‘’Vous à Ouaga là, c’est quel bordel vous êtes en train de faire comme ça là.’’Je lui ai dit que nous ne savons rien du tout », a déclaré Bernard Sanou qui précise que quelques semaines plus tôt, il n’arrivait plus à contacter le Conseil de l’Entente car la liaison ne marchait pas.

« A 21h40, Lingani m’a rappelé. J’étais avec Abdoul Salam Kaboré. J’ai mis le haut-parleur. Il m’a dit calme toi. Il m’a dit que suite à une tentative d’arrestation, il y a eu des échanges de tirs. Et le président du Faso a été touché. Je lui ai demandé qui a dit d’arrêter qui et pourquoi ? Il m’a dit de me calmer et qu’il y aurait de plus amples informations le lendemain matin. Le Lion m’a rappelé et m’a dit : ‘’Ancien, prends les dispositions, j’arrive’’. Je lui ai dis : tu viens où ? Thomas est mort. Si tu viens à Ouaga, il y aura plus de 30 000 morts’’. A Koudougou, le lion avait quatre canons neufs qu’il avait utilisés lors de la guerre de Noël en 1985. », a déclaré le témoin qui craignait que l’assaut du Bataillon d’intervention aéroportée ne détruise tout sur son passage : le conseil de l’Entente, les ambassades, les concessions et services, etc.

Le 16 octobre 1987, lors de la réunion d’explications avec les chefs militaires, il est ressorti qu’après plusieurs rencontres et discussions entre les quatre leaders de la révolution, ceux-ci ne se seraient pas quittés en de bons termes. Thomas Sankara aurait claqué la porte. Le témoin se souvient avoir posé une question au Commandant Lingani. « J’ai demandé pourquoi ils n’ont pas associé d’autres personnes pour régler le problème puisqu’ils ne s’entendaient pas ».

A la question de la partie de savoir quelle lecture, il fait des événements du 15 octobre 1987 surtout que ceux qui ont fait le coup n’ont jamais été sanctionnés mais ont évolué normalement, Bernard Sanou a lâché « C’est une grande déception ». Pour lui le Centre national d’entraînement commando mis en place par Thomas Sankara avait une réputation qui faisait la fierté des Burkinabè. A l’en croire, si des assaillants devaient venir au génie militaire pour assassiner le président du Faso, ils auraient peut-être réussi leur coup mais il ne seraient pas sortis indemnes ».

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Photo : Jeune Afrique

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