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Sahel : « A qui profitent les discours antifrançais ? » s’interroge Guillaume Lafargue, journaliste indépendant

8 janvier 2020, 19:40, par Sidpassata Veritas

Ce journaliste français, Guillaume Lafargue, ne peut pas nous comprendre. Il regarde "leur afrique" depuis la France alors que nous, nous regardons notre Afrique depuis l’Afrique. Il ne peut pas comprendre que nous ne voulions plus de "leur france" ; la Françafrique.

- 1- Il parle de nous comme des enfants mineurs qui auraient besoin nécessairement d’un tuteur pour vivre, et il reste dans la guéguerre néocoloniale de la période des deux blocs. Alors pour lui, ceux ne veulent plus de "leur france" et son en train de se mettre sous la tutelle de la Russie. Il sous-entend ainsi que refuser "leur france" serait peut-être plus acceptable, si les auteurs d’un tel refus n’avait pas des amitiés russes.
- 2- Il reste dans une logique incroyablement anachronique, parce que selon son discours il pense que notre Afrique ne peut avoir de relation internationale qui ne soit de type coloniale, comme si notre destin est de rester indéfiniment sous aux autres, sans aucune capacité d’un partenariat d’égal à égal. En fait, il est profondément français et il ne comprend pas que c’est cette manière de vouloir toujours traiter notre Afrique avec en incapable majeur qui nous irrite. Nous avons clairement conscience que ni la Chine, ni la Russie, ni aucune puissance étrangère ne peut coloniser l’Afrique : si cela était possible, la colonisation occidentale n’aurait pas reculé sans même qu’il ait eu partout une véritable vague de guerres d’indépendance. l’Afrique d’hier a été un morceau difficile à avaler par la colonisation. Faute d’avoir voulu à tout prix en avaler un morceau, "leur france" est secouée d’indigestion et ne comprend pas ce qui lui arrive. Il suffit de cracher les morceaux indigeste (CFA, exploitations économiques injustes, politiques antidémocratiques infantilisantes...)
- 3- Pour illustre nos incohérences comme il le pensent, il évoque le fait que c’est le président malien qui a sollicité librement l’aide de la France pour éviter le cahot et que cela semble totalement ignoré par ceux qui développent un discours qu’il qualifie d’anti-français. Or il y a une différence entre "porter secours" à quelqu’un et "se faire le maître" de celui à qui on porte secours. Nous ne sommes pas dupes, et nous savons que nos chefs d’État n’ont pas beaucoup de marges de manœuvre, du fait même des incohérences et de l’irresponsabilité de hommes politiques africains au regard des aspirations profondes de leurs populations.
- 4- Le journaliste français a conclu son article avec une plaisanterie concernant la monnaie en posant la question suivante : Kémi Séba "souhaite-t-il aujourd’hui l’avènement du rouble CFA ?" C’est l’occasion de dire ici que la contestation du Franc CFA n’ouvre pas les yeux à "leur france" qui tente de saboter l’avènement de la monnaie de la CEDEAO. En effet, dans l’annonce de la réforme que le président ivoirien a faite avec le Macron à ses côtés pour signifier la réforme du Fr CFA est une haute trahison : l’ECO n’est pas la monnaie des pays de l’UEMOA. C’est le nom choisi par la CEDEAO dans le projet de sa monnaie. C’est donc une usurpation d’un nom qui n’appartient ni à la France ni à l’UEMOA pour faire capoter le projet intégrateur et libérateur de la CEDEAO. C’est cette france-là qui est "leur france" avec leurs traires locaux qui font leur sale boulot chez nous pour nous retarder encore et toujours. Pourquoi allons aimer cette france-là qui dit nous défendre et qui piétine nos grands projets ?
- 5- Pour répondre enfin à cet article et à tous ceux qui ne nous comprennent pas, je leur demande de noter que les peuples africains ne sont pas naïfs et que leurs opinions qui manifestent leurs aspirations sont longuement muris à l’épreuve de l’histoire géopolitique et celle des frasques des nos dirigeants inconséquents. Nous savons clairement les appétits qui motives les puissance industrielles qui viennent chez nous. Les africains d’aujourd’hui demandent que leurs hommes politiques leur rendent des comptes sur la gestion, la protection et la défense des intérêts communs de la nation entière. Que la France, la Russie, la Chine et tous ceux qui arrivent en Afrique aujourd’hui ne soient pas étonnés de cette revendication légitime des peuples. Il faut que cela entre dans les têtes que l’Africain d’aujourd’hui considère les pays du monde entier comme autant d’opportunités pour lui-même et sa nation. Il attend plutôt des partenariats équitables que des relations d’assujettissement. Voilà l’erreur de Macron et de tout ceux qui apprécient cette nouvelle attitude des peuples africains comme un discours ou un sentiment anti-français. Nous ne nous préoccupons que de l’Afrique et si cela ne plait pas à "leur france", qu’elle se retirer et laisse nos dirigeants face à leurs peuples pour assumer leur entière responsabilité. Nous sommes conscients qui la souveraineté a un coût que nous avons à payer pour notre monnaie, notre développement, notre défense, notre sécurité ...


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