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Situation nationale : Le Chef d’État-major général des Armées invite les populations à faire fi des rumeurs

22 août 2019, 05:13, par Atrap Le Moize

Ce communiqué est très maladroit et participe à créer, véhiculer et alimenter les doutes, craintes et peurs des populations. Chaque fois qu’il y aura des évènements de ce genre, il est normal que les populations devisent là-dessus, comme chacun a son propre entendement de la chose. Au lieu de vous préoccuper des conséquences à tirer d’une telle attaque meurtrière et penser à comment organiser la riposte, vous vous pourfendez en communiqué qui contribue à amplifier la psychose. Je vous conseille à l’avenir de vous abstenir à ce genre de réaction qui trahit un manque de confiance en vous.
Moi en ce qui me concerne, je ne vous blâme pas parce que je sais d’avance que quelle que soit la personne qui sera à votre place, la tâche sera pour elle ardue, délicate et ingrate. S’il y a un problème avec le moral de la troupe, l’origine vient de plus haut que vous. Le sentiment général des burkinabè est que ce pouvoir ne nous a apporte qu’un cortège de malheurs sans fin dont on n’espère pas entrevoir la fin, à moins que les dirigeants actuels ne changent. Ceux-ci contre toute attente ne changeront et on l’a constaté à maintes reprises quand on a espéré un changement. Nul ne pouvait se douter qu’après une telle insurrection de la jeunesse, décidée à rompre avec des pratiques qui devenaient abusives, un pouvoir qui succèderait à un tel évènement sera patrimonial. Le chef de l’Etat gouverne aves sa famille, proches et amis d’enfance comme si le Burkina d’aujourd’hui est un village ou quartier qui peut être dirigé comme il l‘était au lendemain des indépendances. Le pouvoir actuel a trahi les aspirations des populations, voire fait pire que le régime qui a été chassé. Les critiques n’y changent rien et le remaniement ministériel opéré a vu arriver d’autres proches amis et parents venus à la soupe à leur tour en guise de récompense. Comment alors ne pas être désabusé et perdre espoir ? Les maux actuels qui minent le Burkina sont connus :
  Il faut gouverner ce pays avec des compétences et non des affinités ;
  Il faut mettre fin au sentiment que seul un mossi peut devenir président dans ce pays alors qu’il y a plus de 70 ethnies qui toutes regroupées ne feront qu’une bouchée des mossis ;
  Il faut arrêter de créer des boucs émissaires et détourner l’attention des populations en stigmatisant un groupe ethnique ;
  Il faut mettre fin à ce faux air débonnaire, jovial et de suffisance qu’affichent certains responsables actuels de ce pays. Ils veulent faire croire que tout va bien dans le meilleur des mondes alors que c’est faux. Quand l’heure est grave, il faut aussi adopter les comportements qui vont avec ;
  Il faut envoyer sur le terrain la hiérarchie supérieure des FDS pour que les hommes reprennent confiance et ne se sentent pas délaissés, abandonnés ou sacrifiés ; Ces hommes refuseront toujours de combattre et pour certains, préfèreront prendre la fuite pour avoir la vie sauve s’ils n’ont pas confiance au régime politique en place et le sentiment que leur hiérarchie partage leur sort ;
  Il faut demander le départ des troupes françaises qui ne sont ici que pour espionner nos stratégies de lutte contre le terrorisme pour aller en retour équiper, renseigner et envoyer leurs pseudo-terroristes nous attaquer là où nos actions en cours ne sont pas. L’Armée Française n’est pas au Burkina pour nous aider mais pour mieux observer afin de nous nuire au maximum sur notre propre terrain. S’ils s’en vont, au moins on saura à quoi nous en tenir et avec qui on a à découdre ;
  Il faut mettre fin à l’impunité, à la discrimination et au favoritisme. Pourquoi d’autres vont en prison pour des faits présumés de gravité moindre (cas la Rama la Slameuse, même si je n’aime pas le personnage) alors que d’autres sont dehors et libres comme le vent avec des faits de gravité importante avérée (Jean Claude Bouda avec sa villa de Manga qui ne peut pas avoir été érigée avec ses revenus) ;
  Il faut mettre fin à la corruption et au favoritisme (même si celle-ci ne date pas de ce régime). Le cas du ministre des mines est patent. Pourquoi est-il toujours en poste et pourquoi il n’est pas écarté du pouvoir pour être mis à la disposition de la justice, le temps qu’il soit établi sa culpabilité ou non ?
  Il faut une justice sociale. Si on peut octroyer des avantages à certaines catégories socio-professionnelles, on peut le faire aussi pour d’autres. Nulle catégorie professionnelle n’est prépondérante et autosuffisante dans la fonction publique d’Etat.
Je pourrais continuer à lister les griefs qui pourrissent le climat social et sécuritaire de notre pays mais je m’en arrête là, car je sais que d’autres viendront compléter mon propos.
En conclusion, je ne crois pas à la classe politique actuelle, qu’elle soit du pouvoir ou de l’opposition. Le salut ne notre pays se trouve dans l’émergence d’une nouvelle classe politique qui aura le courage de rompre avec les pratiques connues jusque-là, qui ne font que nous enfoncer de jour en jour dans la misère, l’insécurité et le désespoir. Il faut qu’on ait le courage de balayer la classe politique actuelle et la remplacer par une plus jeune qui osera rompre avec les pratiques décriées des politiques qui n’ont fait que notre malheur afin d’espérer renaitre, sous une vraie indépendance, avec moins de boulets au pied et beaucoup d’espoir porté par des gens qui croiront véritablement qu’être africain noir n’est pas une fatalité.